REPORT DES ELECTIONS : QUAND « LAMUKA » SE TRAHIT A NOUVEAU

Tous les reports des élections décidés à ce jour par la Ceni sont préalablement passés par une consultation des partenaires de cette dernière qui en ont donné leur accord. Curieusement, certains de ces partenaires dont les radicaux de l’opposition (Lamuka) se rependent publiquement en contestations et condamnations qui, au fait, ne font que corroborer leur détermination à ne pas voir ce processus arriver à son terme au profit de leur plan « B » d’une transition de deux ans sans Kabila.

Après le cas de la ville de Kinshasa, la Commission électorale nationale indépendante (CENI) a décidé du report des élections, pour mars 2019, dans les territoires et villes de Yumbi (Maï Ndombe), Beni ville, Beni territoire et Butembo (Nord-Kivu). Motifs : insécurité, déplacement des populations, destructions des matériels et installations de la Ceni pour Yumbi ; Epidémie d’Ebola pour les villes du Nord-Kivu.

Comme avec le cas de Kinshasa, ce report a suscité une levée de boucliers dans le camp de l’opposition et d’une frange de la société civile à Kinshasa et à l’intérieur du pays, particulièrement dans les villes concernées du Nord-Kivu. Si le camp du Cach (Félix Tshisekedi et Vital Kamerhe), le propos a été à la détermination d’aller aux élections magré ce nouveau report, le camp de « Lamuka » et l’église catholique à travers l’Abbé Nshole, SG de la Cenco, les propos sont plutôt acerbes jusqu’à parler d’un agenda caché ou carrément d’une nième cabale du tandem Ceni-pouvoir pour faire éterniser ce dernier aux affaires. Pour ce camp, en effet, ce report n’est autre qu’une manière d’exclure l’Est du pays des élections – surtout la présidentielle – au motif que cette partie du pays serait acquise à l’opposition, entendez ici « Lamuka ».

 

Les anti-élections dans leur posture logique

Pour certains observateurs, cette configuration de la scène sociopolitique face au report des élections dans les contrées concernés n’étonne guère au regard de l’état d’esprit qui l’a toujours caractérisé face au processus électoral. Depuis le début, l’église catholique, par exemple, avait refusé de participer à ce processus, d’abord en refusant de participer à la désignation du Président de la Ceni qui est issu de la société civile, frange des confessions religieuses ; ensuite en refusant de siéger au sein du Cime (Comité d’intermédiation pour des élections apaisées). L’on comprend, dès lors, la posture va-t-en-guerre et politisée d’une frange du clergé catholique face au processus électoral.

Quant à la frange radicale de l’opposition aujourd’hui cristallisée au sein de « Lamuka », son attitude n’est que le prolongement de celle des précédentes et successives structures contestataires telles que le Rassop post-Genval ou « Ensemble ». Malgré son acceptation de la machine à voter et du dépouillement manuel, « Lamuka » ne s’est toujours pas départie de son plan « B » d’une transition de deux ans sans Kabila. Son candidat Martin Fayulu n’est, selon Adolphe Muzito qui passe pour l’idéologue de ce camp, que leur porte-parole chargé de porter ce combat.

En tous cas, à ce jour, personne n’a encore jamais enregistré un quelconque démenti de qui que ce soit affirmant qu’il n’a jamais été consulté préalablement ; ni qu’il a désapprouvé les propositions de report faites lors de ces différentes recontres.

Pour autant que ces différents camps se retrouvent sous leur dénominateur commun du rejet du processus électoral ou, à terme, de la contestation des résultats, les analystes ne demeurent pas moins perplexes quant à tous ces prétextes qu’ils trouvent dans chaque situation qui survient à ce processus, alors qu’en réalité ils sont (le cas des radicaux de l’opposition) régulièrement associés aux différentes levées d’option pour  l’avancement du processus. En effet, pour décider du report, pour une semaine, des élections suite à la situation de la ville de Kinshasa, la Ceni avait consulté les candidats à la présidentielle ou leurs représentants au cours d’une rencontre tenue au Palais du peuple. C’est à la suite des options levées à cette occasion que la plénière de la Ceni avait coulé cette option sous forme de décision.

Le cas de Yumbi, Beni territoire, Beni ville et Butembo n’a pas échappé à la logique. La décision de la Ceni y relative spécifie clairement que les mêmes « partenaires » avaient préalablement été consulté. Et des témoins de la rencontre du Palais du peuple attestent que ces cas avaient aussi été évoqués, ce qui signifie que les participants à cette réunion en étaient déjà au courant.

 

Ce que cachent les rétractations publiques des radicaux

Ces deux cas se rejoignent donc par le fait que les différents partenaires avaient préalablement été consultés, ce qui revient à dire qu’ils avaient marqué leur agrément quant aux décisions qui ont ensuite été formalisées par la plénière de la Ceni. D’où cet étonnement de constater que les mêmes partenaires consentants quant à ces reports adoptent, en public, un discours contraire tendant à les soustraire de leurs engagements pour charger uniquement la Ceni avec des attaques collatérales sur le « pouvoir ». Ceci est d’autant plus étonnant que même au sein de la plénière de la Ceni qui formalise ces décisions, ces partenaires hostiles ont des représentants (le cas du MLC de JP Bemba, par exemple) qui ont cette particularité d’être restés arrimés à leurs structures d’origine, foulant ainsi aux pieds le devoir d’indépendance et de neutralité auquel ils sont astreints depuis qu’ils travaillent à la Ceni.

De ce fait, s’il faut vraiment chercher un agenda caché dans le comportement des uns et des autres, c’est objectivement de ce côté-ci qu’il faudrait tourner les regards. Ici où les discours de ces derniers temps auront été plutôt prémonitoires, à l’instar de l’incendie de l’entrepôt de la Ceni qui a consumé entre autres des machines à voter. Exactement comme l’avait prédit Olivier Kamitatu dans un tweet en septembre 2018 et comme le prêchait Martin Fayulu.

JEK

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