ELECTIONS 2018 : LA CENCO AVAIT PRODUIT DEUX RAPPORTS D’OBSERVATION

L’église catholique avait confectionné deux rapports différents d’observation des élections dont l’un était officiellement rendu publique et l’autre destiné à la consommation de certains milieux politico diplomatiques et affairistes à travers le monde, en commençant par certaines chancelleries à Kinshasa. La démonstration de l’existence de ce document vient d’en être donnée par une « enquête » de Sonia Rolley de RFI publié ce mardi même. Les données de ce rapport parallèle sont partielles (23.733 bureaux de vote observés contre les plus de 72.000 qui étaient ouverts) et visent, si pas à influencer les hauts magistrats, du moins à préparer une certaine opinion à contester le verdict de la Cour constitutionnelle.

Alors que vient de s’ouvrir, ce mardi 15 janvier 2019, les audiences à la Cour constitutionnelle suite à la requête en contestation des résultats de l’élection présidentielle par le candidat Martin Fayulu, la polémique sur le rôle joué par la Conférence épiscopale nationale du Congo (Cenco) dans la crise électorale ambiante continue de faire couler l’encre et la salive. Certes, la Cenco a juré par tous les dieux n’avoir jamais publié les résultats de l’élection ni cité le nom de celui qu’elle considère comme vainqueur, mais toutes les données qui déferlent au jour le jour concourent à confirmer sa responsabilité.

Le dernier cas en date vient du collectif des avocats de Martin Fayulu qui, au cours de l’audience de ce mardi à la Cour constitutionnelle, a demandé à la Cour de faire témoigner notamment la Cenco. L’on sait qu’entre la publication des résultats et le dépôt de sa requête, la parte demanderesse avait fait le pied de grue à la Cenco pour obtenir les preuves qui devaient accompagner son dossier.

 

La Cenco avait fait circuler un rapport parallèle

L’on peut, cependant, se demander comment et par quel canal la Cenco avait pu constituer un dossier qui a fait lever les boucliers aux quatre coins de la planète. En effet, en dehors de la RDC, les médias occidentaux (Tv5, France 24, RTBF, Afp, etc.) avaient annoncé le nom de Martin Fayulu comme vainqueur des élections et cité la Cenco comme étant la source d’information. Même attitude pour Human Rights Watch, l’Union européenne ainsi que le Gouvernement belge et tant d’autres places politico diplomatiques et affairistes en occident. Moïse Katumbi avait même sillonné quelques capitales africaines pour plaider la cause de son poulain Fayulu en se basant sur la Cenco.

En réalité, et malgré ses dénégations, l’église catholique avait confectionné deux rapports différents dont l’un (intitulé « déclaration préliminaire ») était officiellement rendu publique . Cette version ne contient aucune donnée sur les résultats des élections. L’autre rapport était destiné à la consommation des médias occidentaux ainsi que certains milieux politico diplomatiques et affairistes à travers le monde, mais en commençant par certaines chancelleries à Kinshasa. La démonstration de l’existence de ce document vient d’être donnée par une « enquête » de Sonia Rolley de RFI qui évoque, dans un dossier diffusé ce mardi sur le site de la radio française, des « fuites » de documents dont ceux de la Cenco.

Sonia Rolley tente, dans son analyse de faire une analyse comparative des données des fuites de la Ceni avec celles de la Cenco dans le but manifeste d’authentifier ces dernières et leur conférer un certain crédit. Dans le même processus, elle s’emploie à discréditer les résultats de la Ceni en voulant faire croire que les données publiées ne correspondraient pas à celles contenues dans les documents qui ont fuité.

 

Des données d’une observation partielle des élections

Seulement, comme bien d’autres sources, le dossier de Sonia Rolley laisse circonspect sur la validité des résultats qui confirme avec conviction la victoire d’un candidat sur base des données collectées partiellement. En effet, la journaliste de Rfi affirme que la Cenco serait encore en phase de compilation de ses résultats qui a touché 71,3% des votants représentant 42,92% des suffrages compilés, soit 8 millions de votants sur les 18 millions avancés. Des suffrages qui ne représenteraient que 23.733 bureaux de vote réellement couverts par les observateurs de la Ceni contre les plus de 72.000 qui étaient actifs le jour du vote. A noter que cela marque un recul par rapport aux chiffres officiels de la Ceni elle-même qui avait affirmé avoir couvert 39.824 bureaux de vote.

Bref, il est clair que la Cenco avait produit un rapport parallèle contenant des données sur les votes et tirant des conclusions sur l’ordre d’arrivée des résultats. Mais ces résultats ont été tirés de données partielles. Cela soulève alors des questions sur les intentions réelles de la Cenco avec une telle démarche potentiellement radioactive au regard de la tension sur la scène politique congolaise. Cette question porte d’autant plus d’intérêt que le dossier de Rfi sur les « fuites » de la Cenco est publié le même jour où vient de s’ouvrir les audiences à la Cour constitutionnelle sur la requête de Martin Fayulu dont les avocats ont a largement évoqué la Cenco et ses résultats. Certainement une façon, si pas de vouloir influencer la Cour, du moins pour préparer une certaine opinion à, la contestation du verdict de la Cour constitutionnelle.

Il faut rappeler que cette démarche de Sonia Rolley sur des « fuites » de documents est identique à un autre dossier des « fuites » d’une enquête sur l’assassinat des enquêteurs onusiens au Kasaï central. Ce dossier avait été publié par Rfi quelque deux jours avant la reconduction, par l’Union européenne, des sanctions contre des personnalités congolaises dont Ramazani Shadary qui était candidat à la présidentielle.

Jonas Eugène Kota

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