TSHISEKEDI A BRUXELLES FACE AUX OLIGARQUES NÉOCOLONIALISTES

Parti en Belgique pour relancer la coopération, le chef de l’Etat congolais doit faire face à des lobbies politico-affairistes aux relents néocolonialistes et autres oligarques qui s’interdisent de faire la part des choses entre la Belgique et leurs intérêts dans une RDC qui n’existe plus que dans leur nostalgie. Normal, alors, qu’en tournant le dos à Fatshi, Reynders, De Croo et autres se mordent la langue à l’idée de devoir revenir en RDC sous la conduite de la Coalition CACH-FCC qu’ils n’ont jamais prévue sur leurs tablettes.

« Intensifier et réchauffer la coopération bilatérale qui profiterait à la Belgique et à la RDC », voilà le but de la visite de travail du Président congolais, Félix Tshisekedi, en Belgique tel qu’expliqué par la communication du chef de l’Etat. De son côté, le Chef de la diplomatie belge, Didier Reynders, explique la visite du premier citoyen congolais par la volonté de rétablir progressivement une relation qui a souffert depuis 2015. Selon sa déclaration rendue par les médias occidentaux, principalement belges, les relations entre la RDC et la Belgique ont connu beaucoup de hauts et de bas. « Les deux pays viennent de très bas sous l’ancienne présidence et qu’il s’agira d’essayer de remonter étape par étape, sans brusquer les choses », a-t-il dit.

Reynders a été complété dans cette vision par son collègue De Croo en charge de la coopération au développement. Celui-ci a, en effet, déclaré que la reprise et la normalisation totale des relations entre Kinshasa se fera progressivement à l’aune des apports de Félix Tshisekedi au bien-être du peuple congolais. Dans un langage détourné, il a à peine voilé son chagrin quant à la coalition CACH-FCC qui maintient Joseph Kabila dans les allées du pouvoir.

Pour sa part, le Président Tshisekedi a déclaré placer beaucoup d’importance à sa visite bruxelloise du fait, selon lui, que la Belgique est un partenaire important qui peut accompagner la RDC.

Ne sommes-nous pas là en présence d’acteurs qui ne voient pas les choses sous le même angle puisque quand Félix Tshisekedi vise une coopération bilatérale qui profite à la Belgique et à la RDC, alors que les Belges, eux, ne voient jamais les choses sous ce regard ? Ils veulent une coopération déséquilibrée, plus en faveur de la Belgique que de la RDC.

Et selon des sources, Félix Tshisekedi ne peut être bien vu de la Belgique que s’il peut accepter que les officiels belges ainsi que le patronat belge jouissent, avec sa bénédiction, des intérêts auxquels ils veulent bien accéder.

 

Les avantages belges perdues en RDC

L’on rappellera que c’est en refusant de faire accéder certains officiels et hommes d’affaires belges à certains avantages en RDC que la présidence passée a été mal vue de ces catégories de Belges.  En effet, déclare Tony Busselen, le spécialiste belge  de la sous-région de Grands Lacs africains, à une question lui posée autour de la compréhension  des manifestations du 19 au 21 janvier 2017 en RDC, « Didier Reynders est, à la demande des familles Lippens, Forrest, Vastapan et Damseaux, allé demander au Président Kabila de faire retirer la loi agricole qui prévoit que plus que 50% des actions des sociétés agricoles doivent être dans les mains de nationaux congolais.».

De son côté, Colette Braeckman a énuméré, dans un de ses articles, un certain nombre d’actions entreprises par la Belgique en faveur des opposants congolais, notamment Moïse Katumbi, qui ont des liens avec des hommes d’affaires (George Forrest,…)  et des officiels belges (Renier Nyskens, Alexander De Croo, etc.). Lors  de la création, à Genval en banlieue bruxelloise, du Rassemblements des forces politiques et sociales acquises au changement en juin 2016 qui avait la mission de réaliser une révolution de couleur en RDC, Colette Braeckman a dévoilé que ces opposants se sont réunis «…à l’initiative d’une ONG locale activée par la diplomatie belge ». La même consoeur révèle dans un autre article que « …le monstre du Loch Ness, le nom de George Forrest : proche des libéraux, et en particulier de la famille Michel, en bons termes avec l’ex-gouverneur du Katanga Moïse Katumbi, l’homme a le bras long, la rancune tenace. Il s’estime lésé par le régime qui l’a dépossédé de la STL, la Société du terril de Lubumbashi, où il retraitait des déchets contenant du cuivre, des déchets, mais aussi du germanium, de l’or et autres métaux rares. Un litige financier portant sur de lourdes créances impayées l’oppose désormais à l’Etat congolais. Peut-on croire qu’un homme d’affaires, important certes, mais pas le seul sur le terrain, puisse ainsi influencer la politique d’un gouvernement via des ministres libéraux ? D’aucuns expliquent aussi l’intransigeance de Reynders par des calculs politiques : on connaît ses bonnes relations avec la NVA et son patron Bart de Wever, bourgmestre d’Anvers, qui soutiendraient une ligne dure à l’égard de Kinshasa. Par ailleurs, le ministre de la Coopération, Alexander De Croo (Open VLD) est aussi le fils de son père Herman, qui fut jadis l’avocat de Mobutu et l’un des patrons d’Utex Africa et demeure un ami personnel de Moïse Katumbi. »

 

Le chagrin des oligarques néocolonialistes

Des détails abondent dans la littérature et la presse  pour démontrer que les Belges veulent, vis-à-vis de la RDC, une coopération où la balance d’intérêts penche plus de leur côté ou, plus particulièrement, d’une certaine oligarchie politico-affairistes qui, depuis la fin de la colonisation, s’interdit de faire la part des choses entre la Belgique et ses (de cette oligarchie) intérêts au sujet de la RDC. Et l’on se demande comment Félix Tshisekedi, qui ne jure que par une coopération  « win-win » et malgré sa bonne foi, va résoudre cette équation compliquée. Lorsqu’il demande la reprise de la coopération militaire, Félix Tshisekedi ne doit pas ignorer cette réalité dont nous parle Tony Busselen : « Le gouvernement à Kinshasa construit une grande armée avec l’aide d’accords de coopération militaire bilatérale avec beaucoup de pays, parmi lesquels les pays occidentaux ne forment qu’une minorité. Le refus de mettre sous tutelle le sommet de l’armée congolaise irrite beaucoup les experts occidentaux. Tout cela explique la méfiance profonde de la part de l’Occident envers Kabila et le traitement négatif de sa personne dans les médias

Cette fois-ci sera-t-elle la bonne ? Attendons voir si la Belgique acceptera, enfin, une coopération bilatérale win-win avec la RDC sous Félix Tshisekedi de qui on attend des astuces ou des formules pour faire accepter aux belges une telle coopération.

Samy BOSONGO

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