PROGRAMME DE 100 JOURS : LE GOUVERNEMENT TSHIBALA N’ÉTAIT PAS DÉMISSIONNAIRE !

Les spécialistes de l’administration sont formels : un gouvernement est démissionnaire si le Premier ministre démissionne ou s’il est balayé par une motion de censure. Or Bruno Tshibala n’avait démissionné et était resté en fonction pendant les six premiers mois du programme de 100 jours.

Dans ses premières déclarations lors de la première audience du procès sur l’exécution du programme de 100 jours du Gouvernement, Vital Kamerhe avait expliqué que le cabinet du chef de l’Etat avait été amené à prendre la conduite de ce programme parce que le Gouvernement Tshibala de l’époque était démissionnaire du moment que le parlement de la même époque venait d’être balayé par les élections. Cette justification a fait tiquer à plus d’un titre déjà par l’état d’esprit qui prévalait à l’époque, et aujourd’hui les observateurs s’étonnent que cela reviennent comme justification d’une gestion parce qu’elle a montré ses limites.

Au bout du compte, on se rend compte que contrairement à cette affirmation, le Gouvernement Tshibala avait été largement impliqué dans l’exécution du programme des 100 jours du chef de l’Etat mais juste pour la figuration et le besoin de tromper la vigilance des spécialistes. Un observateur note, d’ailleurs, que « c’est sans raison que Vital Kamerhe a cité certains noms des membres de l’ancien Gouvernement alors qu’il sait bien qu’ils n’étaient que des figurants, si pas de simples exécutants des instructions puisqu’ils étaient incontournables, pour certains d’entre eux ». C’est le cas, notamment, des ministres des Finances et du budget, ainsi que le Gouverneur de la banque centrale que l’on faisait décaisser des fonds sans les impliquer dans leur dépense. Normal alors qu’à son arrivée, le nouveau ministre des Finances, José Sele Yalaghuli, eût demandé les comptes des précédentes décaissements avant d’en engager de nouvelles, ce qui provoqua l’ire de Vital Kamerhe.

Celui-ci avait délibérément truffé le « comité technique spécifique au cabinet du Président de la République » de membres du Gouvernement Tshibala pour faire passer sa pilule alors qu’il savait très bien qu’ils n’allaient faire que de la figuration », commente un autre observateur. En effet, sur 95 membres de ce comité spécifique, on dénombre 22 personnes qui provenaient de la Primature et de 8 ministères.

Par ailleurs, contrairement à l’entendement courant, le Gouvernement Tshibala n’était pas démissionnaire du fait que l’Assemblée nationale était « balayée » par les élections et, que l’on était dans l’attente d’un nouveau Gouvernement. Des experts du Secrétariat général du Gouvernement expliquent à congovirtuel.org qu’un Gouvernement est déclaré démissionnaire à deux conditions : soit lorsque le Premier ministre dépose sa démission (cas d’Antoine Gizenga), soit  en cas de vote d’une motion de censure. Bruno Tshibala avait déposé sa démission en septembre 2019, soit six mois après le lancement du programme et quatre mois après la mise sur pied du comité technique spécifique de Kamerhe.

Et même si le gouvernement est déclaré démissionnaire, ajoutent nos interlocuteurs, il continue à expédier les affaires courantes jusqu’à l’installation du nouveau gouvernement, continuité de l’action publique oblige. Pendant cette période, souligne-t-on encore, ce gouvernement engage totalement la République tant qu’un autre gouvernement n’est pas investi par l’Assemblée nationale ». De ce fait, concluent un de nos interlocuteurs, « les explications que l’on donne sur le gouvernement Tshibala pour justifier sa neutralisation ne tiennent pas la route ».

L’on comprend que la neutralisation de Tshibala et son gouvernement répondait à d’autres déterminants dont cette volonté politique de s’accaparer d’un programme qui allait procurer un bilan pour 2023, ceci du fait que l’esprit ambiant à Présidence en ce moment-là était à la résignation sur le fait que c’est le FCC qui allait conduire l’action du Gouvernement en raison de sa large majorité au Parlement. D’autre part on rappelle le conflit politique entre l’Udps/Tshisekedi et Bruno Tshibala qui avait raflé la Primature au détriment de Félix Tshisekedi au sortir des négociations du centre interdiocésain…

Jonas Eugène Kota

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