REFUS DES ELECTIONS : HUBERT LECLERCQ RÉVÈLE LES CALCULS DE KATUMBI

Avoué notoire de Katumbi, ce journaliste de lalibre.be fait une analyse scandaleusement partiale des enjeux politiques et prétend fallacieusement que le seuil électoral aurait été institué pour la seule personne de son bienfaiteur qui serait le seul à pouvoir financer une campagne à l’échelle nationale, alors que l’homme n’a ni machine politique capable de le soutenir, ni envergure politique nationale.

Les observateurs avertis du comportement de l’homme politique congolais de l’opposition ne sont plus dupes sur ses vraies intentions par rapport au processus électoral actuel. Tout, dans ce comportement, concourt, en effet, à la contestation, à terme, des résultats, si pas carrément au refus de participer aux élections. L’Udps/Tshisekedi en a déjà donné le ton lorsque, la semaine passée, son porte-parole justifiait le refus de son parti de répondre à une invitation de la CENI par le motif que cette institution ne conduirait pas le pays vers des élections dignes de ce nom.

Toutes les initiatives qui se multiplient ces derniers temps – marches sans itinéraires pour créer des situations de discrédit du gouvernement, hypothèques sans cause sur l’usage de la machine à voter, impasse sur l’impératif de recadrage du budget, etc. – ne concourent carrément qu’à créer les conditions de non tenue des élections, surtout avec Joseph Kabila, même si celui-ci a déjà donné suffisamment de signaux qu’il ne se présentera pas.

Et dans l’ordre de ces stratagèmes et prétextes, le journal belge « Lalibre.be » vient d’en ajouter en évoquant le volet financier qui incombe, cette fois-ci, aux candidats ou leurs partis/regroupements politiques aussi bien pour le dépôt des candidatures que pour battre campagne. Sans surprise, c’est encore Hubert Leclercq qui se trouve à la manœuvre et fait les calculs. Le même Leclercq connu notoirement comme un avoué de Moïse Katumbi et qui se fait « traiter » par son ami Olivier Kamitatu, ci-devant porte-parole de l’autre.

 

Analyse délibérément tronquée

Au décompte final, le journaliste parle d’une bagatelle de pas moins de 6.5 millions de dollars pour une campagne électorale. Mais Leclercq, aveuglé par la cible unique de la présidentielle, s’emmêle les pinceaux lorsqu’il s’agit de ventiler ce montant entre les trois scrutins attendus le même jour, soit la présidentielle ainsi que les législatives nationale et provinciale. En effet, dans le titre de son article, le journaliste attribue ce montant à la seule élection présidentielle (RDC : 6,5 millions de dollars minimum pour être candidat président »), mais dans son développement, il charrie tout, en sorte que le lecteur finit par ne plus suivre sa logique. Une telle enveloppe concerne-t-elle également les indépendants qui ne sont pas supposés postuler à tous les niveaux avec des listes d’autant de candidats par niveau ? Tous les partis politiques se sont-ils déjà prononcés pour se représenter à tous ces niveaux ? Par ailleurs, l’étendue du territoire national qui corse le jeu électoral est-il le fait de la majorité au pouvoir ?

Et après tout, la question financière devrait-elle se poser pour quiconque est animé d’ambitions politiques et prétend conquérir le pouvoir pour le gagner afin de l’exercer et le conserver le plus longtemps possible ? Hubert Leclercq connaît très bien la réponse à la question, mais son intention ou son regard se trouve bien ailleurs, sur Moïse Katumbi. Le contraire aurait étonné. Après ses estimations plutôt échevelées, Leclercq tombe, en effet, le masque dans sa chute en prétendant qu’avec l’instauration du seuil d’éligibilité, la majorité au pouvoir visait à éliminer d’autres prétendants pour faire de Katumbi « son seul réel adversaire politique ». Et de prétendre encore que la décrispation politique en cours trainerait pour empêcher Katumbi de revenir au pays en homme libre.

Pour une analyse étriquée et tout aussi partiale qu’orientée, Hubert Leclercq n’est jamais tombé plus bas. Sinon, il, aurait intégrer tous les paramètres qu’il a délibérément occultés dans son analyse plutôt expéditif et qui donne l’impression que les élections attendues ne le sont que pour la seule personne de Katumbi ou que l’alternance attendue ne passerait que par lui.

 

Katumbi n’a pas d’étoffe politique nationale

De un. Leclercq commet une erreur de faire croire que seul Katumbi représenterait, à lui seul, une force sérieuse face à la majorité, même sur cette question financière. Bien d’autres leaders et organisations politiques sont suffisamment aguerries pour pouvoir lever les fonds nécessaires et aligner des candidats sérieux. C’est le cas, notamment du Palu dont l’encrage politique n’est plus à démontrer, autant que son organisation interne. D’ailleurs, ce parti gizengiste a déjà lancé la levée des fonds pour la campagne électorale. Chaque militant est appelé à verser un montant correspondant à ses possibilités, en allant de 500 Fc à 1 millions de dollars.

De deux. La conquête du pouvoir n’est pas d’abord une question de moyens financiers. Encore faut-il disposer d’un candidat pouvant fédérer les forces politiques qui comptent, autant que ce candidat devrait justifier d’un encrage sociologique avéré pour espérer remporter le suffrage du plus grand nombre. Or, à ce jour, tous les partis politiques réunis autour de Katumbi (G7 et AR) sont loin de constituer une force capable de le porter vers cette victoire. Seul le MSR de Pierre Lumbi, qui était la deuxième force politique de la majorité après les élections de 2011, pouvait prétendre justifier d’une certaine assise politique et sociologique, mais celle-ci s’est désintégrée lorsque le leadership du parti s’est écartelé entre son maintien dans la majorité et son alignement dans l’opposition.

Tous les autres partis ne représentent que des forces résiduelles dont le nombre de leurs députés réunis (de 2011) n’atteint même pas 50. Pire encore, pour avoir longtemps été coupé de leurs bases en préférant se concentrer autour de la personne de Katumbi qu’ils suivent partout où il va, les leaders de ces partis ont plongé leurs formations politiques respectives dans une léthargie qui ne profitera nullement à leur champion.

Plus encore, le Rassemblement sur lequel Katumbi pouvait compter est traversé par des contradictions internes et accuse aujourd’hui des lézardes telles que l’on ne paierait pas cher sa survie comme plate-forme politique. Les sociétaires de cette plate-forme ne se sont jamais mis d’accord sur l’opportunité de débattre sur la candidature unique à soutenir, et l’Udps est la principale force politique à s’y opposer systématiquement, même lorsque c’est Katumbi lui-même qui soulève la question.

De trois. Malgré les millions de dollars qu’il peut claquer pour financer sa campagne, Moïse Katumbi est loin de disposer d’une stature sociopolitique d’envergure nationale pour espérer subjuguer les Congolais. L’on confond trop souvent la popularité de son équipe de football, Mazembe (une popularité qui s’effrite déjà avec la montée d’autres équipes au niveau continental), avec une éventuelle admiration politique qui se traduirait par le vote au moment venu. Et ce semblant de popularité est strictement circonscrit à quelques grappes d’opinion de quelques provinces seulement. Par exemple, personne ne mettrait son doigt à couper sur une quelconque éligibilité de Matumbi dans l’espace kasaïen ou dans les blocs de l’ex-province Oriental, ex-Equateur ou encore ex-Bandundu.

 

Katumbi a aggravé son dossier judiciaire en devenant un fugitif

Bref, même si Katumbi vivait au pays et circulait librement, sa fortune ne suffirait pas pour subjuguer les Congolais, puisqu’il lui faudrait encore disposer d’un discours et d’un projet de société. De sorte que toute allusion à un calibrage des lois – avec le seuil d’éligibilité – sur la mesure du seul Katumbi passe, à la limite, pour une insulte à sa personne de la part de tous ces renards qui ne s’agitent, justement, que pour lui faire lâcher le fromage de son porte-monnaie.

Du reste, et pour revenir sur le prétexte du seuil électoral, Hubert Leclercq a également éludé le fait que cette nouvelle donne vient à peine d’être introduite, tandis que les démêlés judiciaires de Katumbi date de plusieurs années plus tôt. Il omet aussi de dire qu’officiellement, Moïse Katumbi est parti pour des soins à l’étranger avec l’autorisation du Procureur Général de la République après requête de ses avocats. Mais son activisme débordant outre-Atlantique indique clairement que l’homme est devenu un fugitif qui a aggravé son cas pénal et devrait être traité comme tel.

Yvon RAMAZANI

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