PROCÈS 100 JOURS : KAMERHE CHOISIT LA POLITISATION COMME TALK LINE

Dès l’entame de « son » procès, Vital Kamerhe choisit une talk line (ligne de communication) qui était prévisible : la politique. Autrement dit politiser le procès. Tout son comportement dès les premiers échanges avec la Cour indique que l’homme décide de donner à ce procès un cachet particulier : non pas une affaire judiciaire, mais bien un débat politique. Et la Cour, à ses yeux, n’est qu’un paravent puisque les destinataires de son discours son bien ailleurs : d’une part ceux qu’il considère comme étant ses « bourreaux » politiques usant de la justice pour l’éliminer politiquement et, d’auyre part, l’opinion publique prise à la fois comme témoin et, le moment venu, comme moyen (groupe) de pression.

C’est, en tout cas, l’opinion qu’il se fait de lui-même de cette affaire et son attitude n’en laisse aucune ombre de doute, car il semble avoir fait un choix délibéré et se comporter en conséquence. Prenant pratiquement la Cour en hostilité dans cet état d’esprit, il voit des « pièges » dans le discours du juge président avec qui il entend plutôt débattre. Il prend les questions de biais pour finir répondre à celles qui ne lui sont pas posées. C’est son style d’ailleurs, même avec les journalistes : il reformule très souvent les questions sous l’angle qui l’accommode pour y répondre.

Ainsi donc, lorsqu’on lui demande s’il connaît Samih Jammal, il fait une digression en dénonçant des « pièges » avant de déclarer qu’il ne le connaît ni d’Adam ni d’Eve. Lorsqu’il lui est demandé en quelle qualité il a participé à l’exécution du programme de 100 jours du chef de l’Etat, il exulte littéralement avant d’ouvrir une nouvelle digression pour tenter d’amener les esprits sur le terrain dont il rêvait depuis le début : nettoyer l’idée que l’affaire de cette gestion concerne sa personne exclusive pour induire d’autres implications.

Ainsi parle-t-il de structures et d’organisations (supervision et coordination) avant de citer même des noms ou des titres : le Gouvernement de la Banque, Henry Yav alors ministre des Finances, le ministre du Budget d’alors (qu’il avait exclu de l’UNC), Nicols Kazadi qu’il précise comme étant ambassadeur itinérant du chef de l’Etat, etc.

Dans sa démarche, Vital Kamerhe choisit d’avancer sur le fil de la provoc contre la Cour lorsqu’il intervient à temps et à contretemps, arrachant sans ménagement la parole au juge Président ou l’interrompant ; répondant à des questions qui ne lui sont pas posées ou allant au-delà de celles qui le sont, etc. Avec pour objectif ultime : créer une faille en désarçonnant le juge Président dans l’espoir de l’énerver et lui faire commettre ainsi un impair dans la conduite de l’affaire. Au finish, VK prendrait à témoin l’opinion pour dire et faire dire que c’est « sa » personne qui est visée dans cette affaire et non la quête de la « vérité » pour réhabiliter l’Etat dans ses droits spoliés.

Le Dircab – en tout cas il l’est encore – a manifestement bien pensé cette démarche depuis longtemps et le forcing pour obtenir la retransmission de son procès sur sa chaîne de télévision y participait bien. Il s’attendait certainement à y évoluer comme dans son jardin, même si ce n’est pas la chaîne qui aurait conduit le procès. Le revirement de la situation avec l’imposition de la RTNC (chaîne d’Etat) a, peut-être, été une déconvenue dans un tel calcul, mais un nouvel avantage tout de même, du fait que l’audience ne s’en trouve qu’élargie désormais.

Que resterait-il alors de l’autre partie de cet iceberg politico-judiciaire ? En tout cas, Vital Kamerhe aurait décidé, à travers ou à la faveur de ce procès, de jouer son va-tout, y compris son destin politique par la stratégie de qui perd gagne. Il se serait dit certainement que l’affaire est goupillé depuis longtemps et qu’il ne s’en tirerait pas indemne.

Dans ce jeu, la posture de martyr politique a toujours été de prédilection. Une posture visant à piper la compréhension du procès dans son sens judiciaire pour, au finish, disqualifier son issue si, par bonheur, il réussit à imposer la dimension politique. Un objectif qui justifie le choix qu’il aurait fait de prendre les devants en usant de l’attaque.

Restera de savoir comment la Cour s’y prendrait pour demeurer dans ses cordes judiciaires et éviter de se faire entraîner sur le ring politique. Dans tous les cas, le procès promet d’être âpre et houleux. Procès à suivre à tout prix, concluraient les racoleurs.

JEK

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