JOSEPH KABILA SOUVERAIN ET CONSTANT A L’ONU

L’oral tant attendu de Joseph Kabila a, enfin, eu lieu à la tribune de la 73ème session de l’Assemblée générale de l’ONU. L’intervention du Chef de l’Etat congolais était particulièrement attendu aussi bien dans les salons congolais où les téléspectateurs ont patienté jusqu’au-delà de 22 heures, qu’à l’ONU même où se trament toutes sortes de stratégies autour de la RDC. L’attente se soulignait surtout par le fait que Joseph Kabila faisait, du haut de cette tribune des Nations-Unies, la dernière intervention de son second mandat après avoir confirmé qu’il se conformera à la constitution de son pays.

Ce ne sont, par ailleurs, pas des sujets d’actualité qui manquaient pour braquer l’attention de la planète sur la dizaine de minutes accordées à Kabila. Du processus électoral en cours à la situation sécuritaire en passant par la question devenue quasi séculière de la Monusco, etc. ; Joseph Kabila était effectivement attendu, même si ses positions sur toutes ces questions sont déjà connues. Cependant, Kabila s’exprimait à l’ONU, lisez à la plus haute tribune d’expression de la planète.

Au bout du compte, c’est un Kabila impérial, souverain, constant, bref, un Kabila égal à lui-même qui se sera produit pour réaffirmer et souligner les engagements et les aspirations des Congolais face aux enjeux de l’indépendance et la souveraineté de leur pays.

 

Elections et relations diplomatiques : quand Kabila tance l’ONU et ses valeurs

Sur le volet électoral qui aura été le plus largement attendu, Joseph Kabila a, d’entrée de jeu, réaffirmé « le caractère irréversible de la tenue des élections prévues à la fin de cette année ». Il a aussi assuré que « la situation politique (…)  gagne en lisibilité, toutes les échéances prévues au calendrier électoral, en vue des prochains scrutins, étant à ce jour tenues » et que « Tout sera mis en œuvre afin de garantir le caractère apaisé et crédible desdits scrutins ».

Et de cogner fort dans la grande problématique des ingérences extérieures dans le processus électoral en RDC : « Nous ne saurons pas faire de l’ONU une organisation pour tous si l’ingérence caractérisée de certains gouvernements dans les affaires relevant, sans aucun doute, de la politique intérieure des États, en violation des règles qui la régissent, est dangereusement tolérée, sinon banalisée. Voilà qui explique la position de mon pays de dénoncer et de s’opposer à toute ingérence dans le processus électoral en cours, et de financer l’entièreté de ses coûts opérationnels ».

Pour asseoir cette dénonciation solennelle, le Président Kabila s’est basé sur le thème même de cette session, à savoir : « faire de l’ONU une organisation pour tous : une force mondiale fondée sur des responsabilités partagées, au service de sociétés pacifiques, équitables et durables ». Pour Joseph Kabila, ce thème « suggère un regard sans concession  sur notre Organisation » et invite « chaque Etat membre à valoriser sa contribution au bénéfice de la collectivité universelle et à protéger les valeurs qui font des Nations-Unies le rempart de la solidarité, de la paix et du progrès partagé ».

Et de conclure en considérant que « l’efficacité de notre organisation dans ce nouveau contexte demeure également tributaire de sa capacité à préserver les idéaux sur lesquels repose l’édifice de l’équilibre mondial issu de San Francisco ». Plus incisif, Joseph Kabila va alors exiger, au nom de son pays, « le retour aux fondamentaux en matière de démocratie et des droits de l’homme, un des  sujets à la base de la diplomatie à géométrie variable, instrumentalisés à outrance par certains pour affaiblir sciemment des pays qui ont pourtant décidé de se tourner résolument vers le progrès ».

 

La RDC demande le début effectif et substantiel du retrait de la Monusco

Constant, impérial et souverain, Joseph Kabila l’a également été sur le volet sécuritaire. Joseph Kabila a commencé par rappeler ses observations de la 72ème session lorsqu’il notait que la RDC avait « réussi à inverser la tendance dangereuse au centre du pays et à améliorer significativement la situation, pendant qu’au Nord-Est, les efforts méritoires fournis par les forces de défense et sécurité nous permettaient de contenir les attaques terroristes ». Aujourd’hui, a-t-il poursuivi, « la paix s’est consolidée au centre du pays » comme en témoigne le retour des familles autrefois déplacées du fait des violences.

Pour autant, le Chef de l’Etat s’est dit conscient que « le défi de la sécurité reste entier dans la région du Nord-Est à cause de la persistance des activités terroristes qui n’ont pas endeuillé seulement le territoire de Beni, le 23 Septembre dernier, mais aussi d’autres pays de la région ». Malgré cela, Joseph Kabila a rassuré que ces attaquent n’empêcheront la poursuite des actions en faveur de la paix et la stabilité du pays, ainsi que la sécurisation du processus électoral en cours.

En attendant, le Président de la République a réitéré la demande du retrait de la mission onusienne en RDC dont les résultats sont largement mitigés « Vingt ans après le déploiement des forces onusiennes dans mon pays, et en raison de leurs résultats largement mitigés au plan opérationnel, mon Gouvernement réitère son exigence du début effectif et substantiel du retrait de cette force multilatérale », a-t-il fait savoir.

 

Africaniste, Kabila pour une meilleure représentativité de l’Afrique au Conseil de sécurité

Par ailleurs, faisant vibrer sa corde africaniste, Joseph Kabila a plaidé pour l’augmentation du quota de représentation du continent africain au sein du Conseil de sécurité. « Compte tenu des changements multiformes constatés depuis de nombreuses années, au nom de l’équité mise aujourd’hui en exergue dans le cadre de nos présentes assises, l’Afrique souhaite mieux faire entendre sa voix, en écho aux attentes de ses populations qui réclament davantage de représentativité au sein de cette Organisation de portée universelle, dont l’essentiel de ses actions de maintien de la paix concernent le continent », a-t-il fait savoir.

Au terme de son propos, le Chef de l’Etat congolais a souligné à leur juste valeur « les progrès réalisés par mon pays qui, il y a encore quelques années, était confiné au rang d’Etat failli, mais, aujourd’hui, affiche des ambitions d’émergence incontestable, tant les signaux économiques, sécuritaires et politiques sont encourageants ». Conscient en un avenir bien meilleur pour son pays, Joseph Kabila a déclaré que les défis qui restent encore relever ne sauront pas infléchir sa foi en cet avenir radieux de ce pays, la RDC, où le peuple « sait déjouer les pièges de l’histoire, et affirmer avec force son attachement à son unité, à son indépendance et à sa souveraineté ».

Yvon Ramazani

Envoyé spécial à New-York

Related posts

Leave a Comment

Résoudre : *
14 ⁄ 7 =