DE L’ANGOLA EN RDC : EXPULSIONS SUSPECTES

Ces expulsions non concertées et en masse des ressortissants congolais ne sont pas à détacher d’autres phénomènes tels que ces tueries spectaculaires et téméraires des civils en ville de Beni la veille de la dernière session de l’Assemblée générale de l’ONU, les affrontements subits à Djugu, en Ituri, à quelques encablures du lancement des activités pétrolières sur le lac Edouard ou encore les arrestations et meurtres récurrents des pêcheurs congolais dans le même lacs, etc.

Depuis plusieurs semaines, des grappes entières de Congolais vivant en Angola franchissent la frontière de leur mère-patrie après avoir été expulsés. De Kamako à Luiza en passant par Kabaungu et tant d’autres points d’entrée, même les non officiels, ce n’est pas moins de 180.000 personnes qui ont ainsi été expulsés et qui arrivent, pour la plupart, munis seulement de leurs bras après incendie de leurs logis et pillage de leurs biens. Motif : ils vivaient en Angola en situation irrégulière. Pourtant, parmi les expulsés figurent des personnes disposant de leurs papiers en règle.

Ces fournées d’humains inattendus arrivent dans des conditions non prévues ni aménagées pour les accueillir et se trouvent exposés, non seulement aux intempéries, mais aussi à d’éventuelles épidémies pouvant surgir de ces conditions de vie inhumaines. Tout simplement parce que leurs expulsions se sont déroulées dans des conditions violant aussi bien des accords bilatéraux entre la RDC et l’Angola, mais aussi le dernier accord tripartite implication aussi le Congo-Brazzaville ; sans oublier les instruments internationaux sur les migrations. Le chagrin et la colère se mêlent à la révolte et les récriminations fusent de toutes parts et partent dans toutes les directions.

Principalement des autorités congolaises accusées d’inertie en ne réservant pas une réaction proportionnelle aux angolais installés à Kinshasa ou en laissant tranquille l’ambassadeur angolais à Kinshasa. Bref, autant de réaction somme toutes légitimes face à une telle situation.

Il ne reste pas moins qu’une lecture devrait être faite de cette sorte de bombe humaine que le voisin angolais largue sur la RDC en cette période aussi suspecte, en dehors de toute règle en matière d’expulsion des personnes en situation irrégulière, ressortissants d’un pays voisin avec lequel l’Angola partage 2.500 Kms de frontières. Une lecture d’autant plus utile que Luanda persévère dans ses opérations malgré le tollé général qui retentit des quatre coins de la planète.

Ce renvoi unilatéral et en masse des ressortissants congolais n’est pas à détacher d’autres phénomènes du contexte actuel (immédiat et éloigné), tels que ces tueries spectaculaires et téméraires des civils en ville de Beni la veille du passage du Président Kabila à la tribune de la dernière session de l’Assemblée générale de Beni. Tels, aussi, que l’éclatement subit des affrontements à Djugu, en Ituri, à quelques encablures du lancement des activités pétrolières sur le lac Edouard après la mise en service du Nuada (Perenco) au large de Muanda, ou encore les arrestations et meurtres récurrents des pêcheurs congolais dans le même lacs, etc.

Retour sur les expulsions, l’on note qu’elles se produisent en cette période de circonspection dans les rapports entre Kinshasa et Luanda par rapport à certaines pressions extérieures sur le processus électoral congolais. L’Angola semble s’en être offert comme une plaque tournante si l’on doit s’en tenir, par exemple, au dernier séjour angolais de Didier Reynders, celui-là même dont on connaît l’activisme en la matière.

Tous ces congolais que l’on refoule aux encablures des élections n’ont, pour la plupart, pas été enrôlés, et l’on peut s’attendre à des réclamations le moment venu, sans compter les frictions de cohabitation avec des populations démunies qui viennent se mêler aux autres, dont les retournés des tueries de Kamwina Nsapu dont la plupart n’ont pas fini de se réinstaller. Le processus de résilience tout au long de cette frontière angolaise, qui avait été fortement sollicitée lors de ces tristes événements, se trouve ainsi dangereusement contrarié, et l’on est bien en droit de s’interroger sur les intentions sous-jacentes à ses expulsions explosives.

JEK

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