Kasaï Oriental : les manifs anti Maweja montent d’un cran

Clameur publique, procession des motos, concert des casseroles, etc. ; la vie à Mbuji-Mayi, capitale du Kasaï Oriental, devient chaque jour, moins tenable pour Jean Maweja Mutabe, le gouverneur de la province. Depuis plusieurs semaines, en effet, la rue grondait déjà contre le Gouv’-diamantaire reproché d’incapacité à endiguer la crise sécuritaire à Mbuji-Mayi et ses environs. Et le discours pour sa démission ne se voilait plus.

La contestation est montée d’un cran depuis le début de la semaine suite à l’augmentation du prix du carburant à la pompe. Le litre est, en effet, passé de 3.000 Fc et 5.000 Fc. Officiellement, l’autorité provinciale justifie cette augmentation par les difficultés d’acheminer les stocks de carburant à Mbuji-Mayi à partir de Mwene Ditu suite à l’impraticabilité de la route.

Le point de non-retour

Mais à Mbuji-Mayi, la contestation de Maweja semble avoir atteint un point de non-retour. Ces explications n’ont pas empêché les motards de sortir dans la rue hier jeudi pour manifester leur mécontentement, eux qui sont les principaux transporteurs dans la ville pour assurer la mobilité des biens et des personnes. Les manifestants ont été dispersés à coups des gaz lacrymogènes par la police devant la résidence privée du Gouverneur située à Kalala wa Nkata. Certains d’entre eux ont été interpellés avant d’être relâchés plus tard.

« L’insécurité bat son plein sur la ville. Plusieurs personnes ont perdu leurs vies depuis le début de cette année, dont 2 chauffeurs », se plaint la population. Pour celle-ci, « le gouverneur ne fait aucun effort pour mettre fin à l’insécurité ; lui ne mérite pas de diriger la province, il doit démissionner, trop c’est trop ».

Maweja était vomi depuis longtemps

Dans le fond, le Gouverneur Maweja était déjà désavoué depuis longtemps par la population dont l’exigence de sa démission se fait plus pressante. C’est, en effet, depuis les trois premiers mois après sa prise de fonctions vers juin 2019. « Amateur, incompétent, indifférent, tâtonneur… », etc. ; autant de qualificatifs dont il était affublés dès les premiers mois de ses fonctions.

Certains milieux à Mbuji-Mayi déplorent le fait que Maweja, l’unique Gouverneur Udps sur les 26 provinces, ait été imposés par les bonzes du parti présidentiel sur le simple fait qu’il est un diamantaire. « Après Ngoyi Kasanji, la population ne voulait pas d’un autre gouverneur diamantaire. Maweja est un diamantaire imposé par l’UDPS au gouvernorat. Voilà le résultat ! », se plaint un notable qui arpente le grand Boulevard Kabila dans la commune de Muya.

Cet homme, comme bien d’autre, accuse le « vieux Mao » (petit nom de Maweja) de n’avoir « aucun plan pour le développement de la province ».

Lâché aussi par l’Assemblée provinciale

Pourtant, à son arrivée au pouvoir, Jean Maweja avait gavé ses administrés d’espoir pour des lendemains meilleurs. Il avait, en effet, promis des solutions rapides pour les besoins essentiels de sa province (eau, électricité, route, érosions) ainsi que l’emploi. Ses premiers prémices ont tôt fait de faire déchanter l’opinion qui ne perçoit en lui aucune capacité managériale à la hauteur de la province et de ses besoins. 

En 2019 déjà, le Président de l’Assemblée provinciale lui avait adressé un memo bien senti pour attirer l’attention sur l’inertie de son exécutif face à la situation de sa province qui creuse inexorablement son sous-développement. Que dire des infrastructures ! Les routes urbaines et de desserte agricole sont dans un état déplorable.

L’Udps soutient aussi la fronde

Depuis lors, l’exécutif provincial et l’Assemblée vivent en chiens de faïence. Maweja a choisi la stratégie de longs séjours à Kinshasa pour échapper à la vindicte des députés provinciaux. Début novembre dernier, le Gouv avait instauré un blocus autour du siège de l’Assemblée pour empêcher la tenue d’une plénière qui devait examiner une motion de déchéance contre lui.

A noter que cette fronde anti Maweja est également menée par l’Udps, son parti politique. Un collectif a même vu le jour pour soutenir cette fronde. Il s’appelle « sauvons le Kasaï Oriental ».

JEK

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