LES VELLÉITÉS HÉGÉMONISTES DE TRUMP SUR LA RDC

Sous prétexte de protéger la politique étrangère des USA contre des menaces que constituerait la situation en RDC, le Président américain vient de reconduire pour une année des sanctions économiques des administrations Bush jr et Obama contre certains citoyens congolais. La réalité est que, par cette manœuvre, Trump et l’administration de la Maison Blanche cherchent, en ce moment précis, à mettre le grappin sur le processus électoral congolais afin de contrôler les animateurs qui vont en sortir. Dans le pur style de l’hégémonie impérialiste américaine.

Le Président américain Donald Trump a publié, jeudi 25 octobre 2018, un communiqué annonçant la prolongation, au-delà du 27 octobre 2018 et pour une année encore, des sanctions économiques prises contre certaines personnalités congolaises accusées d’entrave à la sécurité de la RDC et au processus démocratique mais présentées comme des menaces à la politique étrangères des USA. « La situation en République démocratique du Congo ou en relation avec celle-ci continue de représenter une menace inhabituelle et extraordinaire pour la politique étrangère des États-Unis. Pour cette raison, l’urgence nationale déclarée dans l’Instruction 13413 du 27 octobre 2006, telle que modifiée par l’Instruction 13671 du 8 juillet 2014, et les mesures adoptées pour faire face à cette situation d’urgence doivent rester en vigueur au-delà du 27 octobre 2018. Par conséquent, je poursuis pendant un an l’urgence nationale en ce qui concerne la situation en République démocratique du Congo », peut-on lire dans le communiqué diffusé le jeudi 25 octobre par la Maison-Blanche sous la signature de Donald Trump en personne.

Ces mesures avaient été prises en 2006 sous George Bush Jr puis renouvelées et complétées en 2014 sous Barack Obama. Le Président Bush déclarait, en son temps, avoir pris cette mesure pour faire face à « une menace inhabituelle et extraordinaire » qui pesait  sur la politique étrangère des États-Unis. Aucune décision n’indiquait, cependant, en quoi la situation politique et sécuritaire en RDC avait une quelconque incidence sur les intérêts diplomatiques américains.

 

Aucun intérêt américain n’est menacé par la situation en RDC

Aujourd’hui encore, cette question se pose avec acuité. Mais les observateurs avertis disent ne pas être dupes de cette manœuvre qui intervient à un moment particulier de l’histoire de la RDC qui aborde la phase décisive de son troisième cycle électoral dans une posture de souveraineté du Gouvernement congolais et du Président Joseph Kabila qui se sont engagés à financer, sur fonds propres de la République, l’ensemble de ce processus. Cette posture couplée au flou sur les inquiétudes américaines quant à sa politique étrangère par rapport à la situation en RDC dégage ainsi une manoeuvre pour l’administration Trump de s’aménager un prétexte afin de pouvoir intervenir, le moment venu, et imposer ses orientations aux Congolais.

En effet, même si, au Conseil de sécurité de l’Onu comme lors de la dernière mission de cet organe onusien en RDC, les officiels américains affirment n’avoir aucune préférence pour l’un quelconque des candidats à la Présidence de la République, il est clair que l’intérêt mondial sur la RDC a plus que décuplé ces dernières années. La raison en est simple : d’un côté la redistribution des cartes au plan économique qui a vu les puissances émergentes prendre pied dans les économies africaines et particulièrement en RDC pendant que les « grandes puissances » guerroient au moyen orient depuis une vingtaine d’années sans succès ; et de l’autre le besoin du positionnement géostratégique contre ces puissances émergentes et les poussées islamistes qui ont gagné le continent africain, y compris la RDC.

Il est clair que depuis quelques années, les puissances occidentales sont à la manœuvre dans cette logique-là qui passe nécessairement par le contrôle des régimes politiques comme au bon vieux temps de la guerre froide. Il s’agit-là de cette dimension impérialiste si indécrottable pour les occidentaux qu’ils sont prêts à user de tous les stratagèmes pour arriver à leur fin.

On ne peut donc pas expliquer autrement ces inquiétudes américaines quant à leur politique étrangère pour des situations en RDC. A moins que cette situation ne menace directement et ouvertement des citoyens et des biens américains en territoire congolais, ce qui relève d’une fausseté, l’on sait que cette fameuse politique américaine est une nébuleuse sans définition précise et qui est toujours l’objet de tiraillements entre différentes institutions chaque fois qu’il s’agit de décider d’une ligne de conduite réellement nationale.

 

Quand Trump se la joue en solo pour faire main basse sur la RDC

En effet, lors d’une communication en 1982 en Afrique dans un colloque qui avait pour thème « les puissances étrangères et l’Afrique », Henry Kissinger (ancien secrétaire d’Etat américain de 1973 à 1977) avait reconnu que son pays n’avait que peu d’expérience en matière de politique étrangère. Kissinger révélait également ce qui suit : « Nos Pères Fondateurs se sont montrés très habiles dans la manipulation de l’équilibre des puissances en Europe afin d’assurer notre indépendance ». Même si des évolutions en été marquées quant à la dimension morale de ce qui se passe dans le monde, l’Américain n’en est pas moins demeurée hégémoniste afin de soumettre ce monde à ses valeurs.

Aujourd’hui, les analystes de la géopolitique internationale notent, tel que repris dans un article sur wikipedia, que « la politique étrangère des États-Unis est le résultat d’un processus d’élaboration complexe, fait de débats contradictoires tranchés par des arbitrages. D’autre part, le système constitutionnel américain prévoit une distribution précise des pouvoirs (checks and balances), ce qui donne aux différents acteurs (présidence, Congrès, Cour suprême ou société civile) un pouvoir capable d’influer de façon très différenciée sur l’élaboration de la politique étrangère des États-Unis ». Et d’ajouter : « La prise de décision est partagée entre le pouvoir exécutif — la présidence et l’administration américaine — et le pouvoir législatif, le Congrès. Les deux subissent l’influence de la société civile (groupes de pression, électorats et think tank) ».

Or, comme on le voit, Donald Trump et l’administration de la Maison Blanche agissent pratiquement en solo sans une consultation réelle. Ce qui nous ramène donc à cette équipée hégémoniste que seul le processus électoral en cours en RDC justifie : mettre le grappin sur ce processus et contrôler les animateurs qui vont en émaner.

Jonas Eugène Kota

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