Les réseaux sociaux grouillent de commentaires dans tous les sens sur des images (photos et vidéos) d’une rencontre dinatoire entre le Président de la République Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo, et son prédécesseur Joseph Kabila Kabange. Accompagnés chacun de quelques deux collaborateurs, ces deux hautes personnalités se sont, en effet, rencontré dimanche dernier à la résidence présidentielle de la Nsele pour un sujet qui n’a pas été porté à la connaissance du public.
Des esprits mal intentionnés ont vu en ces images une sorte d’insulte de ces deux personnalités au peuple pour un pays bloqué par l’absence d’un gouvernement pendant qu’eux s’adonnent à une séance de plaisance. D’autres ajoutent que ces deux chefs de file des deux forces coalisées au pouvoir se sont montrés, à ce jour, incapables de sortir un gouvernement mais ne manquent de multiplier des rencontres qui ne produisent rien.
C’était, cependant, sans compter avec la valeur communicationnelle de ces publications mettant en scène de hautes autorités en posture dinatoire dans un cadre purement restreint. La lecture voulue de ce genre de publication suggestive devrait plutôt être mise en contexte pour comprendre qu’elle est annonciatrice d’une bonne nouvelle : celle de la publication imminente du gouvernement tant attendu. Tous les milieux branchés en font état, en effet, et l’on suppose que le Président Tshisekedi et son prédécesseur Kabila consacraient, dimanche, la bonne fin de leurs pourparlers.
Mais au-delà de ce contexte circonscrit dans le temps, cette rencontre témoigne d’une grande évolution que recommandent les deux principaux personnages dans ce que devraient être les interactions politiques en RDC. depuis l’indépendance de ce pays, en effet, ces rapports se sont toujours déclinés en termes de conflictualité systématiquement émaillée de bains de sang des fils de ce pays.
Pour une première fois, les Congolais devraient se réjouir de voir côte à côte des leaders de deux familles politiques hier farouchement antagonistes, mais aujourd’hui unies derrière la cause du Congo. Les oiseaux de mauvais augure oublient si vite les moments sombres de la toute première cohabitation entre Lumumba et Kasa-Vubu, une cohabitation qui ne dura guère plus de deux mois au sein des institutions avant que le pays n’entame sa descente aux enfers. Ils oublient aussi la cohabitation ratée entre Kasa-Vubu et Tshombe qui déboucha sur une longue dictature (32 ans) de Mobutu, sans oublier les nombreux rendez-vous manqués des transitions entre 1990 et 1997.
Tous ces sombres moments de notre histoire politique trouvent aujourd’hui leur antithèse exemplaire dans cette bonne entente entre Félix Tshisekedi et Joseph Kabila. Il faut alors déplorer toutes ces velléités, tant internes qu’externes, de division qui suggèrent la conflictualité en invoquant délibérément la mésentente qui viendrait faire échec à cette nouvelle coalition qui propose pourtant un nouveau paradigme de la praxis politique au pays de Lumumba.
C’est aussi le lieu ici d’interpeller les premiers parents de cette coalition que sont les cadres du FCC et de CACH pour qu’ils prennent la mesure de la responsabilité historique d’en être les premiers protecteurs et défenseurs. En effet, c’est malheureusement des rangs de ces deux forces politiques au pouvoir que sont partis, ces derniers temps, des assauts attentatoires à cette coalition.
Pour une première fois qu’en RDC, deux chefs d’Etat, l’un en fonction et l’autre partis mais vivant, se contactent dans la bonne entente – comme au Nigeria, au Ghana ou aux USA -, les Congolais devraient l’applaudir et en être fiers.
Yvon Ramazani
