Les membres de la coalition FCC-CACH ne comprendraient-ils donc pas pourquoi ils sont en coalition ? Cette question vaut tout son pesant d’or, car les raisons de la conclusion de cette coalition par les uns et les autres semblent n’être pas les mêmes. Si pour les uns, c’est pour permettre au chef de l’Etat d’avoir une majorité parlementaire et de réaliser sa vision ; pour les autres, c’est pour la paix, l’unité et la stabilité dans le pays. Exception faite aux raisons inavouées. Appelant à la création d’une telle coalition, Joseph Kabila, dans son dernier discours à la nation en tant que chef de l’Etat du 23 janvier 2019, déclarait rejeter la cohabitation classique et préferer la coalition. Coalition, a-t-il précisé, « contre les forces prédatrices qui se sont liguées et qui tenteront toujours de se liguer pour s’accaparer de nos ressources naturelles sans contrepartie pour nos enfants ; coalition pour défendre, y compris aux prix du sacrifice suprême, l’indépendance, la souveraineté et l’intégrité territoriale de notre pays ; coalition pour une prospérité partagée et une cohésion nationale chaque jour renforcée ; coalition pour parfaire les chantiers en cours et en ouvrir d’autres plus ambitieux dans le domaine des infrastructures, du développement agricole, de la transformation locale de nos ressources naturelles, du renforcement de notre leadership sur le continent et sur le marché mondial des minerais stratégiques ; bref une coalition pour un Congo fort et prospère »
La situation de tensions à répétition entre le FCC et le CACH où des incidents sont mis à contribution pour chaque fois en appeler à la fin de cette coalition laisse comprendre que les uns et les autres n’ont jamais maîtrisé pourquoi ils étaient en coalition. Du premier incident où il s’était agi de la responsabilité du chef de l’Etat devant l’Assemblée nationale au dernier incident d’incendie des effigies de Joseph Kabila et de Félix Tshisekedi, il y a lieu de conclure que FCC et CACH se regardent, bien qu’étant en coalition, comme deux chiens de faïence, épiant chacun la moindre opportunité dé déclarer l’autre mauvais ou de montrer ses muscles. Est-ce parce que les voix et clabaudéries des extrémistes dans les deux camps se font plus hautes ? Est-ce parce qu’une partie réaliserait un agenda de l’étranger qui s’alarme de ne pas trouver son compte en RDC en cas de survie de cette coalition ? Est-ce parce que la campagne électorale anticipée rend les coalisés ennemis les uns des autres sur le champ électoral ? Les jours renseigneront et parleront.
Le peuple demande aux coalisés pourquoi ils se sont coalisés. Les réponses de Félix Tshisekedi aux questions relatives aux raisons d’acceptation de la conclusion de cette coalition montrent bien que le problème n’est ni lui, ni son partenaire politique Joseph Kabila. Il leur revient donc de maîtriser et d’invectiver leurs troupes pour les rappeler à l’ordre, à la décence, à la noblesse et à l’élégance politiques. La levée des boucliers entre les militants de ces deux alliés s’accompagne toujours des actes de vandalisme, et une guerre civile est toujours appréhendée entre eux.
Que les incidents enregistrés jusqu’ici poussent les bonzes des deux camps à préciser les termes de leur accord de coalition pour les prévenir s’ils tiennent encore à cette coalition. Est-ce une coalition rien que pour la commodité de gestion commune jusqu’en 2023 selon les compétences, attributions et prérogatives constitutionnelles de chacun ? Est-ce une coalition qui ira jusqu’après 2023 supposant que le futur candidat Président de la République viendra de ses rangs ? La vie de la coalition s’achèvera-t-elle avec les échéances électorales ? Quelles sont les conséquences politiques et juridiques de la conclusion de la coalition FCC-CACH ? Quelle attitude adopter en cas de survenue d’un incident ? Comment encadrer les militants des deux camps pour qu’ils cessent de débordement en cas de problème et privilégient chaque fois le dialogue pour dissiper les malentendus ?
La coalition FCC-CACH est-elle un mariage des dupes où la duplicité du cœur bat son plein ? Quelle est la part du peuple dans les bravades et ou les démonstrations de force entre le FCC et le CACH ? Le FCC ou le CACH ne savent-ils pas mettre un peu d’eau dans leur vin en cas de problème ? Voilà quelques unes des questions auxquelles les cadres de deux camps doivent répondre.
A l’occasion de la célébration de la journée de la base ce mardi 12 novembre au siège du parti sur la 11è rue Limete, Jean-Marc Kabund, le Président ad interim du parti présidentiel, a tenu des propos montrant un ras-le-bol pas salutaire pour la survie de la coalition, des propos révélateurs du malaise qui prévaut au sein de la coalition FCC-CACH et qui n’augure pas un bel avenir pour la coalition. Pourtant celle-ci a jusqu’ici permis au pays d’éviter une cohabitation conflictuelle où les cadres du pays se mettraient les batons dans les roues au point de se neutraliser au grand dam de la nation.
Samy BOSONGO
