EFFETS COVID-19 : AVEC 1,1% DE CROISSANCE, LA RDC AU BORD DE LA RÉCESSION

Pour faire face aux chocs dus au coronavirus, le Gouvernement a, contrairement à une certaine opinion, consenti des sacrifices en termes de délestages de la plupart de ses recettes qui alimentent le trésor afin de soutenir l’activité économique et les ménages. Cependant, des négociations sont déjà en cours avec des partenaires pour, notamment, le rééchelonnement de la dette.

La République démocratique du Congo accuse déjà les contrecoups de la pandémie du coronavirus dont le premier cas a été déclaré le 10 mars 2020. Au terme des analyses menées par une équipe pluridisciplinaire commissionnée par le Premier ministre, en effet, il a été constaté que la volatilité qui caractérisait les indicateurs macroéconomiques depuis 2019 après une période de croissance va s’aggraver inexorablement. Selon le mémorandum adressé par cette équipe au Premier ministre et que congovirtue.org a pu consulter, « l’aggravation de ces vulnérabilités auront des conséquences extrêmement graves sur la RDC, d’autant plus que son économie est dépendante de l’extérieur et l’Etat ne dispose que d’une très faible marge de manœuvre. » Déjà, poursuit le document, « les prévisions révisées de croissance tablent sur un taux de 1,1% en 2020 au cas où la crise s’arrêterait au mois de juin 2020 ».

Au-delà, ces chocs plongeraient l’économie congolaise dans la récession et « la RDC, qui enregistre déjà plusieurs dizaines de cas de contamination, subirait alors de durs effets directs et indirects de cette pandémie sur le plan macroéconomique ». Depuis le début de l’année déjà, la RDC « présentait des vulnérabilités avant le choc lié au covid-19 : ralentissement de la croissance, baisse des excédents de la balance de paiement, déficit budgétaire occasionné par les dépenses sécuritaires, sanitaires, de prise en charge des catastrophes, etc. »

Pour atténuer un tant soit peu ces perspectives, l’équipe pluridisciplinaire a formulé une batterie de propositions de mesures à prendre. Celles-ci visent à soutenir l’offre des produits de première nécessité en faveur de l’économie (14 mesures), soutenir la demande de ces produits en faveur des ménages (4 mesures), assurer l’ajustement budgétaire en faveur de la politique budgétaire (5 mesures) ; préserver la stabilité du cadre macroéconomique et garantir le bon fonctionnement du secteur financier (18 mesures). D’autres mesures pratiques cibles plusieurs activités liées notamment à la paie des salaires, la construction des tentes pour accueillir les malades du covid-19, la sensibilisation, la logistique (3 mesures), sans oublier le suivi et l’évaluation de la mise en œuvre de toutes ces mesures.

Outre les dépenses que l’Etat est appelé à effectuer dans la riposte contre le covid-19, les différentes mesures sus-évoqués se déclinent aussi en terme des finances, étant donné que le Trésor public est obligé de se délester de certaines recettes.

Au nombre de ces mesures figurent, en effet, l’exonération de tous impôt, droit, taxes et redevance sur l’importation et la vente des intrants et produits pharmaceutiques ainsi que sur les matériels et équipements médicaux liés à la pandémie pendant une période de six mois ; la suspension, pendant trois mois, du paiement de l’impôt sur le revenu locatif à charge des entreprises ; la suspension, durant une période de trois mois, de l’application des pénalités en cas de retard dans le dédouanement des marchandises de première nécessité. Autres mesures : la suspension de la mesure d’imposition de l’IPR qui coûte à l’Etat 54 milliards de FC, soit plus de Usd 31 millions ; la suspension pour trois mois de la perception de la TVA à l’importation sur la production et la vente des produits de première nécessité, la baisse du taux directeur de 9% à 7,5%, etc.

Par contre, dans le but d’assurer les ajustements budgétaire nécessaire, il est recommandé, notamment, l’amélioration des ressources par la reconnaissance de la prééminence des dépenses contraignantes (rémunération) et prioritaires (santé et relance de l’économie ; la mobilisation des appuis budgétaires et à la balance des paiements (Banque mondiale, FMI, BAD, Afrexim…) – les lettres de requête sont déjà lancées aux partenaires -, les négociations avec les partenaires pour le rééchelonnement de la dette extérieure, etc.

Bref, autant de mesures qui mettent en exergue les sacrifices consentis par le Gouvernement pour faire face aux chocs dus au covid-19.

JEK

 

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