ISRAËL-PALESTINE : TSHISEKEDI ENGAGE LA RDC SANS LA RDC

Alors que la diplomatie est un demaine de collaboration avec le Gouvernement, le chef de l’État engage le pays dans la délicate question israélo-palestinienne sans concertation avec l’exécutif national. Une dangereuse allégeance solitaire aux américains qui ne démontre aucun gain pour la RDC et ne viserait clairement qu’à infléchir l’écosystème politique interne au profit d’un leadership personnel, alors qu’elle énerve gravement la neutralité de l’UA sur cette question et pose une hypothèque sur la diplomatie congolaise dans la géopolitique internationale clivée sur cette même question.

En quelque 14 mois de pouvoir, Félix Tshisekedi s’est rendu quatre fois aux États-Unis d’Amérique. Trois visites reconnues comme officielle et une, l’avant dernière, demeurée mystérieuse à ce jour.

Officiellement, comme dans d’autres pas qu’il a visités, le chef de l’État dit vouloir relancer la diplomatie et repositionner la RDC sur l’échiquier international. Un souci somme toute légitime, mais qui doit s’accompagner, en plus du discours, de mesures et actes pouvant rassurer pour (ré)valoriser la RDC comme destination des affaires.

En 14 mois de pouvoir, force est d’observer que la volonté est demeurée dans le discours. A part la mise sur pied très récente d’une cellule du climat des affaires dont les attributions font, cependant, craindre des conflits de compétence avec le ministère du plan qui a cette compétence avec cet outil de l’État qu’est l’Agence national de promotion des investissements (Anapi).

Félix Tshisekedi avance tout de même sous le couvert de cette volonté affirmée, mais jusqu’où n’aurait-il pas trop loin pour ne pas franchir les lignes infranchissables sous peine de placer le pays sous la coupe réglée des américains et l’engager ainsi dans une spirale géopolitique internationale dont il (le pays) ne tirerait aucun profit, sinon s’aliéner d’autres horizons politiques plutôt avantageux ? On n’a pas à tourner autour du pot pour dire que cette interrogation est suscitée par la posture diplomatique affichée à Washington sur la question israélo-palestinienne en se rangeant derrière la position américaine.

Cette posture a résonné comme un coup de tonnerre aussi bien au sein même du gouvernement que dans des cénacles diplomatiques en Afrique et à travers le monde.

 

Tshisekedi engage la RDC sans le Gouvernement

La diplomatie étant l’un des trois domaines de collaboration entre le chef de l’État et le Gouvernement, des sources introduites au sein de celui-ci affirment que la question israélo-palestinienne n’a jamais fait l’objet d’une concertation préalable avec l’exécutif national. En poussant la logique plus loin, on peut se demander si le Parlement n’aurait pas dû être consulté sur une option diplomatique aussi grave.

Et à l’échiquier africain, Félix Tshisekedi, qui assure la vice-présidence de l’Union africaine, a transgressé la neutralité de l’organisation panafricaine sur cette même question.

En s’engageant sur cette délicate question israélo-palestinienne pour faire plaisir certainement à ses appuis américains sans aucune démonstration du gain que cela rapporterait à son pays, le Président Tshisekedi a suscité de gros embarras dans le macrocosme géopolitique international dans les clivages sur cette question sont connus même de l’étudiant en relations internationales le plus moyens. Pour un pays qui aspire à se (ré)positionner sur l’échiquier international, cette option sur la délicate question israélo-palestinienne est une grosse hypothèque diplomatique que la RDC, en son état actuel, est incapable de couvrir.

 

Un choix pour un leadership personnel ?

En fin de compte, on est fortement tenté de se convaincre que ce risque diplomatique pour le moins inconsidéré trouverait sa justification dans l’écosystème politique interne à la RDC. Les observateurs sont, en effet, fortement tenté de croire qu’avec l’appui de Uncle Sam, Félix Tshisekedi entreprendrait de s’affranchir de son partenariat politique, au besoin par un coup de force. Cependant, ici aussi, les observateurs se demandent si Tshisekedi a pris la bonne mesure des conséquences qui adviendraient au pays tout entier dans sa volonté d’imposer son propre leadership sans faire la moindre démonstration des gains pour la RDC…

Jonas Eugēne Kota

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