GILBERT KANKONDE : RÉCIDIVISTE SUR ILUNGA OU ‘’EXÉCUTEUR’’ ?

Avant d’impliquer le Premier ministre dans des ordonnances que celui-ci ignore, le VPM a l’intérieur avait déjà été interpellé à deux reprises pour ses libertés dans ses fonctions : d’abord avec sa réhabilitation du Gouverneur du Kongo central en décembre 2019 sans informer le chef du Gouvernement qui l’apprendra à la télévision ; ensuite dans l’affaire de l’interpellation de la députée nationale Jaynet Kabila à Ndjili par la DGM qui relève de l’Intérieur. Des antécédents qui sème une crise de confiance et suscite des interrogations sur la sentence que le PM pourrait réserver à son VPM…

Le Vice-premier ministre en charge de l’Intérieur et sécurité est celui par qui la nouvelle crise au sein de l’Exécutif national est arrivée. C’est, en effet, Gilbert Kankonde qui a contresigné, au nom du Premier ministre, des ordonnances présidentielles, outrepassant le cadre de l’intérim que Sylvestre Ilunga lui avait laissé avec des indications précises : tout courrier devait être réceptionné à la Primature avant sa réorientation ; le joindre en cas de nécessité.

Le Premier ministre ne décolère pas de s’être vu ainsi zappé dans une démarche qui procède manifestement d’un coup monté. Tout se passe, en effet, pendant son bref séjour à Lubumbashi sur instruction du chef de l’Etat. Son intérimaire ni personne d’autre ne l’informe pas des ordonnances en instance de signature ; en plein conseil des ministres, ces ordonnances sont publiées sans avoir été discutées comme l’exige l’article 81 de la constitution.

Gilbert Kankonde, intérimaire de Sylvestre Ilunga, est parfaitement au courant de tout ce qui se passe, c’est-à-dire la signature des ordonnances et leur publication, mais n’en dit mot à son mandant. Et le clash se produit pendant que le VPM se tait  dans toutes les langues.

En réalité, Kankonde n’en est pas à son premier coup du genre avec le Premier ministre qui, à deux reprises par le passé, a déjà eu à l’interpeller par des demandes d’explication sur les libertés qu’il se donne souvent dans ses fonctions au sein du Gouvernement.

Les antécédents des « infidélités » de Kankonde avec Ilunkamba

Début décembre 2019, Sylvestre Ilunga lui adresse une première demande d’explication sur son initiative de réhabiliter les Gouverneur et vice-Gouverneur du Kongo central en suspension (mesure préventive) pour raison d’enquête dans l’affaire du scandale sexuel de triste mémoire. Comme avec les ordonnances querellées, le Premier ministre est informé de cette réhabilitation par voie des médias comme tout le monde. Le VPM Kankonde avait notifié la mesure aux concernés par un télégramme sans ampliation au chef de l’Exécutif national dont relève les exécutifs provinciaux.

Gilbert Kankonde expliquera avoir pris une telle mesure conformément aux dispositions réglementaires limitant à un mois une suspension pour raison d’enquête. Le fait est, cependant, que le VPM à l’Intérieur aura, dans cette affaire, brillé par une passivité particulièrement active au point qu’une opinion bien répandue, surtout sur la place de Matadi, lui attribue un intérêt particulier dans cette affaire.

En effet, le patron de la territorial avait, avec lui, la loi portant code de bonne conduite de l’agent public de l’Etat qui lui donne pleins pouvoir de mener une action disciplinaire qui n’est pas suspensive en cas d’action judiciaire comme en son temps avec la Cour de cassation. Tout dernièrement encore, la même passivité s’observera, d’abord avec l’arrêt de la Cour constitutionnelle confirmant la déchéance du Gouverneur Atou Matubuana, et, ensuite, avec l’injonction du Procureur général près la même Cour demandant au Gouverneur déchu de cesser ses fonctions et au VPM d’organiser l’intérim.

Deuxième cas, l’affaire de l’interpellation, en janvier 2020, de la députée nationale Jaynet Kabila à l’aéroport international de Ndjili. Sylvestre Ilunga demandait aussi à Gilbert Kankonde de lui fournir les détails de cette affaire qui, selon lui, relevait d’un « comportement délibérément désobligeant des fonctionnaires de la Direction générale des migrations ». Son intérêt se justifiait du fait, d’une part, que la DGM relève du Gouvernement par le ministère de l’Intérieur et, d’autre part, que cet acte envers un membre d’une autre institution, l’Assemblée nationale, était de nature à provoquer une crise interinstitutionnelle.

Le comportement de cette même DGM se répètera plusieurs fois encore jusqu’à provoquer une crise qui amènera à une rencontre entre le Président Tshisekedi et le Sénateur Kabila, chefs des coalisés du FCC-CACH.

Kankonde récidiviste ou exécuteur ?

Aujourd’hui, avec ce qui vient de se passer, il se pose un sérieux problème de confiance et d’animus operendi entre le Premier ministre et son adjoint protocolaire direct. L’on ne sait pas quelle suite Sylvestre Ilunga compte réserver à cette nouvelle indélicatesse.

Surtout qui a les apparences d’un acte préméditée. En effet, outre les indications ci-haut évoquées, l’on constate qu’en dehors de l’intérimaire Kankonde, deux autres intérimaires ont contre signés des ordonnances au nom de leurs titulaires indisponibles. Il s’agit du Vice-ministre de la Justice au nom du VPM Tunda qui a récemment démissionné ; et du ministre délégué à la défense au nom du titulaire qui se trouvait à Lubumbashi dans la suite du Premier ministre.

Le dénominateur commun de tous ces intérimaires est qu’ils sont tous issus de l’Udps, le parti présidentiel…

Alors, récidiviste impénitent ou « exécuteur » ?

JEK

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