TSHISEKEDI A BRUXELLES : QU’ATTENDRE DE LA BELGIQUE ?

Bruxelles, 16 sept. 2019 (ACP).- Le Président de la République démocratique du Congo, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, est arrivé lundi en début de soirée à Bruxelles pour un séjour d’une semaine au Royaume de Belgique. Son programme prévoit, notamment, une rencontre, ce mardi, avec le Roi Philippe au palais royal av ant d’être l’hôte, dans la soirée de ce même mardi, du Premier ministre Charles Michel à sa résidence officielle du Lambermont.

Mercredi prochain, le Chef de l’Etat congolais se rendra à Anvers pour une visite du port et une rencontre avec les opérateurs du secteur du diamant. Dans l’après-midi, il sera l’hôte de la Fédération des Entreprises de Belgique (FEB) où il s’adressera aux entrepreneurs belges, avant un dîner offert par la Chambre de Commerce, d’Industrie et d’Agriculture Belgique-Luxembourg-Afrique-Caraïbes-Pacifique (CBL-ACP).

Pour la journée de jeudi, le programme de Félix Tshisekedi prévoit une visite du Centre de recherche TERRA de la Faculté de Gembloux Agro-Bio Tech dédié à l’agriculture. Il s’y entretiendra aussi avec les autorités académiques et les professeurs de l’Université de Liège.

Sa journée de jeudi se clôturera, dans la soirée, par une rencontre à Bruxelles avec la diaspora congolaise de Belgique et d’autres pays de l’Europe qui ont fait le déplacement de la capitale belge.

Côté « officiel », le Chef de l’Etat congolais assistera à la signature de quatre mémorandums d’entente et lettres d’intention portant, entre autres, sur la réouverture des consulats de la Belgique à Lubumbashi et congolais à Anvers. Il est, par ailleurs, envisagé la définition d’un programme intérimaire de coopération au développement, l’établissement d’un dialogue politique à haut niveau entre Kinshasa et Bruxelles, ainsi que la reprise de la coopération militaire.

 

Retour sur le clash entre Kinshasa et Bruxelles

Félix Tshisekedi est arrivé en Belgique qui est en rupture des relations avec la RDC depuis 2017 suite à des frictions diplomatiques lorsque le Gouvernement congolais accusait la Belgique d’ingérence dans ses affaires intérieures. Bruxelles avait alors décidé de revoir sa coopération avec Kinshasa en réorientant sa décision de réorienter un quart des moyens de la coopération gouvernementale (25 millions d’euros) destiné au soutien de la population à travers la société civile, les universités ou les institutions scientifiques, vers le secteur associatif et humanitaire. En avril 2017 déjà, Kinshasa avait suspendu de sa coopération militaire avec Bruxelles avant d’annoncer la fermeture, en janvier 2018, de la Maison Schengen, la fin des activités de l’agence belge de développement (Enabel) et la réduction de la fréquence des vols de Brussels Airlines entre les deux pays.

Quatre mois après sa prise du pouvoir, soit à la mi-mai 2019, le Président Tshisekedi avait annoncé la reprise de la coopération militaire avec la Belgique. Le chef de l’Etat congolais venait alors de recevoir à Kinshasa Renier Nijskens, envoyé spécial pour la région des Grands Lacs, et le général-major Philippe Boucké, adjoint du chef de l’état-major de la Défense, tous deux représentants du ministre belge des Affaires étrangères Didier Reynders. Un communiqué de la Présidence congolaise annonçait aussi qu’« entre la République démocratique du Congo et le Royaume de Belgique, l’heure est à la reprise bilatérale multisectorielle, singulièrement dans le domaine militaire », tandis que la délégation belge indiquait qu’« un échange d’ambassadeurs pourra intervenir prochainement ».

 

Qu’attendre de la Belgique aujourd’hui ?

Autant que ses prédécesseurs, Félix Tshisekedi est conscient de la valeur historique des relations entre la Belgique et la RDC qui, jusque-là, justifiait la coopération privilégiée entre les deux pays. Cependant, avec l’évolution de la géopolitique, la Belgique est consciente de l’érosion de ces privilèges avec l’ouverture des marchés congolais à d’autres partenaires dont ceux des puissances émergentes. Aujourd’hui, en effet, au terme d’une rencontre, hier à Bruxelles, entre les entrepreneurs congolais conduits par la FEC et leurs collègues belges, ces derniers se sont montrés quelque peu réticents à s’engager en RDC en attendant des éclaircis en termes de climat des affaires, entre autres. Il faut noter, cependant, que la Belgique a, ces dernières années, sensiblement réduit sa présence dans l’économie congolaise au profit d’autres opérateurs dont des asiatiques, des indiens, etc. Le plus récent départ est celui des capitaux belges au sein de la Banque commerciale du Congo (BCDC) présente en RDC depuis 1910, mais qui vient d’être rachetée par une banque kényane, Equity Bank Group.

Par ailleurs, à Bruxelles, l’establishment politique s’est sensiblement débarrassé du regard paternaliste sur la RDC pour laisser passer une coopération décomplexée après les nombreux clashes qui ont eu à énerver certains milieux politiques belges par rapport à la politique de leurs dirigeants. La reprise annoncée devra donc mettre quelques temps avant d’être effective. En effet, comme indiqué plus haut, la signature des documents y relatifs lors du séjour bruxellois de Félix Tshisekedi se conjugue encore au conditionnel.

A ne pas oublier, non plus, que la Belgique traverse actuellement une période de transition en attendant la mise en place d’un nouveau Gouvernement.

Jonas Eugène Kota

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