SANCTIONS CONTRE GATA ET MUKONGO : JOSEPH KABILA CIBLÉ !

Les permanents de la RDC aux Nations-Unies (New York et Genève) ont été sanctionnés sur injonction des USA pour avoir soutenu la Chine. Une sanction en ciblage direct de l’ancien Président Joseph Kabila  pour son souverainisme au profit du partenariat gagnant-gagnant avec la Chine contre le néocolonialisme occidentale qui, aujourd’hui, revient au galop…

On en sait un peu plus sur la révocation surprise des permanents de la RDC aux Nations-Unies, Ignace Gata (New York) et Zénon Mukongo (Genève). Le cabinet de la Vice-Première ministre en charge des Affaires étrangères avait tenté de justifier leur relève par le souci de renouveler les mandats des diplomates congolais dont 95% seraient au-delà des 4 ans réglementaires (on a parlé de 7 ans pour le cas de Gata).

La vérité aura finalement été ailleurs, bien au-delà même des frontières congolaises. La vérité, selon des sources dignes de foi, est que Washington n’avait pas supporté l’affront subi lors du vote sur la région autonome de Xinjiang en Chine à la 41ème session du conseil des droits de l’homme et à la 3ème session de l’assemblée générale de l’ONU en octobre dernier. Les représentants de la RDC avaient donc soutenu la position de la Chine, ce qui n’a pas du tout été apprécié par les Etats-Unis qui ont ainsi réclamé et obtenu les têtes d’Ignace Gata et Zénon Mukongo, deux hauts cadres de la diplomatie congolaise connus pour leur grande expérience.

Du début à la fin, la démarche de leur sanction a, à ce point, été entachée d’irrégularités que la Sénatrice Francine Muyumba a adressé une question écrite à la VPM Marie Ntumba Nzeza. Francine Muyumba dénonce la violation de la Constitution en ce que la sanction des deux permanents de la RDC à Genève et New York n’a pas été délibérée en conseil des ministres et le chef de l’Etat, qui en a la compétence, ne figure nulle part dans la démarche.

En attendant, la « centrale »(ministère des Affaires étrangères) a perdu de sa quiétude depuis l’éclatement de cette affaire qui met désormais aux prises la VPM et l’administration à travers le Secrétaire général Ileka Atoki, un autre diplomate chevronné. Interpellé le 26 novembre 2019 par une demande d’explication sur l’instruction qu’il avait donnée aux permanents de la RDC pour le soutien à la Chine, Ileka administre à la VPM/Affaires étrangères, face à l’hégémonie américaine qui tente de phagocyter la diplomatie congolaise, une leçon sur les relations internationales et l’histoire de la coopération sino congolaise.

Sans détour, Christian Ileka, qui dit avoir préalablement donné sa position verbalement à la VPM, confirme, dans sa réponse écrite, « avoir, en juillet 2019, approuvé le soutien à la République populaire de Chine lors de la 41ème session du Conseil des droits de l’homme qui s’était tenu à Genève du 24 juin au 12 juillet 2019 ». Sans désemparer, il soutient également que « par souci de cohérence de notre position nationale, ledit soutien a été réitéré lorsque cette question a été ultérieurement débattue au cours des travaux de la 74ème session ordinaire de l’Assemblée générale de l’ONU ».

Du reste, le SG des Affaires étrangères rappelle que les instructions aux permanents de la RDC à New York et à Genève ont été régulièrement données en parfaite concertation avec « les autorités gouvernementales compétentes, plus précisément le Ministre a.i des Affaires étrangères et intégration régionale, et, la Ministre aux Droits humains ». Même si elle est nouvelle, la VPM Marie Ntumba avait dûment été informée du dossier à la remise et reprise, ainsi que lors de ses échanges sur le dossier avec le Secrétaire général Ileka Atoki.

 

Pourquoi Kabila est ciblé

Tout est donc limpide jusque-là, mais on se demande bien à quel niveau aurait intervenu une quelconque divergence de vues pour en arriver à cette mini crise dans la diplomatie congolaise à une période où le pays en a le moins besoin. L’on comprend tout de suite que, dans le fond, l’affaire n’est pas le fait d’un quelconque dysfonctionnement interne mais bien le fruit d’une manipulation extérieure, précisément des Etats-Unis d’Amérique qui semblent avoir mis la diplomatie congolaise sous coupe réglée.

La RDC ferait donc les frais de la quasi belligérance entre Washington et Pékin. Pendant plus de dix ans, en effet, la RDC et la Chine ont entretenu des relations privilégiées au détriment de la diplomatie occidentale rejetée par Kinshasa en raison de son interventionnisme et sa tendance à une néo colonisation affectant l’indépendance et la souveraineté de la RDC. Aujourd’hui, la lecture trahit une offensive américaine visant à démanteler cet acquis du mandat de Joseph Kabila par les Américains qui ne cachent pas leur propension à un certain triomphalisme, heureusement tempéré par la coalition FCC-CACH qui donne des insomnies à Washington.

Si, à Kinshasa, l’ambassadeur Hammer (qui s’est surnommé Nzita, un nom Kongo) semble évoluer au Palais de la Nation et à la Cité de l’Unio africaine comme, dans son jardin, distribuant des injonctions à peine voilée, cela donne bien l’indication sur l’attitude ascendante des USA sur la RDC qu’ils considèrent comme conquise. Raison pour laquelle les « impudents » de New York et Genève devaient être « punis » pour l’exemple.

L’on doit, cependant, regarder par-dessus cette mainmise américaine sur la diplomatie congolaise pour peser les avantages et les pertes qu’elle occasionne dans le dispositif du développement de la RDC. Voir ce que le pays peut obtenir dans l’immédiat des Américains, que les Chinois ne peuvent pas proposer. Pas la peine d’y réfléchir longtemps et de constater que le pragmatisme tant attribué aux impérialistes occidentaux n’a pas de commune mesure avec celui des puissances émergentes comme la Chine, aujourd’hui deuxième économie mondiale.

En voulant démanteler les acquis de la coopération sino congolaise consolidés par Joseph Kabila, c’est non seulement un trait que l’on tire sur cette amitié dont a bénéficié la RDC dans ses moments les plus difficiles, mais aussi une prime que l’on donne à une coopération des conditionnalités qui ne repose sur aucun acquis particulier, sinon la seule firme de droit américain, Tenke Fungurume, qui, d’ailleurs, s’est décapitalisée en RDC.

 

RDEC-Chine : une coopération a préserver

C’est donc à juste titre que, dans sa réponse à la VPM Marie Ntumba Nzeza, l’Ambassadeur Christian Ileka retrace l’historique coopération sino congolaise « Depuis l’établissement de nos relations diplomatiques en novembre 1972 », écrit-il, « la Chine a toujours entretenu d’excellentes relations de coopération avec la RDC ». Aujourd’hui encore, elle « s’affirme de plus en plus en partenaire économique et commercial privilégié » comme le plus grand exportateur et importateur, de même que le plus grand investisseur en RDC, intervenants dans les domaines les plus diversifiés de sa vie nationale tels que les infrastructures, l’agriculture, la santé, l’éducation, les TIC, etc.

A ne pas oublier, non plus que la Chine avait volé au secours de la RDC en parrainant le contrat d’infrastructures contre les minerais entre la Gécamines et un consortium d’entreprises chinoises. Ce contrat avait permis de lancer le programme des cinq chantiers de la République bloqué durant près de deux ans par les conditionnalités de la coopération occidentale

En diplomatie, les relations entre Kinshasa et Pékin se sont traduites par des soutiens mutuels dans les cénacles internationaux. La Chine a, par exemple, milité pour l’entrée de la RDC au Conseil des droits de l’homme de l’ONU. Elle a toujours soutenu la ligne de défense des intérêts de la RDC.

Et l’ambassadeur Ileka Atoki de conclure si judicieusement : « C’est uniquement dans ce contexte de réciprocité que (…) notre pays a apporté son appui à la déclaration soutenant les efforts de la Chine pour combattre le terrorisme et l’extrémisme religieux dans la province autonome de Xinjiang, tout en évitant soigneusement que la rivalité multiforme entre la Chine et les USA se répande sur le territoire congolais ».

Ileka Atoki a-t-il été compris ?

Yvon Ramazani

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