PALAIS PRÉSIDENTIEL : LA DCMP CONFIRME LA DEMANDE POUR LA DCHTCC

A la Direction de Contrôle des Marchés Publics (DCMP), des sources sont formelles : la demande d’une autorisation spéciale pour la passation d’un marché de gré à gré en vue, notamment, de la construction d’un palais présidentielle existe bel et bien. « Elle est récente et émane bel et bien de la Présidence de la République », affirme, sous le sceau de la confidence, un technicien de cet organe contribuant à la transparence dans les marchés publics aux fins de la lutte contre la corruption et le coulage des recettes de l’Etat.

Une autre source, proche du Palais de la Nation, confirme qu’en 2015, une étude de faisabilité avait été financée par le Trésor public à hauteur de Usd 320.452, mais le projet avait été abandonné pour des raisons financières. Du reste, ce projet figure régulièrement sur les budgets de l’Etat depuis 2014.

Retour à la DCMP, notre source soutient qu’à ce jour, aucune suite n’est encore donnée à la demande sous examen au regard d’un certain nombre d’irrégularités qui l’accompagnent. On parle d’abord de la société attributaire qui ne justifie d’aucune expérience, contrairement aux spécifications contenues dans la lettre du Dircaba du Chef de l’Etat qui en nie l’authenticité, appuyé en cela par le porte-parole du Chef de l’Etat à travers un tweet. « Le choix de la société susvisée comme attributaire du marché se justifie notamment par le fait qu’elle a une expertise avérée pour avoir déjà exécuté par le passé des travaux analogues comme l’attestent les preuves en annexes », peut-on, en effet, lire dans ladite lettre datée du 13 juin 2019.

Seulement, la Democratic Congo High Tech Construction Company (DCHTCC) n’est immatriculée au Guichet unique de création des entreprises que depuis mai 2019. De plus, cette société figure sur le site du guichet sous « avis de publication » depuis seulement le 31 mai 2019, soit deux (2) semaines seulement avant la demande de la Présidence, ce qui souligne encore sa jeunesse. Et la DCHTCC tombe sous le coup de cette jeunesse par rapport à l’article 23 de la loi portant marchés publics en RDC en ce qu’elle ne dispose pas de qualification évoquée dans cet article pour accéder à un marché public, surtout de cette importance.

En clair, l’« expertise avérée » alléguée dans la lettre sous examen ne serait qu’imaginaire, autant que les preuves supposées de ses marchés antérieures.

 

Lire notre précédent article à ce lien : http://congovirtuel.org/presidence-de-republique-lettres-chiffres-choquent/

 

Ce n’est pas tout. La justification de la procédure de gré à gré avancée dans la demande de la Présidence de la République se heurte aux dispositions de l’article 27 du manuel de procédure accompagnant la loi relative aux marchés publics. Cet article stipule, en effet, que « les marchés spéciaux ne concernent que l’acquisition des équipements ou fournitures et les prestations de toute nature, strictement liées à la défense nationale, à la sécurité et aux intérêts stratégiques de l’Etat… ». Le projet de réhabilitation de la cité de l’Union africaine et du Palais de, la nation, ainsi que la construction d’un palais présidentiel ne rentre pas dans ces catégories.

Quant au montant du marché avancé dans la lettre de la Présidence de la République, soit 180 millions d’euros (près de 200 millions Usd), il apparaît plus que largement exagéré, même s’il inclue des travaux de réhabilitation. Le budget 2016, par exemple, prévoyait 2,1 millions USD pour la construction du palais présidentiel. Pour l’exercice 2019, le budget prévoit des crédits de l’ordre de 343.445 Usd.

De l’ensemble de ces éléments, l’on comprend l’embarras suscité par la divulgation de la lettre du Dircaba du Président de la République, mais aussi l’empressement de la communication pour en diluer l’impact dans l’opinion d’où fuse une vague d’indignation par rapport aux véritables urgences sociales qui, elles, sont plus que réelles.

Jonas Eugène Kota

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