FCC/SÉNAT : THAMBWE MWAMBA, LE CHOIX DE LA NEUTRALITÉ

En désignant l’ancien ministre de la Justice, Joseph Kabila a choisi de préserver l’unité et la cohésion au sein de sa famille politique en évitant de cristalliser les antagonismes hostiles qui se profilaient déjà, notamment entre le PPRD et ses partis satellites et l’AFDC/A. Depuis 2006, en effet, Thambwe Mwamba évolue au sein de la majorité kabiliste comme personnalité indépendante. Un choix qui assure aussi l’équilibre régionale (géopolitique à la congolaise) au sein des institutions pour le FCC : le Nord-Ouest au perchoir de l’Assemblée nationale, le Centre à la Primature et, à présent, le Sud-Ouest au Sénat.

Le Sénateur Joseph Kabila Kabange, autorité morale du Front commun pour le Congo (FCC), a, après consultation de sa famille politique, jeté son dévolu sur la personne d’Alexis Thambwe Mwamba pour être candidat du FCC à la présidence du Sénat. Ce choix vient ainsi couper court à la spéculation qui tendait à pourrir l’ambiance au sein de ce regroupement politique majoritaire pour l’ultime joute électorale au bureau du Sénat.

Jusque-là, en effet, le regroupement AFDC/A tenait à ce que la candidature à ce poste lui soit attribuée pour le compte du FCC. Forte de sa position de deuxième force politique du FCC, le regroupement de Bahati Lukwebo se plaignait de ce que les autres postes au sein des institutions nationales (Primature et Assemblée nationale) ainsi qu’en provinces (gouvernorats et assemblées provinciales) ont été presque tous raflés par le PPRD et ses partis satellites. Modeste Bahati estimait ainsi que serait une équité que ce dernier poste en vue soit attribué à son regroupement.

Fidèle à sa réputation de personnalité insondable, Joseph Kabila a encore surgit là où personne ne l’attendait. Même si, cette fois-ci, le nom de Thambwe Mwamba circulait déjà, sa désignation laisse transparaître la logique et le souci du Président Kabila de couper la poire en deux pour éviter de laisser s’asseoir et se cristalliser cette sorte d’antagonisme hostile qui s’établissait entre les différents regroupements au sein du FCC avec le risque de fragiliser son unité et sa cohésion.

En effet, depuis les premières élections de 2006, Alexis Thambwe Mwamba a toujours évolué comme personnalité indépendante et, donc, n’appartenant ni à un parti ni à un regroupement politique. Cette posture lui laissait politiquement les mains libres dans l’assomption des fonctions ministérielles qui lui étaient confiées tout en gardant intacte sa loyauté envers son autorité morale. Thambwe Mwamba se révèle donc comme le choix de la neutralité pour Kabila qui renvoie dos à dos les protagonistes-antagonistes, préservant ainsi la cohésion interne.

A noter aussi que malgré son insistance à obtenir le perchoir du Sénat pour lui ou pour un autre membre de l’AFDC/A, Modeste Bahati a dû batailler ferme contre sa propre réputation d’homme imprévisible. Il charrie, en effet, un passé d’équilibriste depuis 2010 où il fut cité parmi les créateurs (Kamitatu, Endundo, Mbusa, etc.) du CLP (Centre libéral progressiste) présenté comme un courant au sein de l’AMP de l’époque. Avant cela, il fut parmi les membres du bureau Kamerhe à l’Assemblée nationale à avoir résisté à la demande de démission de tout le bureau faite par sa famille politique. Au départ de Katumbi de la MP, son nom fut également cité comme ce huitième cadre qui devait rejoindre le G7 qui allait ainsi devenir le G8 pro-Katumbi. Bref, autant d’antécédents peu rassurants lorsqu’il faut attribuer la gestion de toute une institution.

Du reste, le dévolu jeté sur Thambwe Mwamba assure, pour le FCC, la bonne représentativité nationale au sein des institutions. Si, en effet, le perchoir de l’Assemblée nationale est occupé par une ressortissante du Nord-Ouest, la Primature revient au centre et, à présent, le Sénat à l’Est-Sud.

D’ores et déjà, l’ancien ministre de la Justice se dit reconnaissant lorsqu’il estime que « c’est un très grand honneur que notre autorité morale, le président honoraire Joseph Kabila, m’a fait en me désignant comme candidat président du Sénat ». Thambwe Mwamba se dit convaincu du soutien dont il va bénéficier du FCC au moment de l’élection, du moins à voir l’ovation qui lui a été réservé lors de sa présentation à tous les chefs des regroupements politiques du FCC.

Cependant, ce choix final de l’autorité morale du FCC n’a pas tempéré les ambitions de l’AFDC/A qui a décidé de maintenir et confirmer la candidature de Modeste Bahati Lukwebo à ce même poste. Le président de ce regroupement, Placide Mutabunga, tout en réaffirmant sa loyauté à l’autorité morale et l’attachement de son regroupement politique au FCC, a expliqué que le maintien de la candidature de l’AFDC/A vise à assurer au FCC la victoire et non à semer la discorde.

Evoquant l’expérience de 2006 où la majorité avait perdu le perchoir du Sénat face à un candidat minoritaire, il a fait savoir que cette candidature est un plan « B » à prendre en compte au cas où, dans le processus vers l’élection, celle de Thambwe Mwamba présenterait des risques d’échec. Ce dernier demeure, cependant, serein : « Nous sommes en démocratie. Je souhaite bonne chance à l’AFDC. Mais je pense que le FCC c’est plusieurs regroupements. Je pense que j’ai eu une ovation lorsque le coordonnateur a annoncé que j’étais le candidat désigné par notre autorité morale. J’espère donc que je pourrais gagner cette élection malgré la présence de l’AFDC », a-t-il confié à notre confrère Top Congo fm.

Jonas Eugène Kota

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