MARTIN FAYULU, GENÈVE ACCOUCHE D’UN MORT-NE

Ambiance de révolte de matin à Limete, Peter Kazadi, Dircaba de Fatshi, désabusé. Augustin Kabuya, chargé de mobilisation, en colère. Idem chez Ensemble et à l’UNC. A peine choisi face à Kamerhe, Fatshi et Matungulu, Marti Fayulu suscite plus de rejet que d’approbation de la base de l’opposition. Pour un mort-né, on n’en trouverait nulle part ailleurs, sauf qu’au moins, il aura confirmé son ancrage politique comme candidat de l’Occident.

Ce sera Martin Fayulu Madidi. C’est le Président de l’Ecide et coordonnateur de la Dynamique de l’opposition qui a été désigné par ses pairs réunis à Genève comme leur candidat commun à la prochaine présidentielle. Fayulu sera soutenu par une plate-forme politique également créée sous l’appellation de « Lamuka ». L’on ne sait pas très bien dans quelles conditions ni sur quelle base le choix a été opéré sur la personne de Fayulu. Ce que l’on sait c’est qu’il émane d’un vote effectué à deux tours, vote auquel Fayulu faisait face à Matungulu, Kamerhe et Félix Tshisekedi.

 

« Prenons date ! C’est aujourd’hui que l’opposition a perdu les élections »

Les réactions dans les rangs de l’opposition ne se sont pas fait attendre. Si, à Genève, les participants s’en sont félicité, ce qui est tout à fait normal, il n’en est pas le cas à Kinshasa auprès de la base de ces sept leaders qui étaient réunis sous le coaching occidental d’Alan Doss (Fondation Koffi Anann) et la facilitation de l’Ong sud-africaine In transformation initiative (ITI). L’impression dominante dans les réactions est que cette base se trouve en profonde contradiction avec le choix de ses leaders.

Premier à réagir sur Tweeter, Adam Bombole, cadre d’Ensemble, a déclaré : « Prenons date ! C’est aujourd’hui que l’opposition a perdu les élections. Tout le reste ne sera que formalités ». Intervenant dans la soirée de dimanche sur Top Congo Fm, il a précisé sa pensée en disant que les sept leaders de Genève ont fait le choix de l’hypocrisie sans tenir compte des paramètres de terrain. Adam Bombole dit ne pas croire que les militants de l’Udps pourront voter pour Martin Fayulu, estimant par ailleurs que le choix judicieux aurait été celui de Félix Tshisekedi ou, à la limite, Vital Kamerhe.

 

Ambiance de révolte à Limete

La réaction la plus virulente est venue de l’Udps même, par la bouche de Augustin Kabuya, Secrétaire général adjoint de l’Udps chargé de la mobilisation. Furieux, Kabuya dit ne pas se reconnaître en ce choix. Tout en annoncant une réunion du parti ce lundi, il déclare que l’Udps n’a pas combattu 36 ans durant pour se retrouver dans des coalitions pour un candidat commun. « C’est trahir la mémoire d’Etienne Tshisekedi », se plaint-il encore.

Sans se soucier du fait que son Président Félix Tshisekedi a participé aussi au choix de Fayulu, Augustin Kabuya rappelle la séquence historique de Sun City pour souligner que l’Udps n’est pas prête à accepter un nouveau Z’Ahidi Ngoma. Au sortir du dialogue inter-congolais de Sun City, en effet, Z’Ahidi Ngoma avait été présenté comme leader de l’opposition non armée, raison pour laquelle il avait été nommé Vice-Président de la république pour le compte de cette composante. Un choix que rejeta Etienne Tshisekedi. Lui et son Udps refusèrent alors de participer au référendum constitutionnel et aux élections de 2006.

Directeur de cabinet de Fatshi, Peter Kazadi n’en démord pas non plus. Pour lui, en effet, le choix dee Fayulu ne répond pas à la logique démocratique.

Une ambiance de révolte régnait depuis ce matin au siège de ce parti à Limete où les militants crient à la trahison contre Félix Tshisekedi. Les invectives verbales prennent même des allures tribales. La jeunesse du parti, elle, rejette la candidature de Fayulu qu’elle préfère à celle de Félix Tshisekedi. « La Ligue des jeunes de l’UDPS rejette en bloc cette aventure de Genève. Nous maintenons notre position : nous irons à ces élections avec Félix TShisekedi comme notre candidat, et avec le peuple congolais comme notre seul allié »

Même son de discordance côté UNC. Si Jolino Makele, un avoué de Vital Kamerhe, soutient le choix de son mentor, il n’en est pas le cas de Billy Kambale qui abonde dans le même sens que Kabuya de l’Udps pour rejeter le choix de Genève sur la personne de Martin Fayulu. Même position pour Molendo Sakombi, Président fédéral de l’UNC pour la ville de Kinshasa. « Je n’ai pas l’impression qu’on a choisi le meilleur cheval », confie-t-il à actualita.cd avant de confier ses militants à se mobiliser plutôt pour les législatives.

Pour une surprise donc, Martin Fayulu en aura été un, mais de goût bien particulier pour la base de l’opposition, mais aussi pour les autres candidats de l’opposition restés à Kinshasa. Mais, se félicitant lui-même du choix porté sur sa personne, Fayulu a reconnu que « Notre peuple a besoin de leaders que lui-même va choisir ». Prémonitoire ?

Et à la question de notre confrère Christian Lusakweno de savoir ce qu’il penserait si, à la publication des résultats, d’autres candidats du même groupe de Genève (Kamerhe, Tshisekedi ou Matungulu) s’en tirent avec plus de voix que lui, il a eu cette réponse tout aussi prémonitoire : « Alors, c’est qu’on aura fait un mauvais choix ».

A tout prendre à ce niveau, et en attendant la suite des événements, il y a lieu de considérer que les sept leaders de Genève ont accouché d’un mort-né. Et à la limite, Alan Doss, comme il l’a déclaré lui-même, s’en tire avec la satisfaction d’avoir fait accouché aux opposants d’un « candidat commun ». Véritable candidat de l’occident, certes, mais sans reconnaissance de la base congolaise qui va voter…

Le dossier reste ouvert.

Jonas Eugène Kota

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