HARO SUR LES UNIVERSITAIRES POLITICIENS

L’actualité politique congolaise est alimentée depuis le week-end dernier par le manifeste qu’auraient signé des « universitaires » congolais pour s’opposer à une éventuelle candidature du Président Joseph Kabila pour un nouveau mandat. Le document attire une telle attention que l’on ne manque pas de s’y intéresser. Mais dès le premier abord, aussi bien sur son contenu que sur les signatures, l’on est frappé par deux choses : une absence criante d’argumentaire scientifique digne de ces « universitaires » et le statut ambigu de la plupart de ces signataires plus connus comme politiciens.

Au sujet du contenu, on avait espéré que ce rassemblement voulu d’intellectuels produirait une argumentation purement scientifique qui viendrait ébranler la sagacité de la logique cartésienne du Chef des travaux Cyrus Mirindi qui est à la base du débat sur la possibilité, pour Joseph Kabila de se présenter à nouveau à l’élection présidentielle. A la place, le lecteur est surpris de se retrouver face à une déclaration politique comme il en court par ces temps et, de surcroit, un contenu truffé d’injures et autres propos désobligeants aussi bien à l’endroit de Cyrus Mirindi que de tous ceux qui se sont prononcé pour cette nouvelle présentation de Joseph Kabila Kabange.

Quant aux signataires, les principales têtes d’affiche de ce manifeste, et qui en sont manifestement les initiateurs, ne sont que des politiciens bien connus de la scène politique congolaise. Il s’agit, notamment des Profs Mbata qui évolue au sein de l’UNC, Jacques Ndjoli du MLC ou encore Ntumba Luaba qui est aujourd’hui à la tête d’un parti politique de l’opposition. Il s’agit aussi de Me Georges Kapiamba évoluant dans la société civile à la tête d’une Ong, ACAJ, notoirement connu pour ses couleurs politiques proches de Moïse Katumbi.

Cette réalité me pousse à dénoncer cette sorte de tricherie de ces politiciens qui cherchent à galvauder le noble statut d’universitaire par un usage abusif pour des fins, non pas scientifiques comme on pouvait s’y attendre, mais plutôt politicienne.

Dans les pays du Nord, comme en France où j’ai vécu une bonne partie de ma vie et où j’ai connu le Prof Ndjoli à notre ambassade sous le mandat de Ramazani Baya, il existe une nette différence entre intellectuel/Scientifique qui demeure scientifique et se consacre à l’enseignement ou la recherche, et les politiciens qui ne peuvent pas se prévaloir d’une rationalité scientifique. Chez-nous en RDC, il est plutôt difficile d’établir cette frontière avec la plupart des acteurs politiques qui sont professeurs d’université et qui, de ce fait, ne savent plus se prévaloir d’une réelle rationalité scientifique. Ceci est d’autant plus vrai que même nos auditoires ont, depuis longtemps, été transformés en scènes pour des harangues politiques plutôt que pour la transmission de la science.

Cessons donc de tromper la population dans cet amalgame avec des concepts « intellectuels » ou « universitaires » surtout que, dans le fond, les différents acteurs politiques le sont, du moins pour la plus large majorité, si l’on s’en tient à la définition du mot « universitaire » qui désigne toute personne pourvue d’un diplôme à la fin de ses études.

A mon avis donc, il y a plus des politiques que des intellectuels, étant donné que ceux qui se prévalent de cette casquette aujourd’hui ont perdu toute forme de rationalité scientifique et se livrent à la politique politicienne. Je soutiens aussi qu’à la lumière de l’argumentaire de Cyrus Mirindi, Joseph Kabila a le droit de se présenter pour un nouveau mandat à la tête du pays. J’invite donc les soi-disant « intellectuels » et «universitaires » à rencontrer ces arguments pour nous éclairer un peu plus au lieu de nous distraire avec des substantifs pompeux et sablonneux.

Yvon RAMAZANI

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