FAYULU ET MUZITO A L’EST : LES HÉRÉSIES DU DÉSESPOIR

De toutes les missions effectuées par des diplomates, des officiels congolais, des acteurs de la société civile et des acteurs politiques à l’Est de la RDC pour y réconforter les populations éplorées par les tueries et encourager les troupes au front, celle du duo Fayulu-Muzito aura fait couler de particulières encre et salive. Non pas du fait d’une médiatisation qui, en fin de compte, aura fait flop en soi, mais du tollé qui s’est unanimement emparée de l’opinion au sujet de la démarche et des propos d’arrière-garde qu’ils y ont tenus.

Déjà à la veille de ce déplacement, l’ancien Premier ministre a douloureusement (pour lui certainement) défrayé la chronique avec son appel à une guerre contre le Rwanda jusqu’à son annexion. La toute première salve réprobatrice sera venue des rangs de sa plate-forme Lamuka dont il assure curieusement la coordination tournante. Signe qu’Adolphe Muzito a mené une démarche solitaire sans concertation avec ses pairs du présidium.

 

Muzito a tenté d’imiter maladroitement Bababaswe

Muzito s’est manifestement trompé d’époque en se livrant à un mimétisme qui, lui aussi, aura fait tristement flop. En 2011-2012 déjà, sur la même question sécuritaire de l’époque, Zacharie Bababaswe, député de son état, avait usé de la tribune de l’Assemblée nationale pour réclamer les armes et appeler à une marche à pied jusqu’à l’occupation du Rwanda. Sur le coup, et avec l’émotion de l’époque d’une nouvelle attaque contre la RDC, il arracha quelques applaudissements de ses collègues, mais sans plus. Et Bababaswe, qui avait annoncé qu’il prendrait la route du Rwanda dès le lendemain, n’a jamais franchi le pont Ndjili pour son équipée.

Au bout du compte, on comprendra que, dépourvu de toute visibilité sociologique, lui qui disait être allé avec une chicotte pour discipliner la classe politique au profit de la bonne Gouvernance, avait perdu ses plumes dans la théâtralisation de sa démarche politique.

Aujourd’hui encore, Adolphe Muzito, le seul à souffrir d’un manque criant de cette visibilité parmi ses pairs de Lamuka, aura voulu tenté le même coup pour finir par s’attirer la réprobation générale. Il finit par se conforter dans son réduit marginal du tribalisme qui tient encore avec son association tout aussi tribalo clanique avec Martin Fayulu et, pire encore, sans avoir le moindre courage de ses propos qu’il n’a finalement pas eu l’audace de répéter une arrivé à Beni et Goma.

 

La RDC  a déjà remporté ses guerres diplomatique et judiciaire contre le Rwanda et l’Ouganda

Pour le reste, l’histoire retiendra qu’en fait de guerre contre le Rwanda, et même l’Ouganda et le Burundi, la RDC l’avait déjà menée en son temps et avec succès. Dans la difficulté qu’il avait à disposer d’une armée aguerrie – faute de temps et de moyens face à des agressions répétées – , Kinshasa, sous la houlette de Joseph Kabila, avait su mener la guerre diplomatique qui aboutit à la reconnaissance du Rwanda comme agresseur de la RDC. Une reconnaissance qui changea radicalement la donne géopolitique et les multiples influences occidentales sur la question sécuritaire de la RDC et de la région des grands lacs.

Sur le même registre, Kinshasa avait déjà remporté sa guerre judiciaire contre Kampala qui fut condamné en international à payer des réparations financières à la RDC. Ces réparations auxquelles Kinshasa semble aujourd’hui renoncer pour des raisons non encore élucidées.

Ce petit rappel historique, à titre purement illustratif suffit pour tordre le cou aux envolées démagogiques de Martin Fayulu et son comparse Muzito qui auront franchi les limites de la décence en allant casser le sucre sur le dos des populations éplorées et terrorisées de Beni. Par ignorance ou, pire encore, dans leur commerce politique éhonté, ils ont tenté d’attribuer la responsabilité du drame de l’Est à ceux qui, particulièrement Joseph Kabila en son temps de chef de l’Etat et commandant suprême des forces armées et de sécurité, sont unanimement reconnus comme acteurs majeurs de la lutte pour la pacification de l’Est et la préservation de l’intégrité territoriale de la RDC face aux velléités avérées de sa balkanisation.

 

Quand Fayulu et Muzito crachent sur la vaillance des FARDC et les sacrifices des civils

En effet, les Congolais ont encore en mémoire ces efforts de réformation de l’armée et de renforcement de sa puissance dans un contexte économique particulièrement hostile, en ce compris, les pressions occidentales à travers ses institutions de Brettons Wood. Dans des conditions aussi hostiles et face à l’attitude ambigüe de la Monusco passée pourtant sous chapitre 7, les FARDC ont su renverser la vapeur et mettre en déroute, par deux fois, les rébellions (CNDP et M23) qui masquaient la présence rwando-ougandaise en territoire congolais.

Qui aurait déjà oublié la vaillance de ces sold       ats congolais des rangs desquels furent tirés des commandements qui voleront ainsi de triomphe en triomphe ? Qui oublierait aujourd’hui la vaillance du Colonel Mamadou Ndala qui revint du front, couvert du drapeau étoilé et accompagné, lui et ses hommes, par les populations qui n’avaient rien d’autre à leur offrir que l’eau qui est la vie ? Qui oublierait également les Généraux Bauma ou Budja Mabe pour la même vaillance ?

Qui peut encore oublier tous ces soldats dévoués à la cause de la patrie et qui versent quotidiennement leur sang pour la cause de la patrie ? Et qui peut oublier le courage de ces populations civiles devenues la cible de ces djihadistes sans humanité, ces popul         ations civiles qui paient également de leur sang juste parce qu’elles ont décidé de collaborer avec l’armée et devenir ainsi actrices de leur propre sécurité ?

Cette vaillance de nos soldats et ce courage des populations ont bien des artisans quelque part dans l’histoire récente et immédiate de ce pays, puisque personne ne convaincra qui que ce soit d’une génération spontanée dans ce qui se passe de positif contre l’insécurité à l’Est. Il a bien failli partir de quelque part ; bâtir une armée à même de faire face à l’enjeu de la survie du Congo de Lumumba et de Kimbangu entant qu’Etat et nation au cœur de l’Afrique.

 

Joseph Kabila et l’histoire de la professionnalisation des FARDC

Aujourd’hui, cette armée est classée 10ème du continent et 75ème mondiale. Il a bien fallu un travail sur le temps et dans le sacrifice pour y parvenir ; organiser la sécurité nationale et superviser les opérations, etc. ; bref, faire la guerre. Une époque qui aura marquée d’une empreinte indélébile de Joseph Kabila qui aura ainsi sacrifié sa jeunesse, et très souvent au péril de sa propre vie.

Combien de fois, en effet, n’avait-il pas établi son état-major à Goma ou Beni, souvent contre l’avis de sa propre sécurité ? Combien de fois n’avait-il pas emprunté, de jour comme de nuit, les routes escarpées de Beni-Butembo-Goma, ces zones connues pour les activités des coupeurs de routes ?

Où étaient Fayulu et Muzito pendant tout ce temps et que faisaient-ils ? Pour le cas particulier d’Adolphe Muzito, l’on se rappelle qu’il fut, à l’époque, membre influent du Palu, qui était allié à la majorité d’alors. A ce titre, il est censé partager ce bilan héroïque d’un Congo, à l’époque, abandonné de tous. Malheureusement, aujourd’hui il a choisi de cracher délibérément sur sa propre histoire pour un gain qu’il sera bien en peine de démontrer à la face des Congolais lucides.

Qu’à cela ne tienne, dans sa solitude des montagnes et des forêts de l’Est, les FARDC mettent en déroute des djihadistes qui, en retour, mènent une guerre asymétrique par des méthodes dignes du désespoir. Chaque jour, en effet, des bastions islamistes sont récupérés autant que des armes et munitions ; des grappes entières de ces terroristes et leurs commandants sont neutralisés lorsque ce ne sont pas d’autres, y compris des groupes armés locales, qui se rendent d’eux-mêmes, convaincus de la puissance de feu des forces régulières.

Aujourd’hui, ignorer tout ceci du fait de l’ivresse politique face à un groupe de citoyens en usant de la liberté d’expression, c’est faire montre d’une cruauté innommable ; d’une insulte de la mémoire de ces vaillants soldats fauchés quotidiennement, et de la détresse de ces populations pendant que les enfants de ces politiciens, Martin Fayulu et Adolphe Muzito, se la coule douce ailleurs, loin de ce théâtre macabre.

En un mot comme en mille, Martin Fayulu et Adolphe Muzito se seront distingué, à l’Est, par leurs hérésies qui n’ont de mesure que le désespoir de plus en plus criant de leur combat d’arrière-garde. Un combat qui, chaque jour, fait peau de chagrin, non pas seulement par le sophisme qui emballe leur discours, mais aussi par le gros mensonge qui l’accompagne également, jusqu’à nier délibérément la réalité de terrain et la vérité historique.

Dans cet élan du désespoir, Fayulu et Muzito ne cherche plus leur survie qu’en se projetant sur autrui sans, de plus en plus, convaincre leurs auditoires. Des auditoires de plus en plus agacés par les contradictions de ces personnages finalement marginaux qui, las de ne pas trouver de survie politique sur autrui, se sont réduits à un activisme d’une platitude plutôt désolante pour eux qui prétendent à une stature d’hommes d’Etat.

Yvon Ramazani

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