RDC-USA : POURQUOI MIKE POMPEO A ZAPPÉ KINSHASA

Les frictions intérieures sur les revers du marché des sauts-de-mouton tendent à occulter le sujet, mais il ne manque pas d’intérêt : il s’agit bien de ce revers diplomatique et communicationnel autour de la venue à Kinshasa, annoncée depuis Londres par le Président Félix Tshisekedi, de Mike Pompeo, Secrétaire d’Etat américaine. Son agenda publié par le département d’Etat renseigne qu’il se rendra bien en Afrique, plus précisément à Dakar, Luanda et Addis-Abeba.

Pour Kinshasa, c’est plutôt Peter Pham, qui a été dépêché pour une nouvelle visite. « L’envoyé spécial des États-Unis pour les Grands Lacs, le Dr. J. Peter Pham est annoncé en nouvelle visite en RDC se rendra à Kinshasa la semaine prochaine dans le cadre de nos engagements pour faire progresser le partenariat privilégié États-Unis-RDC“, pouvait-on lire jeudi dans un tweet de l’ambassade américaine à Kinshasa.

Me niveau d’Etat aura ainsi régressé entre le Secrétaire d’Etat qui était attendu et l’envoyé spécial qui, hiérarchiquement, est aux ordres du premier. Les spécialistes des relations diplomatiques savent bien qu’en fait « relations privilégiées », les USA et d’autres puissances occidentales ont leur grille de lecture des différents interlocuteurs. Une grille qui se décline dans des domaines tels que de la qualité des interlocuteurs, la gouvernance dont la question de la corruption, les droits de l’homme, etc.

L’on sait que lors de ses différents séjours à Washington l’année passée, le Président Tshisekedi se les était fait rappeler. En novembre 2019 lors de son séjour à Kinshasa, Peter Pham y était revenu, ajoutant avec insistance les inquiétudes de Washington quant à la coalition FCC-CACH. Avec insistance, l’envoyé spécial américain souhaitait vivement que le Président congolais se débarrasse de Kabila dont la posture souverainiste n’a jamais arrangé les occidentaux qui craignent donc une « contamination » de leur nouvel interlocuteur congolais.

Depuis lors, l’eau a coulé sous le pont et les inquiétudes n’ont cessé de croitre en occident, surtout sur la question de la gouvernance. Séduits dès le départ par le dégel politique avec la libération des prisonniers dits politiques et/ou d’opinion, Washington se montre de plus en plus perplexe face à la dérive de gouvernance affaire les affaires de disparition de Usd 15 millions ou encore, aujourd’hui, le dossier sur le marché des sauts-de-mouton et, dans l’ensemble, celui du programme des 100 jours d’urgence. Un programme conçu et piloté exclusivement par le clan Tshisekedi arrivé au pouvoir, mais qui débouche sur des éléphants blancs, tandis que les fonds débloqués auraient pris d’autres destinations.

Pour ces raisons donc, Mike Pompeo a donc choisi de voguer vers d’autres cieux plus encourageants, comme l’Angola qui est aux trousses de l’ancien régime dans sa lutte contre la corruption, ou encore l’Ethiopie où le premier Ministre Abiy Ahmed s’est fait décerner le prix Nobel de la paix pour son rapprochement avec l’Erythrée.

Kinshasa, pour sa part, devra se contenter du « préfet de discipline » Peter Pham dont on connaît le franc-parler au sujet de ce qui fâche Washington…

JEK

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