LA NATION EST EN DANGER… CONGOLAIS, RESSAISISSONS-NOUS !

La République démocratique du Congo est aujourd’hui engagée dans une dérive d’instabilité qui fait craindre le pire. En effet, de l’aggravation de la crise sécuritaire à la crise politique et institutionnelle en passant par la détérioration de la situation économique et sociale pendant que la pandémie du coronavirus se répand à travers le pays, la RDC ne s’est jamais trouvé à ce point au bord d’une déflagration aux conséquences incalculables.

Tout ceci s’observe au moment où l’Etat marque dangereusement un recul dans l’assomption de ses pouvoirs régaliens pouvant lui permettre d’endiguer la situation et rétablir les équilibres.

Sécurité en dégradation et frontières violées

Sur le plan sécuritaire de ces trois derniers mois, il s’observe un regain d’activités des forces négatives avec comme conséquence des pertes en vies humaines dont la moyenne journalière est aujourd’hui estimée à 50 personnes. Pendant ce temps, des bruits de bottes et des incursions en territoire congolais sont annoncés à nos frontières : au Nord avec des rebelles ou des migrants de la Centrafrique et du Sud-Soudan ; à l’Est avec la présence alléguée des troupes régulières rwandaises et burundaises sur le sol congolais ; au Sud avec la présence confirmée des troupes zambiennes ou encore des velléités militaires au départ de l’Angola, etc. Tout ceci sans oublier, bien sûr, toutes ces forces négatives dont la puissance de nuisance a été sensiblement réduite voici quelques temps, mais qui ont subitement repris du poil de la bête.

Economie et social : la côte d’alerte

Dans le volet socioéconomique et financier, la pandémie du covid-19 a occasionné un ralentissement d’au moins 70% des activités sur une situation qui était déjà précaire, et ceci avec comme indicateurs, entre autres, l’emballement du taux de change et la flambée des prix que personne ne semble en mesure de maîtriser. Conséquence : aggravation de la pauvreté et obscurcissement des perspectives, même les plus proches.

Le covid-19 divise population et dirigeants

Au plan sanitaire – qui a, d’ailleurs, de graves implications sur ce qui précède – la pandémie du covid-19 connaît aujourd’hui une expansion en termes, désormais, d’une centaine de cas testés positifs chaque jour. Pendant ce temps, il s’observe globalement une détérioration progressive des rapports entre la population et la riposte, ce qui, par ricochet, traduit l’effilochement de la confiance nécessaire entre les gouvernants et les gouvernés.

Les antagonismes politiques et institutionnels bloquent l’Etat

Quant au plan politique et institutionnel, le pays connaît une crise dont la gravité se décline en termes de blocage progressif de l’Etat dans son fonctionnement normal. Si, hier, ce genre de crises était le fait des antagonismes entre le pouvoir en place et les forces politiques en présence, aujourd’hui ils s’observent au sein même du pouvoir en place entre les factions politiques qui la composent : crise institutionnelle entre le Président et le Parlement ; crise politique au sein de la coalition FCC-CACH au pouvoir ; crise au sein de la coalition présidentielle CACH ; crise au sein du parti présidentielle UDPS.

On peut beau s’en défendre comme on le voudra, toutes ces crises déteignent gravement sur le bon fonctionnement des institutions, et pour cause. Les différents animateurs, sans exception aucune, ont choisi de se domicilier au sein de leurs factions politiques respectives d’où ils se livrent à des antagonismes au détriment et à la grande désolation des Congolais.

Ces décès à la présidence qui inquiètent

Ce n’est pas tout, et n’ayons pas peur de le dire. Les décès en cascade que l’on enregistre ces derniers jours à la Présidence de la République en rajoutent aux inquiétudes. Inquiétudes à cause des suspicions et de la méfiance qui s’installent entre ces partenaires devenus des antagonistes. Suspicions et méfiance qui sont entretenus surtout par les spéculations sur les causes de tous ces décès. Et les passes d’armes qui s’observent aujourd’hui entre les factions au sein de la présidence de la République font également craindre pour une autre déflagration aux conséquences tout aussi incalculables.

La justice et les médias au service des antagonistes politiques ?

Last but not least, les affaires judiciaires aujourd’hui pendantes devant les cours et tribunaux s’invitent au tableau général. Selon l’opinion dominante, en effet, la justice, que l’on croyait avoir pris réellement et définitivement son indépendance, semble devenir un instrument de règlements des comptes entre acteurs et factions politiques. De l’affaire Kamerhe au dernier cas du député Jean-Jacques Mamba en passant par ceux de Henri Magie, Pascal Mukuna ou encore « Ibrahim Kabila », la faiblesse de leur lisibilité la dispute avec des soupçons de manipulations politiques qui ne sont pas pour assurer la sérénité et garantir la paix censée émaner de la justice.

Dans le même ordre d’idées, le décès inopiné, la nuit dernière, du juge Raphaël Yanyi Ovungu en charge du procès Kamerhe et consorts n’est pas pour rassurer autrement, loin s’en faut.

Enfin, la guerre médiatique et communicationnelle entre toutes ces factions fait rage dans les médias traditionnels et surtout dans les réseaux. Même parmi ceux qui s’offusquent de cette dérive médiatique et communicationnelle, l’on retrouve des acteurs de cette belligérance dont certains détiennent des parcelles de la puissance publique pouvant mettre fin à ce cirque aussi macabre qu’infernal.

Qui sauvera le Congolais

Bref, le pays de Kimpa Vita, Simon Kimbangu, Lumumba et M’zee Kabila est aujourd’hui en proie à une hydre qui assombrit, pire que jamais, son avenir même le plus immédiat. Qui sauvera donc la RDC  de cette dérive suicidaire ? Cette question, en elle-même, vient renforcer les inquiétudes.

L’on observe, en effet, que tous ceux, au sein des institutions et sans exception, qui sont censés sonner l’alerte et rassembler les Congolais se retrouvent aujourd’hui comme antagonistes au sein des factions en état de belligérance. Pire encore, aucun de toutes les questions qui mettent en conflit les acteurs politiques et même les institutions publiques n’est en rapport avec les dossiers réels de l’Etat et les attentes du peuple.

Par ailleurs, même l’église dans sa diversité semble ne plus bénéficier de la confiance nécessaire pour se mettre utilement au milieu du village. Cette même église qui avait joué un rôle de premier plan dans les années des conférences nationales au Zaïre et à travers l’Afrique, s’est, dans un passé très récent, sabordé pour prendre une part si active dans l’arène politique que l’on se demande comment elle saurait rassurer tout le monde sans distinction.

« Congo mboka », Tabu Ley nous invite au ressaisissement

Pour notre part, nous nous inspirons de Tabu Ley dans sa chanson « Congo Mboka » pour estimer que le salut de la République démocratique du Congo réside désormais entre les mains de chacun de ses fils et filles ; chacun suivant son rang, son positionnement sociopolitique et institutionnelle, et ce qu’il peut encore avoir comme marge d’influence, ne fût-ce que psychologique. L’heure étant si grave, il revient aux Congolais de prendre la mesure de leur propre bêtise qui s’étale devant eux dans toute la splendeur de sa laideur.

Il leur revient d’en prendre conscience et de s’humilier devant la cause commune. Plus qu’un sursaut patriotique, il s’agit avant tout d’une prise de conscience sur la responsabilité de chacun dans cette dérive ; d’un sens de civisme face à cet égoïsme qui relègue dangereusement le Congo et les Congolais à la portion congrue au profit des intérêts personnels et partisans.

Face au péril qui rode, les Congolais doivent comprendre que l’enjeu de la RDC et son avenir ne se résument pas en une date ou une échéance. 2023 ne représente aucun enjeu pour le Congo et les Congolais, sinon pour des intérêts individuels.

Congolais, ressaisissons-nous… la Nation est en danger !

Jonas Eugène Kota (Tribune)

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