VIF DÉBAT AUTOUR DE « L’APHONIE INSTITUTIONNELLE » FACE AU COVID-19

 

Que fait le Gouvernement, que dit le Gouvernement face aux événements qui se succèdent autour de la pandémie du covid-19 parvenue en RDC où il prend de l’expansion ? Ces questions taraudent les esprits dans une certaine opinion et débouchent sur la terrible accusation d’aphonie institutionnelle dont feraient montre les dirigeants du pays à divers niveaux. Autant que le chef de l’Etat, le Premier ministre en prend de son savon, ainsi que les autres ministres sectoriels, cela aux niveaux national et provincial.

Paradoxalement, il s’observe une certaine insouciance de la population face au matraquage dans la sensibilisation sur les gestes barrages. Pire encore, à Kinshasa même, capitale de la RDC, il s’en trouve qui doute encore de la présence de ce virus en RDC ou, carrément, de son existence. L’histoire retient pourtant que s’il est un axe de la lutte anti covid-19 qui fonctionne, c’est bien la sensibilisation dans laquelle tous les leaders d’opinion se sont lancés après le « la » donné par les instances gouvernementales compétentes.

Retour à la question de départ : les institutions sont-elles aphones face au covid-19 et aux inquiétudes de la population ? Ou, à revers, sont-elles, à ce point, inactives – et donc insouciantes – qu’elles n’auraient rien à dire aux Congolais ? Ou assisterait-on carrément à ce déficit de redevabilité que l’on reproche souvent à nos dirigeants ?

Soumis à ce questionnement, un spécialiste de la communication, calé dans la com’ de crise mais qui requiert l’anonymat à ce stade, commencer par paraphraser le Premier ministre français, Edouard Philippe, qui reconnaît qu’« aucun système de santé au monde n’a été construit, pensé et dimensionné pour faire face à ce que nous vivons ». Loin de justifier la pagaille observée dans la mise en lace de la riposte en RDC et tout en reconnaissant que le pays doit s’assumer pour ses gâchis des années passées, notre interlocuteur note que la RDC, « qui est à l’image des économies des pays de sa trempe et, donc, du tissu sanitaire y correspondant, ne pouvait pas grand-chose lorsqu’elle a été pratiquement cueillie à froid par ce monstre silencieux et invisible.

 

Une riposte est une grosse machine à organiser

La riposte contre le coronavirus envoie le pays aux fronts des finances, de l’économie, du commerce, de la science, du social, de la politique ou encore de la sécurité. La réaction à y réserver doit donc être pluridisciplinaire et pluridimensionnelle. Ceci implique une organisation et une répartition des responsabilités dans un mouvement d’ensemble qui embarque toute la machine.

Dans ces conditions et après observation, fait remarquer notre expert en communication, les institutions étatiques accusées au départ d’immobilisme se mettent progressivement en mouvement après les tâtonnements de départ et l’obligation d’organisation qui s’imposait quand il fallait agir en même temps. Progressivement aussi, cette action révèle sa lisibilité et son articulation autour d’un pivot central, le Premier ministre qui a pris le relais des orientations du chef de l’Etat adoptées en Conseil des ministres et par la réunion interinstitutionnelle.

Autour du Premier ministre, des ministres sectoriels en charge d’une partie de l’action de riposte. Celle-ci est confiée, dans sa partie opérationnelle à un Secrétariat technique dont le fonctionnement est assuré par un coordonnateur. Ce secrétariat a une organisation pluridisciplinaire qui va au-delà de l’intervention médicale pure et dispose même d’une cellule de communication pour les besoins en information du public.

Dès lors, peut-on encore voir avec notre interlocuteur, le travail est réparti en sorte que la structure technique conduite par le Dr Muyembe sit assuré pour ce qui est de la riposte sanitaire, c’est-à-dire médicale, et tout ce qui l’entoure pour son efficacité, notamment le confinement. En retour, le travail étatique consiste, d’une part, à fournir à l’équipe de riposte tous les moyens dont elle a besoin en termes d’équipements médicaux et d’infrastructures, de produits divers, de personnel et de leur motivation, de la sécurité de tout ce monde, etc.

Cet appui s’ouvre aussi au reste des aspects de cette riposte dont l’encadrement du confinement qui charrie un certain nombre d’exigences à caractère social, économique et même sécuritaire. Le confinement manqué a, d’ailleurs, donné la mesure de cette décision et nécessite d’y mettre toute l’organisation qui s’impose.

 

Mine de rien, l’action du Gouvernement est une véritable ruche au quotidien

Le tableau étant ainsi peint, notre interlocuteur constate que depuis quelque temps, après des pressions de la com’ sur le besoin de l’info, le Gouvernement est en train d’atteindre la vitesse de croisière, du moins celle que lui permet les moyens actuellement disponible. On constate, par exemple, que le ministre de la Santé, après avoir été « embrouillé » sur le terrain de la communication, travaille à disponibiliser les espaces pour l’accueil des malades, et à les équiper. Au même moment se met en place un travail de formation du personnel médical (3 mille infirmiers, dit-on) pendant que s’organise également la gestion du personnel déjà en cours d’emploi, etc.

A la Primature, centre névralgique des opérations, se mène littéralement un travail de ruche avec les réunions qui s’y succèdent au quotidien. Objectif : trouver les moyens d’action du secrétariat technique et répondre aux besoins socioéconomiques préalables à l’instauration imminente d’un confinement. Depuis plus d’une semaine, des opérateurs économiques défilent chez Sylvestre Ilunga pour étudier et mettre aussi en application des mesures de mitigation de l’impact de la pandémie sur le vécu des congolais.

Il s’agit, entre autres, d’assurer la disponibilité des produits de première nécessité sur le marché et d’encourager les opérateurs économiques à poursuivre leur alimentation par des allègement de certaines charges fiscales, de garantir le contrôle des prix par rapport au revenu du plus et gagnant et, last but not least, assurer le paiement continu des salaires pour permettre aux citoyens d’accéder au marché.

Des efforts similaires doivent être fournis sur le front de la sécurité en mettant les agents compétents dans les conditions optimales de travail, à commencer par la sécurisation sociale de leurs familles.

Autant donc de travail et de fronts qui occupent aujourd’hui le Gouvernement et sur lesquels le citoyen est, bien entendu, en droit de savoir ce qui se passe. Alors, retour sur la question autrement : pourquoi donc continue-t-on, à se plaindre que rien ne se fait ou à parler d’immobilisme ou d’aphonie.

 

Ne pas confondre info-communication et polémique des réseaux sociaux

« Il est clair, entame notre interlocuteur spécialiste en communication, qu’il faut faire la part des choses quand on parle de com’ et savoir qui se plaint et pourquoi. Trop souvent on confond la communication factuelle (information) avec les interactions des gens dans les réseaux sociaux et certains médias classiques qui ont la polémique comme dénominateur commun.

Dès qu’on a compris ceci, on peut réaliser que ce n’est pas dans ces réseaux et sur ces médias tapageurs qu’on injecterait l’information professionnelle au titre de communication. Ceci est d’autant plus clair que ces réseaux sociaux n’ont qu’un taux de pénétration marginal au sein de la société congolaise pour être utilisés comme canaux de communication.

De ce fait, on peut comprendre que, toute nécessité de renforcement de la communication officielle restant égale par ailleurs, il devient dangereux de chercher à satisfaire ce front de la polémique sans risquer de se mettre à la poursuite des moulins à vent ».

Pour le reste, doit-on conclure, toute l’action gouvernementale autour du Premier ministre fait l’objet de comptes rendus quotidiens de ses services compétents auprès des médias compétents pour les répercuter auprès du public. Dans tous les cas, il faudra bien faire attention, avec cette exigence de communication ci-haut évoqué, de ne pas sombrer dans la théâtralisation de ce drame de covid-19. De même n’y a-t-il pas lieu de faire l’amalgame des styles de communication en faisant référence à ce qui se passe ailleurs sans tenir compte de leurs conséquences.

En France, par exemple, la propension des autorités publiques à être trop présent au front de l’information a débouché sur des débats et des polémiques même avec de scientifiques, ce qui ne concoure nullement à assurer la sérénité nécessaire à la concentration sur l’essentiel…

JEK

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