TANGANYIKA : FAUX RETRAIT DES TROUPES ZAMBIENNES, LE CONFLIT FRONTALIER DEMEURE

Contrairement aux assurances du dernier conseil des ministres, les troupes zambiennes n’ont fait que changer de position à Muliro pour aller se positionner à Kinyungo, toujours en territoire congolais. La Sadc, qui arbitre le conflit, déclare n’avoir pas encore donné son verdict après les enquêtes sur terrain.

Au cours du dernier conseil des ministres de vendredi dernier, le Ministre de la défense avait fait état d’un développement positif, en faveur de la RDC, du conflit frontalier opposant cette dernière à la Zambie sur des villages congolais situés dans le territoire de Moliro, province du Tanganyika. « La SADC saisie par la RDC vient de décider que les localités de Kibanga et de Kalubamba font partie de la République Démocratique du Congo. Il a été donné 7 (sept) jours à l’Armée Zambienne pour évacuer ses troupes », peut-on lire dans le compte rendu du conseil des ministres du vendredi 24 juillet 2020.

Pour vérifier l’effectivité du retrait des troupes zambiennes du territoire congolais, Congovirtuel a contacté, ce jeudi 6 août 2020, le chef Lambert Mwila Kipuyu du groupement Moliro, chefferie de Manda en territoire de Moba, où ces troupes occupaient notamment les localités de Kibanga et Kalubamba. Ce dernier a confirmé que les troupes zambiennes ont effectivement quitté, depuis trois jours, les positions qu’ils occupaient depuis la mi-mars 2020. Cependant, ajoute le chef Mwila Kipuyu, ces troupes se sont arrêtées à Kanyungo derrière la montagne de Kipindye qui se trouve en territoire congolais et où aurait été implantée une borne de délimitation frontalière entre la RDC et la Zambie.

Certes, poursuit le chef du groupement de Muliro, les populations congolaises qui avaient fui les contrées occupées par les troupes zambiennes commencent à y retourner, notamment à Libondwe et Minyenye dans la localité de Kalubamba. Cependant, le différend frontalier, que l’on croyait réglé, demeure encore, étant donné que, contrairement au rapport du ministre de la Défense, ces troupes zambiennes n’ont fait que changer de position et demeurent sur le sol reconnu comme appartenant à la RDC.

Quand la Sadc dément la version congolaise

Manifestement, la position de la question présentée par la partie congolaise st battue en brèche par la récente déclaration de la SADC qui indique que les enquêtes se poursuivraient et qu’elle n’a pas encore rendu son verdict. « À ce stade, aucune déclaration publique n’a été faite par la mission de l’équipe d’experts techniques RDC-Zambie sur les questions frontalières », peut-on, en effet, lire dans la déclaration de la Sadc datée du 27 juillet 2020, soit trois jours après le compte-rendu du dernier conseil des ministres.

La Sadc rappel qu’à la suite de l’éclatement de ce conflit frontalier entre la RDC et la Zambie à la mi-mars 2020 au niveau des lacs Tanganyika et Mwero, « le Président zimbabwéen Emmerson Dambudzo Mnangagwa, en charge des affaires politiques, de défense et de sécurité de la Sadc, avait chargé le Secrétaire exécutif de cette organisation d’Afrique australe « de faciliter la constitution et le déploiement d’une équipe d’experts techniques pour mener une mission dans les zones frontalières touchées ». Cette mission avait été déployée le 23 juillet 2020 à Kibanga, Kalubamba, Musosa, Luchinda et Pweto avec pour mission de « mener des campagnes de sensibilisation auprès de divers groupes cibles afin d’assurer la pleine coopération de la population locale; faciliter l’adoption d’un système commun de détermination des coordonnées frontalières et d’une approche par étapes pour la démarcation des frontières et l’identification des balises de référence clés le long de la frontière ».

L’indignation de l’honorable Francine Muyumba

Cette mission devait prendre fin le 29 juillet 2020 et un rapport détaillé devait être soumis au président de l’organe de coopération politique, défense et sécurité qu’est le Président Mnangagwa du Zimbabwe. A ce jour, soit le 6 août 2020, peut-on conclure avec la Sadc, aucune conclusion n’est encore tirée de ce rapport. Cette situation a suscité des réactions de certains acteurs politiques dont la sénatrice Francine Muyumba, Présidente de la commission des relations extérieures du Sénat.

Dans une déclaration mercredi dernier, en effet, elle a exprimé son inquiétude sur la diplomatie congolaise dans sa gestion de ce différend frontalier. « Ce qui apparaissait hier comme une victoire diplomatique de la RDC se trouve contredit par le communiqué de la Sadc », faisait-elle remarquer. Avant d’inviter les autorités congolaises à « préciser l’origine de la décision rapportée à l’issue du conseil des ministres ». En attendant, elle se demandait si les congolais ont assisté à un effet de manche de la part de la diplomatie congolaise de laquelle elle attend « des résultats et non des effets d’annonce ».

Jonas Eugène Kota

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