Des affrontements ont effectivement eu lieu entre militants de « Lamuka » et du FCC/MSR suite à l’agression de la marche de ces derniers par les premiers non loin de l’aéroport de Kindu. Heureusement, la police s’est interposée pour prévenir le pire. Rien ni personne n’a occupé le tarmac de l’aéroport où deux vols ont opéré l’avant-midi (Congo Airways) et l’après-midi (CAA).
Kindu, dimanche 9 décembre 2018. Les réseaux sociaux grouillent d’une nouvelle faisant état d’un certain nombre de fait tournant autour de l’arrivée annoncée de martin Fayulu au chef-lieu du Maniema dans le cadre de sa campagne électorale. Premier fait : un tweet de Olivier Kamitatu faisant état de la présence de deux hélicoptères et un avion de l’armée sur le tarmac de l’aéroport de Kindu pour empêcher l’atterrissage de l’avion transportant Fayulu. Kamitatu avance même que des instructions auraient été données aux autorités aéroportuaires locales pour ce faire, mais n’indique pas d’où seraient venues ces instructions. Sur le même sujet et dans les mêmes entre-faits, un compte Facebook du nom d’Eugène Diomi Ndongala parle d’échauffourées entre des partisans de « Lamuka » et du « FCC », et soutient que ce sont ces derniers qui auraient occupé le tarmac de l’aéroport dans le même but de bloquer tout atterrissage.
En milieu d’après-midi, certains médias congolais en ligne évoquent également d’affrontements entre les militants de « Lamuka » qui se seraient rendus à l’aéroport pour accueillir Fayulu et des jeunes arborant des T-shirts du PPRD et à l’effigie de Ramazani Shadary. Ces derniers auraient pourchassés leurs adversaires jusqu’au terminal de la Monusco où ceux-ci se seraient réfugiés. Plus tard dans la soirée et jusque dans la matinée de ce lundi, la thèse, avancée par Eve Bazaïba de l’équipe de campagne de Fayulu, de cette traque et du blocus de l’aéroport au moyen d’avions et hélicos de l’armée occupera certains espaces médiatiques.
Cependant, un certain flou a continué à planer pour savoir comment démêler l’écheveau dans cette affaire où s’alignent plus de trois versions des mêmes faits. Un flou d’autant plus qu’aucune source ne semble avoir pris la peine de faire parler les officiels ni de chercher à savoir d’où seraient partis les affrontements déplorés.
Des contacts menés au niveau de Kindu, congovirtuel.org a pu reconstituer les faits et même avoir les noms des principaux acteurs. Que’ s’est-il donc passé ?
Le détonateur : Okangandjadi saute sur Bitika
Des informations concordantes établissent que des rixes ont effectivement opposé des militants de Lamuka à ceux du FCC issu du parti politique MSR. Tout est parti de la procession du candidat Omanga Bitika, ministre provincial des finances et soutien de Shadary, dans les parages de l’aéroport de Kindu où se trouvaient effectivement des militants de « Lamuka » attendant Fayulu. A la tête de cette délégation, certaines personnes telles que Jeff Tshomba, Mansura (chef des travaux), Carts, Michel Okandandjadi, Michel Longodi, etc.
Arrivée à la hauteur de cette délégation près de l’aéroport, la procession de Bitika se verra subitement prise d’assaut pour des raisons inconnues. Mais dans les rangs de la délégation de « Lamuka », on parle d’une procession de provocation, ce que le FCC/MSR rejette, avançant qu’il n’était pas au courant du programme de l’arrivée de Fayulu dans la ville.
Une bagarre d’une certaine violence éclate alors lorsque Michel Okandandjadi, donné pour être le chef de « Lamuka » à Kindu, se jette à bras-raccourcis sur Omanga Bitika. Avant cela, les esprits étaient déjà surchauffés par des insultes notamment à l’endroit d’Emmanuel Shadary. La police viendra ensuite s’interposer et la bande de « Lamuka » se retirera momentanément au terminal de la Monusco d’où elle va repartir paisiblement en fin d’après-midi après avoir appris que leur candidat avait changé de programme.
Pas de blocus à l’aéroport : deux vols ont opéré sur Kindu dimanche
De tout ce qui précède, il peut donc être établi que des affrontements ont effectivement eu lieu entre deux factions à Kindu : Lamuka et le FCC/MSR. Ces affrontements ont éclaté suite à la provocation, par Lamuka, d’une procession de campagne du FCC/MSR. Il peut aussi être établi qu’en aucun moment le tarmac de l’aéroport n’a été envahi par qui que ce soit de l’un quelconque des deux camps en présence.
Il peut, enfin, être établi qu’aucun blocus du tarmac ne s’observait à l’aéroport de Kindu. En effet, des sources locales assurent que deux vols ont opéré sur Kindu dimanche dernier, à savoir un vol de Congo Airways et un autre de CAA. L’un a opéré l’avant-midi et l’autre l’après-midi.
Tout ceci indique clairement que l’incident de Kindu aura été le fait d’une amplification politicienne qui devrait interpeller les acteurs politiques afin de préserver la quiétude du processus électoral. Au FCC particulièrement, l’on s’inquiète de l’intolérance qui cible aussi bien son candidat à la présidentielle ainsi que ceux des législatives nationales et provinciales avec des affiches et banderoles systématiquement arrachées à travers le pays. L’un des cas les plus dramatiques aura été l’agression, samedi 1er décembre 2018 à Mbuji-Mayi, de la marche du FCC pour le lancement de sa campagne électorale. Selon les services de communication du FCC/Mbuji-Mayi, cette agression aurait fait 35 blessés graves, une résidence d’une femme membre du FCC saccagée et pillée ainsi que le siège de son parti politique, etc.
Aux autorités étatiques et à la CENI d’ouvrir l’œil et le bon.
PDM