Dans une lettre aux propos d’une rare violence, les prêtres de Kinshasa s’adressent aux autorités congolaises sans laisser la moindre place à une conciliation. Alors que l’on s’attendait à une initiative d’apaisement, les lieutenants de Mgr Monsengwo passent outre les recommandations de Mgr Utembi qui, dans sa dernière lettre d’avant la deuxième marche du CLC, leur avait demandé de se tenir loin de cette structure et ses activités. Les lendemains de la RDC deviennent à nouveau imprévisibles…
Mgr Marcel Utembi Tapa est-il encore Président de la Conférence épiscopale nationale du Congo ? La question mérite bien d’être posée lorsqu’on se souvient de sa dernière lettre au Cardinal, aux Archevêques et aux Evêques en rapport avec la seconde marche qu’avait convoquée le CLC dont il avait dénié toute reconnaissance officielle de l’église dans cette même lettre l’Archevêque de Kisangani demandait aux princes de l’église catholique de la RDC de se tenir loin de cette structure et de ses activités. Depuis lors, cependant, l’on observe comme une sorte de rébellion de tous ses confrères. Pire encore, l’on a l’impression qu’ils vont même au-devant des initiatives des laïcs pour livrer une croisade plus insidieuse.
Et pour y parvenir, comme avec le CLC, ils ont choisi de se singulariser comme prêtres de Kinshasa sans engager officiellement ni l’église en général, ni ouvertement l’archidiocèse de Kinshasa auquel ils appartiennent. Bref, une démarche plutôt subversive et anarchique qui trahit leur conscience de la gravité de ce qu’ils font tout en prenant soins de ne pas en faire porter la responsabilité à leur église.
Pour preuve, la dernière lettre des prêtres adressée aux autorités en des termes d’une rare violence. Une lettre ouverte qui ne laisse aucune place à la conciliation et sublime l’esprit belliqueux qui anime ses auteurs. Une fresque qui dépeint ces autorités comme des monstres avec toutes les conséquences qui peuvent en découler, par exemple des répliques dans la même veine là où l’on s’attendait à plus d’apaisement.
Alors que le front politique réel semble se tasser actuellement, ce sont donc les prêtres qui prennent les devants pour engager un autre front dont on ignore encore les objectifs. Ce qui est cependant clair, c’est que les auteurs de cette lettre ont pris prétexte sur l’annonce d’une troisième marche du CLC pour le 25 février prochain. L’église catholique de Kinshasa ne rate donc aucune occasion pour se porter à ce front, allant jusqu’à prendre des initiatives de provocation qui finissent par surchauffer davantage les esprits.
On n’a pas à aller par quatre chemins pour voir à quel point ces prêtres de Kinshasa ont décidé de passer outre les consignes du Président de la Cenco, organisation faitière de l’église catholique en RDC. Une rébellion soutenue par le Cardinal Monsengwo qui semble chercher son dernier baroud d’honneur avant de prendre finalement sa retraite. Déjà lors de la messe en hommage aux victimes des deux précédentes marches, c’est le même Monsengwo qui a préparé l’homélie à l’intention de l’Abbé Luyeye. Une homélie sans la moindre concession puisque son auteur et ses lieutenants ont décidé d’engager les hostilités, au sens propre de ce terme.
Ce faisant, les prêtres de Kinshasa portent désormais la lourde responsabilité de ce qui adviendra du front qu’ils ont décidé d’ouvrir contre l’autorité établie. Les lendemains de la RDC deviennent ainsi imprévisibles…
En effet, la violence qu’ils décrient dans leur correspondance n’est pas que physique. Elle est aussi et avant tout verbale, car, c’est dans l’esprit des hommes que naissent les violences avant qu’elles ne s’externalisent en actes physiques.
PDM