Une fois de plus, la presse congolaise vient d’être frappée, et de la manière la plus ignominieuse qui soit. Dominique Dinanga, journaliste à Top Congo Fm en convalescence après une longue maladie, a été sauvagement lynché samedi dernier au centre Béthanie par une horde de militants de l’Udps/Tshibala alors qu’il voulait couvrir une manifestation de ce parti à l’invitation expresse du chargé de communication de l’ancien Premier ministre. Le confrère aurait, selon son témoignage, eu le malheur de se présenter comme journaliste, d’abord, et comme journaliste de Top Congo Fm auprès d’un préposé à l’entrée de la salle de la manifestation dont l’accès lui était barrée.
Ayant appris son identité, la foule a immédiatement décrété une fatwa contre Dominique Dinanga qui a alors été passé à tabac avec des coups de poings et des manches des drapeaux du parti. Ces bourreaux en furie l’ont poursuivi jusqu’à terre pour lui faire subir un traitement habituellement réservé à de vulgaires malfrats. Le confrère a été admis à la clinique Ngaliema où il a été pris en charge pour des soins appropriés.
Informé de la situation, Bruno Tshibala s’est rendu dimanche à son chevet. Il a dit déplorer cette « bavure regrettable » et promis d’identifier ses auteurs, mais qu’il s’est curieusement empressé de dire ne pas connaître comme militants de son parti.
De l’étranger où il séjourne, Christian Lusakweno, Directeur général de Top Congo Fm, a exprimé sa sympathie et sa solidarité au confrère Dominique Dinanga. Il en a appelé à des enquêtes pour identifier les auteurs de ces actes barbares. Tout en déplorant que les responsables du parti concerné disent ne pas connaître les auteurs de ce lynchage, Christian Lusakweno a souligné qu’« aucun arrangement ne saura nous faire oublier cette ignominie ».
Justice pour Dominique Dinanga
Dominique Dinanga n’est, certes, pas le premier journaliste à subir un tel traitement de la part des militants des partis politiques. Certains avant lui ont perdu la vie, mais la violence et la gratuité qui a caractérisé son supplice dépasse tout entendement, surtout lorsque, comme à leur habitude, les responsables du parti, qui l’ont pourtant invité à leur manifestation, tendent à décliner leur responsabilité en voulant déjà faire croire que ces criminels ne sont pas leurs militants.
Cette fois-ci, et pour mettre définitivement un terme à ce genre d’actes qui font reculer la démocratie tout en désacralisant la vie humaine et en foulant au pied un métier noble et d’utilité publique comme le journalisme, toute la lumière devra être faite sur cet odieux lynchage afin que leurs auteurs subissent la rigueur de la loi. La justice devra donc s’y pencher de la manière la plus sérieuse qui soit, et l’on ne devra pas s’en tenir aux embargos habituels sur les médias qui sont les seules sanctions que subissent les acteurs politiques de la part de la presse à ce jour laissée pour compte.
La justice attendue ne devra pas sanctionner seulement les bourreaux de Dinanga ; elle devra, avec le concours du ministère de l’Intérieur, prendre également des mesures exemplaires à l’endroit de l’Udps/Tshibala, par exemple une interdiction temporaire de fonctionner avec scellage de ses installations sur l’ensemble du territoire national. En effet, nous sommes ici, et une fois de plus, en face d’un cas de négligence flagrante que justifie l’incapacité de nos partis politiques d’encadrer leurs militants en manque criant d’éducation civique, ce qui en fait des marginaux nuisibles à la société. Cette fois-ci, en tous cas, la société devra saisir l’importance du journaliste et lui reconnaître la place qui lui revient en son sein.
Justice pour Dominique Dinanga à qui nous exprimons notre sympathie et notre solidarité au nom de congovirtuel.org et du groupe BSC ; et justice pour la presse !
Jonas Eugène Kota