L’AFFAIRE JUDICIAIRE FAYULU-NGOYI DÉCRÉDIBILISE LA JUSTICE CONGOLAISE

Martin Fayulu et Thédore Ngoyi ne seront plus poursuivis en justice. Les avocats du premier cité se le sont fait dire mercredi au parquet de la Cour d’appel de Kinshasa/Gombe où ils étaient allés s’enquérir de l’invitation (convocation ?) adressée à leur client. Ils se sont, pour ce faire, entretenu avec l’avocat général qui avait signé l’invitation et avec le Procureur près la cour d’appel de la Gombe, et se sont fait dire aussi qu’il existait bien un dossier qui a été classé sans suite.

Ceci vient donc démentir le précédent démenti quant à l’existence des invitations qui avaient été adressées à Fayulu et Ngoyi à la suite d’une plainte déposée contre eux par l’Ong pro-Udps Centre de Réflexion Juridique de la Lutte contre l’impunité (CRJLI). Cette Ong accusait les deux candidats malheureux à la dernière présidentielle de provocation et incitation à  la révolte  envers l’autorité publique et offense au Chef de l’État. Dans une déclaration commune la semaine dernière, en effet, Martin Fayulu et Théodore Ngoyi avait accusé le Président de la République d’avoir violé intentionnellement la Constitution par ses ordonnances de nomination de deux juges constitutionnels à la Cour de cassation. Considérant ce fait comme un acte de haute trahison, ils déclareront que le Chef de l’Etat devait être mis en accusation.

Si cette saga politico-judiciaire prend ainsi fin, il ne reste pas moins que l’affaire laisse une traînée d’indignation au sein de l’opinion qui y a vu une instrumentalisation manifeste de la justice pour des règlements de comptes politiques. Avant cette affaire d’invitations, en effet, un débat violent s’était installé entre le tandem Fayulu-Ngoyi, d’une part, et l’Udps et ses satellites d’autre part. Ce dernier camp aura ainsi tenu des propos extrêmes intercalés de menaces de poursuites judiciaires. En sorte que personne n’a été dupe quant à la dimension politique que revêtait le dossier judiciaire.

On a ainsi assisté à un rétropédalage de la justice qui est venu confirmer les appréhensions de l’opinion. Un rétropédalage plutôt maladroit, qui est passé par la Police nationale à travers le Commissaire Général Sylvano Kasongo en lieu et place du parquet émetteur des invitations. Déjà, le délai ‘(plus de 48 heures) entre la divulgation de ces invitations et le démenti de leur existence n’a fait que conforter l’opinion des appréhension des observateurs sur le caractère politique de cette équipée judiciaire.

Pour autant que personne ne soit dupe de la main qui a fait sous-traiter son action par une nébuleuse Ong, la justice, elle, s’en sort remarquablement écorchée dans sa crédibilité. Son indépendance que l’on clame aujourd’hui s’en est également trouvée écorchée, les Congolais ayant retenu de tout ceci que l’on nage en plein dans des slogans électoralistes pompeux et sablonneux. De même retient-on une grave atteinte à des piliers d’une véritable démocratie que sont les libertés d’opinion et d’expression.

Plusieurs observateurs en sont, d’ailleurs, venus à dénoncer cette sorte d’intolérance qui s’est installée avec cette tendance au rejet de toute forme de débat sur la marche de la Nation et la conduite de ses dirigeants. Dans ce cadre, les Congolais ne s’empêchent plus de se souvenir de ces débats chauds et ces déclarations tonitruantes qui pleuvaient, dix-huit ans durant, sur le Président Joseph Kabila. Comme celle de feu Etienne Tshisekedi qui, aux élections de 2011, dira de lui qu’il fumait le chanvre avant d’annoncer une prime à quiconque le lui amènerait ligoté.

L’affaire judiciaire Fayulu-Ngoyi, même si elle a avorté, n’est pas la première du genre ces derniers temps. Ce qui porte une lourde hypothèque sur la confiance nécessaire des Congolais en leur appareil judiciaire. Il est, dès lors, plus qu’urgent que les pyromanes de tous bords et autres tireurs de ficelles prennent la mesure du danger que faitr courir ce genre de situation.

On est, en effet, pas loin d’un désaveu de la justice qui amènerait les justiciables à trouver d’autres voies de règlement de leurs différends avec la risque de voir le pays sombrer dans l’anarchie et même dans un chaos indescriptible. En effet, la justice rime avec la paix et lorsqu’il n’y a plus de justice, il n’y a plus de paix non plus.

Jonas Eugène Kota

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