Réagissant, à travers les médias, à la demande d’explication lui adressée par le Premier ministre, le VPM en charge de l’Intérieur prétend n’avoir pas reçu ladite lettre et dégage toute responsabilité en rapport avec la suspension des Gouverneurs et vice-Gouverneurs du Kongo Central qui l’ont pourtant été par son prédécesseur et qu’il est censé assumer suivant le principe de continuité de l’Etat. Des effluves d’une rébellion flottent dans l’air…
Alors qu’il est sous le coup d’une action disciplinaire du Premier ministre qui l’a sommé de s’expliquer sur sa décision de réhabiliter les Gouverneur et vice-Gouverneur du Kongo Central, le vice-Premier ministre en charge de l’intérieur serait-il tenté par une rébellion ? Intervenant hier sur Top Congo Fm à ce sujet, Gilbert Kankonde a, en effet, déclaré ne pas être informé de la chose, alors qu’il avait reçu, le même jour, une lettre de Sylvestre Ilunga y relative.
« Je n’ai pas reçu de correspondance », a-t-il déclaré tout en dégageant sa responsabilité sur la suspension de Matubuana et Luemba, décision qu’il dit n’avoir pas prise. « Les réhabiliter par rapport à quoi ? Vous avez vu une décision de ma part qui suspendait le gouverneur Atou? », a-t-il encore demandé avant d’expliquer qu’à son arrivée, il n’avait trouvé que des convocations qu’il avait transmises aux Gouverneur et vice-Gouverneur. « le Vice-Premier ministre de l’intérieur n’a jamais suspendu le Gouverneur Atou. Ce que j’ai vu dans la remise et reprise que mon prédécesseur m’a remis, c’est une enveloppe avec des convocations qui avaient été rédigées et envoyées par le Procureur général près la Cour de cassation. Mon prédécesseur m’a dit qu’il avait rappelé en consultation le Gouverneur Atou et son vice afin de leur remettre ces convocations. Mais il n’a pas eu le temps matériel de le faire et il m’a laissé les deux convocations que j’ai bien transmises aux deux intéressés en tant qu’autorité de tutelle ».
On rappelle, cependant, que le Vice-Premier ministre a.i de l’Intérieur de l’époque, Basile Olongo, avait suspendu, à titre préventif et sur demande de la justice, les deux hauts responsables de l’Exécutif provincial du Kongo Central. Leur poursuite n’a, cependant, jamais eu lieu suite au rejet, par l’Assemblée provinciale du Kongo Central, de la requête ad hoc du Procureur général près la Cour de Cassation. Gilbert Kankonde, se basant sur la notification lui faite par le bureau de cette Assemblée, a donc réhabilité les concernés à travers un télégramme non motivé.
Il a, cependant, agit en violation de la procédure et de la loi, en omettant d’en référer à sa hiérarchie qu’est le Premier ministre. L’article 16 de l’Ordonnance n° 17/024 du 10 juillet 2017 portant organisation et fonctionnement du gouvernement, modalités de collaboration entre le Président de la République et le Gouvernement ainsi qu’entre les membres du gouvernement stipule, en effet, que : « A moins qu’il n’assume l’intérim du Premier Ministre en cas d’empêchement ou qu’il ne soit spécialement mandaté par lui, le Vice-Premier Ministre exerce en temps normal les seules attributions qui sont de son ressort. Pour toutes directives ou instructions qu’il estime devoir être communiquées à un Ministre, il s’en réfère préalablement au Premier Ministre ».
Les dispositions du second alinéa s’appliquent, mutatis mutandis, aux autres responsables sous la hiérarchie du Vice-Premier ministre concerné, dans le cas d’espèce les Gouverneurs de province. C’est cette obligation que le VPM Kankonde a omis en n’impliquant pas la Premier ministre dans sa démarche.
Du reste, sa décision de réhabiliter les deux autorités a suscité des tensions au Kongo Central où l’on a assisté à des manifestations quelque peu violente avant la plénière tumultueuse de mercredi dernier, qui s’est terminée par la déchéance du Gouverneur Atou Matubuana dans la confusion totale. Le même jour, en effet, le VPM Gilbert Kankonde avait envoyé un télégramme à Matadi, convoquant le Gouverneur encore en fonction ainsi que le Président de l’Assemblée provinciale et son bureau.
Ce qui fait dire à d’aucuns que le patron de l’Intérieur a perdu la maîtrise de ce dossier tel que l’atteste l’absence d’une décision appropriée, notamment une action disciplinaire qui aurait pu aboutir à des sanctions appropriées. En effet, contrairement à l’avis de son cabinet et d’une certaine opinion, l’article 32 de la loi portant code de conduite de l’agent public de l’Etat, l’action judiciaire n’est pas suspensive de l’action disciplinaire que le VPM Kankonde ne s’est, malheureusement pas donné la peine de mener, cela, bien entendu, en concertation avec le Gouvernement.
Jonas Eugène Kota