Le jeu du chaos projeté par Fayulu et « Lamuka », après avoir accepté stratégiquement la MAV, se décline ainsi : préparer déjà l’opinion au rejet d’une éventuelle victoire de Shadary au motif qu’elle serait le fruit d’une tricherie. Thèse soutenue par cette tension que l’on entretient déjà avec des cartes SIM soi-disant pour transmission des données avant le dépouillement manuel déjà garanti par la Ceni et connu par les électeurs comme seul source des résultats.
Tout au long de leur campagne électorale, Martin Fayulu et « Lamuka » ont prêché le rejet de la machine à voter au profit du bulletin papier. C’est en dernière minute que cet attelage de Genève va opérer un rétropédalage pour rejoindre la MAV. Les justifications avancées épousaient parfaitement les explications de la CENI sur comment allait se faire le vote entre cette machine et les urnes ainsi que le dépouillement qui devra être effectué à partir de ces dernières.
Cependant, « Lamuka » et Fayulu se sont obstiné à soutenir que leur motivation n’est pas à comparer avec le point de vue de la Ceni sur la MAV, les urnes et le dépouillement manuel qui est attendu. L’on avait cru qu’il s’agissait là d’une parade pour sauver la face au regard de ce changement qui soulignait l’instabilité qui caractérise cette candidature à la présidentielle, mais la réalité est qu’en fait, Fayulu et son groupe de Genève ont choisi de faire imploser les élections de l’intérieur au moyen justement de cette machine à voter qui sert désormais de pomme de discorde alors que leur ralliement était censé dissiper les malentendus.
En effet, lorsque dans leur dernière déclaration du week-end dernier, Fayulu et d’autres candidats à la présidentielle dénoncent et exigent aux opérateurs de la téléphonie mobile de publier les numéros des cartes SIM vendues à la Ceni, l’intention clairement affichée est d’insinuer que ces cartes vont être utilisées pour transmettre les données des votes par la machine à voter avant même le dépouillement manuel. Cette version a été largement médiatisée depuis lors et constitue désormais un nouveau point de crise qui devra servir à alimenter l’autre posture déjà déclarée, à savoir qu’il ne sera pas question d’accepter les résultats qui proclameraient Ramazani Shadary comme élu, cela au motif que ce ne serait pas le reflet de la volonté du peuple.
C’est donc dans cette intersection de la manipulation que se sont positionnés « Lamuka » et Fayulu, ainsi, d’ailleurs, que le ticket Cach Tshisekedi-Kamerhe. A Matadi, en effet, Félix Tshisekedi avait été beaucoup plus explicite lorsqu’il avait déclaré dans son meeting que la victoire de Shadary ne sera pas acceptée.
La manœuvre, dans ce jeu du chaos est donc de préparer déjà l’opinion au rejet d’une éventuelle victoire de Shadary au motif qu’elle serait le fruit d’une tricherie. Cette thèse tend à être soutenue par cette tension que l’on entretient déjà avec des cartes SIM et cette désinformation tendant à exclure le dépouillement manuel des garanties déjà données par la Ceni comme seuls résultats qui seront acceptées et transmis pour compilation.
Les Congolais qui suivent, depuis janvier 2018, la sensibilisation menée par la Ceni sur la MAV savent clairement que seuls les résultats issus du dépouillement manuel des bulletins glissés dans les résultats seront pris en compte. En cherchant à asseoir une autre thèse sous des prétextes des cartes SIM et cette contre-vérité quant à la transmission des données électroniques avant même le dépouillement pendant que l’on rejette déjà toute victoire d’un adversaire, Martin Fayulu et Lamuka, ainsi que les autres candidats qui les appuient devront porter la lourde responsabilité du chaos électoral qui en résulterait de ce macabre montage. Les observateurs retiennent, dans le chef de Fayulu et Lamuka, cette démarche conflictuelle qui, jusqu’au bout, n’a pour but que de créer les conditions de l’instauration du fameux plan « B » pour une transition sans Kabila.
N’oublions pas, en effet, que Adolphe Muzito n’a jamais démenti ni rapporté ses déclarations dans lesquelles il expliquait que Fayulu n’était pas leur candidat, mais plutôt leur porte-parole dans leur démarche visant à instaurer une transition de deux ans aux commandes de l’Etat avant d’organiser ce qu’ils estiment comme étant de vraies élections. Ce rappel vient ainsi corroborer le plan machiavélique prétextant des cartes SIM et tordant la vérité sur les vrais résultats des urnes. En effet, depuis le lancement de sa sensibilisation sur la machine à voter, la CENI explique clairement que seuls les résultats issus du dépouillement manuel des bulletins préalablement glissés dans les urnes seront pris en compte.
Après cela, si ces résultats devront connaître une transmission électronique, cela ne sera pas nouveau puisque ce fut le cas en 2006 et 2011 au moyen de la connexion V-SAT.
JEK