Même après son inhumation avec faste, feu Etienne Tshisekedi continue de faire l’objet d’une polémique autour de l’honneur lui reconnu à travers le grade de « grand cordon » de l’ordre national Héros Nationaux. Pour les uns, le sphinx de Limete a été effectivement proclamé héros national pour ses hauts faits de bravoure, tandis que pour d’autres cette reconnaissance n’a rien à voir avec ce rang.
Des sources ayant été proches de l’organisation des funérailles de l’ancien Premier ministre attestent que la question avaient été effectivement abordée et que malgré les explications apportées notamment par des juristes, une frange de l’organisation tenaient à tout prix à ce que feu Tshisekedi soit proclamé héros National, fût-il en passant outre les dispositions légales. « Heureusement que Félix (Tshisekedi) ne les a pas suivi. Il est resté conforme à la loi », commente un témoin de ce débat.
Pour mieux comprendre la nomenclature de « l’ordre national Héros Nationaux », il faut interroger la loi qui l’institue. En effet, c’est la loi n° 009/2002 du 5 août 2002 qui institue cet ordre dénommé « Ordre National Héros Nationaux ». Celui-ci vient remplacer l’Ordre National du Léopard créé par l’Ordonnance-loi n° 66-329 du 24 mai 1966 (article 13 de la loi du 5 août 2002).
L’article premier de la loi sous examen stipule ce qui suit : « Il est créé en République Démocratique du Congo l’Ordre National « Héros Nationaux » en mémoire des Héros Nationaux, le Président de la République Laurent-Désiré Kabila et le Premier Ministre Patrice Emery Lumumba, assassinés respectivement les 16 janvier 2001 et 17 janvier 1961 ». Cet énoncé désigne déjà les héros nationaux qui sont cités nommément, à savoir LD Kabila et P.E Lumumba. En sorte que toute autres personnes qui se distinguerait selon le profil spécifié comme s’identifiant à ces deux héros, serait éligible à cet offre suivant les grades y afférant.
Qui donc y sont éligibles ? L’article 2 de la loi ad hoc indique que « l’Ordre National « Héros Nationaux » est un ordre destiné à honorer et à reconnaître les mérites et loyaux services rendus à la nation par les personnes physiques nationales ou étrangères ». Et l’article 5 précise que « les conditions d’admission dans l’Ordre, d’octroi des insignes, de déchéance et de réhabilitation dans l’ordre national « Héros nationaux », sont déterminées par Décret du Président de la République ». C’est aussi le Chef de l’Etat qui a le pouvoir d’admission et de promotion dans l’ordre national (article 3) qui comporte les cinq (5) grades suivants, selon l’article 8 de la même loi : a) Grand Cordon Kabila – Lumumba ; b) Grand Officier ; c) Commandeur ; d) Officier ; e) Chevalier.
Etienne Tshisekedi a donc été admis au grade le plus élevé. Il y rejoint d’autres figures telles que Augustin Katumba Mwanke, Yerodia Abdoulaye Ndombasi, Abdou Diouf (élevé de son vivant), Justin Bomboko et Antoine Gizenga.
Deux choses méritent ainsi d’être retenues : d’abord que l’ordre national ci-dessus analysé ne s’appelle pas « Ordre national héros nationaux Kabila-Lumumba » ; ensuite qu’Etienne Tshisekedi n’a pas été proclamé « héros national » puisque ce grade n’existe pas parmi les cinq énumérés ci-haut.