Rien à dire. Le Cardinal Laurent Monsengwo Pasinya s’est encore produit devant les médias dans une démarche qui ne s’appelle pas autrement qu’une revendication d’une marche illégale à tous points de vue. Dans son adresse à la presse mardi 23 janvier 2018, l’Archevêque de Kinshasa a récidivé pour mener une démarche solitaire, alors que Mgr Marcel Utembi, Président en exercice de la Cenco, avait, bien avant cette marche, écrit aussi bien à lui qu’à tous les Archevêques et Evêques de se tenir loin de la nouvelle marche convoquée par le Comité Laïc de Coordination (CLC) dont il avait dénié toute appartenance à l’église.
En s’exprimant mercredi dernier sur cette marche, Mgr Monsengwo revendique la totale responsabilité de la marche du 21 janvier, indiquant par la même occasion qu’il en est le principal initiateur, d’autant plus que le CLC qui l’avait officiellement convoqué ne s’est même pas encore exprimé. Cette responsabilité englobe l’illégalité que revêt cette marche dont les organisateurs n’ont précisé ni l’itinéraire, ni le point de chute. Et du même coup, l’Archevêque de Kinshasa, qu’entouraient ses trois auxiliaires, se renforce dans sa stature de chef de faction à la tête d’une milice cléricale pour une croisade dont il connaît l’origine et les objectifs.
Quand Donatien Nshole contourne Marcel Utembi
Et à son service, son avoué au sein de la Cenco, l’Abbé Donatien Nshole, s’est donné la liberté d’établir un bilan de cette marche alors même que cet organe coiffant l’église ne s’est pas officiellement exprimé par la voie connue qui n’est autre qu’une déclaration officielle signée par son Président et son adjoint. Une démarche tendant à conférer quelque légitimité canonique à cette manifestation sans rapport avec l’église comme l’avait indiqué Marcel Utembi sans sa lettre. Léonard Nshole qui, selon des sources dignes de foi, ne séjournait pas à Kinshasa le jour de la marche, donne des statistiques tellement arides que l’on ne sait pas en établir la moindre authenticité lorsqu’il est question, par exemple, de connaître l’identité des personnes mortes ainsi que l’endroit et les circonstances de leur mort. Autant en dirait-on de toutes ces paroisses dont il ne cite pas les noms et la localisation. Et cette tricherie devient patente lorsque le même Abbé Nshole promet un rapport conséquent et officiel de la Cenco. Une manière, pour lui, de passer outre la consigne de Utembi et offrir un soubassement à son mentor Laurent Monsegwo pour la déclaration que fera celui-ci le jour suivant.
Monsengwo parle de la loi pour une marche qui la viole
Par ailleurs, lorsque Mgr Laurent Monsengwo parle de force de la loi, l’on peut légitimement l’interroger sur le fondement légal pouvant justifier la marche qu’il revendique. Tout le monde sait, en effet, que cette activité a été conduite en violation de la loi de 1999 relative aux manifestations publiques. Cette loi exige, en effet, aux organisateurs d’une marche, par exemple, d’en indiquer les points de départ et d’arrivée ainsi que l’itinéraire. Or, dans le cas d’espèce, comme le 31 décembre 2017, la lettre du CLC à l’autorité urbaine ne comportait aucune de ces spécifications.
Plus encore, les organisateurs de ladite marche ont voulu forcer la main à l’autorité urbaine en lui adressant la lettre d’information préalable dans les limites très serrés des trois jours impartis à cette dernière pour en prendre acte. Et ces organisateurs ont délibérément brillé par leur absence à la réunion technique prévue en prévision de la marche. Kils ont prétexté un fantomatique mandat d’arrêt qui aurait été lancé à leur encontre, alors qu’ils pouvaient bien déléguer d’autres personnes pour répondre à ce devoir légal. De quelle légalité donc Monsengwo parle-t-il ?
Autant peut-on l’interroger sur l’allusion qu’il fait à l’engagement du Commissaire provincial de la Police provinciale de Kinshasa qui avait indiqué qu’il n’y aurait pas de perte le 21 janvier. Par cette allusion, Monsengwo tente insidieusement de trouver un agrément de cette marche alors que l’on sait que par son engagement, le général Kasongo, se basait sur le fait qu’il n’y aura pas de marche conformément à la décision de l’autorité urbaine basée sur les irrégularités dont cette manif était entachée.
Bref, aussi bien par rapport à la loi de 1999, au droit canon qu’à l’organisation interne de l’église catholique en RDC à travers la Cenco, la marche du 21 janvier 2018, était un acte d’illégalité délibérée dont les organisateurs avaient pour objectif de créer les conditions d’une insurrection qui, malheureusement pour eux, ne s’est pas produite grâce, non seulement à la vigilance des forces de l’ordre et de sécurité, mais aussi et surtout à la clairvoyance des fidèles qui, massivement, ont préféré garder leurs maisons.
PDM