Covid-19 : le « variant belge » est originaire de la RDC

Par Marc Cherki (Le Figaro)

L’annonce de la découverte d’un nouveau variant du Sars-CoV-2 en Belgique a été un peu trop rapide. Car d’après nos informations, cette nouvelle souche est, en fait, d’abord apparue dans la République démocratique du Congo, une ancienne colonie belge. Puis dans la banlieue de Brazzaville, en République du Congo, il y a plusieurs mois.
Le département de génétique médicale du CHU de Liège, a pourtant affirmé qu’un de ses scientifiques a été le premier à avoir identifié ce variant. « C’est notre chercheur Keith Durkin qui a identifié ce variant dans le cadre du programme national de surveillance génomique du virus qui a été lancé fin décembre dans notre pays », avait indiqué dimanche dans le quotidien Le Soir Vincent Bours, responsable du laboratoire d’analyse et de séquençage du Sars-Cov-2 de l’Université de Liège.

La piste congolaise
Mais la base de données internationale Gisaid, la plus complète au monde qui regroupe 842.000 séquences du coronavirus, permet de découvrir une histoire un peu différente. En extrayant les données, il est possible d’affirmer que si ce variant appelé B.1.214 est surtout présent en Belgique, puis dans au moins 16 autres pays, notamment la Suisse, le Danemark et la France, il a été repéré sur des échantillons datant d’avril 2020 en République démocratique du Congo, puis dans la République du Congo ! Soit trois mois avant la découverte rétrospective du même variant en Belgique, retrouvé dès juin 2020, sur d’anciens échantillons.

Une collaboration entre l’Europe et le Congo
Une partie de la découverte en Afrique est à mettre au crédit de chercheurs de l’université de Tübingen, en Allemagne, en lien avec des scientifiques de Brazzaville (Congo). «C’est nous qui avons confirmé l’origine de ce variant à partir de d’échantillons collectés en novembre et décembre dans la République du Congo. Les résultats ont été communiqués au journal du groupe Nature, Scientific Reports», précise au Figaro, le Pr. Thirumalaisamy P. Velavan à l’Institut de médecine tropicale à Tübingen. Des recherches aussi détaillées par cette équipe dans un article scientifique publié dans la revue International Journal of Infectious Diseases, mis en ligne le 15 mars 2021, et qui s’intitule (en français) : «la surveillance du Sars-CoV-2 dans la République du Congo». Grâce à des recherches rétrospectives, ils ont trouvé des échantillons contenant ce variant remontant à avril 2020. Et un membre de son équipe précise que «selon la base de données Gisaid, je confirme que les premières séquences de la lignée B.1.214 ont été rapportées par une autre équipe dans la République démocratique du Congo (RDC)/Kinshasa et non par la Belgique ».
Interrogé sur cette origine africaine du variant «découvert» en Belgique, Vincent Bours a simplement transmis un article, extrait de la base de données Gisaid, qui décrit les mutations du variant au nom de code B.1.214 en janvier 2021, quand Gisaid comptait deux fois moins de références.

Bonne nouvelle : le variant congolais n’est pas dangereux

Que s’est-il passé ? La situation n’est pas claire, mais il est possible qu’au moment où l’équipe belge envoie ses résultats à la base internationale Gisaid en janvier, les chercheurs allemands et africains n’avaient pas encore transmis leurs analyses.
Seule certitude (et bonne nouvelle), ce variant ne porte pas les mutations les plus inquiétantes qui caractérisent les variants dits d’inquiétude, que sont les variants anglais, sud-africain et brésilien. Selon les dernières informations disponibles, le poids du variant «belge» dans les nouvelles contaminations de la population en Belgique est équivalent aux variants sud-africain et brésilien, pourtant apparus plus tard. Et ne devrait donc pas être plus contagieux, ni avoir un caractère accru de «sévérité»…

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