INTOX CHEZ LES NANDE SUR LE MESSAGE DE KABILA

Une intox tend à enfler autour de l’adresse du Président de la République lundi 16 avril 2018. Des mauvaises langues tordent, en effet, la compréhension du propos du Chef de l’Etat au sujet de la situation sécuritaire à l’Est. La version veut, en effet, faire croire que le Président Kabila s’en est pris à la tribu Nande pour l’accuser d’être à la base de l’insécurité au Nord-Kivu. Une intox inoculée par des pyromanes habitués à instrumentaliser les tribus pour assouvir des ambitions personnelles.

La vérité est que le Président de la République a interpellé les populations de l’Est pour stigmatiser la tendance à la formation des groupes armés soi-disant pour défendre des tribus. Il leur a demandé de laisser aux forces armées et de sécurité faire leur travail de pacification et de sécurisation. Joseph Kabila a aussi démontré que ces groupes armés affaiblissent l’efficacité des forces armées et émoussent leurs efforts lorsqu’elles doivent aussi les combattre au lieu de se concentrer sur l’ennemi principal qu’est aujourd’hui l’ADF. « Le rôle du Gouvernement est d’accentuer la pression sur tous ces groupes armés, sans distinction », a encore déclaré le Chef de l’Etat qui a également dénoncé la suspicion entre les communautés.

Au sujet de la polémique tendant à dresser les Nande contre Joseph Kabila, il est important de restituer les propos de ce dernier dans leur texture pour rétablir la vérité. Le Chef de l’Etat avait fait une digression sur la situation sécuritaire à l’Est et la prolifération des groupes armés en évoquant un cas qui est arrivé à sa résidence à Musienene, dans la périphérie de Beni. Il avait clairement dit ce qui suit : « J’ai reçu un appel de Beni pour apprendre que ma maison à Musienene a été attaquée par des Maï Maï qui croyaient qu’il y avait des armes cachées là-bas, ce qui n’était pas le cas. Mais je constate qu’il y a des Nande non pas seulement au Nord-Kivu, mais aussi à Kelemie, ici à Kinshasa et partout à travers le pays. Mais qui est-ce qui attaque les Nande parce qu’ils sont Nande ? C’est la question que je me pose. »

Une façon, pour le Chef de l’Etat de décommander la pratique de l’autodéfense comme il l’a dit dans le même exposé en citant d’autres tribus comme les hutu, et cela à titre purement d’illustration, puisque Joseph Kabila a clairement dit qu’il n’aime pas parler ou citer les tribus. Joseph Kabila a même dénoncé les initiatives des politiciens qui tendent à coller des tribus derrière des mouvements armés avant de rappeler que le rôle de l’Etat est de ne pas accepter cette façon de voir les choses. « Il n’y a qu’un seul pays, la République démocratique du Congo, point », a conclu le Chef de l’Etat en rappelant qu’il n’y a que l’Etat pour défendre toutes les communautés.

En cherchant à sortir les propos du Chef de l’Etat de son contexte, les auteurs de cette démarche ne savent pas combien ils jouent avec le feu au regard du passé sanglant de l’Est avec la question de cohabitation inter-tribale, mais aussi lorsque l’on cherche à monter les communautés contre l’autorité politique établie comme on l’avécu aux Kasaï avec le phénomène Kamwina Nsapu. C’est ici le lieu de dénoncer ces politiciens de l’Est qui sont à nouveau tentés par l’aventure de la lutte armée et cherchent justement à se servir de leurs communautés tribales pour assouvir leurs ambitions personnelles. Ces personnes sont bien connues et revendiquent même leurs initiatives et intentions à travers médias et réseaux sociaux. Mais ce qu’il faut souligner c’est que la société congolaise est organisée administrativement et coutumièrement autour des hiérarchies d’autorités bien identifiées. Personne ne peut se permettre de se réveiller un matin pour prétendre se mettre à la tête d’une milice prétendument rattachée à une tribu alors qu’il ne cherche qu’à assouvir ses ambitions personnelles avec le sang des enfants d’autrui.

Le vaillant et dynamique peuple Nande devrait ouvrir l’œil et le bon pour éviter de se laisser aller à ce genre de manipulations pour des combats qui ne sont pas les siens. En établissant une résidence à Beni, Joseph Kabila a traduit, par-là, la sympathie qu’il a pour ses compatriotes Nande parmi lesquels il vit lorsqu’il est dans cette partie du pays. Mais on n’en dirait pas autant des autres fils Nande qui cherchent à instrumentaliser les leurs pour leurs intérêts personnels.

Yvon RAMAZANI

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