Alors que la crise qui ronge l’Union nationale de la presse du Congo (UNPC) tendait vers sa résolution au terme d’une médiation du ministre d’Etat en charge de la Communication et médias, l’opinion est désillusionnée face au revirement spectaculaire de la situation. En effet, lundi dernier, la médiation a abouti à la conclusion et la signature d’un protocole d’accord visant la solution à la dite crise en vue de la tenue d’un congrès consensuel. Ce protocole d’accord prévoyait, entre autres, que les membres actuels du comité et des organes de l’Unpc ne se représentent pas au prochain congrès.
Seulement, 24 heure après la signature du protocole d’accord, Kasonga Tshilunde, leader d’une des parties en conflit, va la dénoncer ce protocole en confirmant sa candidature à sa succession. Hier au cours d’une conférence de presse, un nommé Jonas Ngalamulume, présenté abusivement comme conseil juridique et politique de l’Union, a expliqué que ses clients n’ont pas à se soumettre à des arrangements particuliers entre individus. Son camp préfère s’en tenir aux textes de l’Unpc qui n’excluent nulle part quiconque du droit de candidater.
Déjà au moment de la signature du protocole d’accord, on voyait venir cette situation lorsqu’on constatera d’abord l’absence physique de Kasonga Tshilunde. Ensuite, de ses trois représentants, deux vont signer sous réserve tandis que le troisième va se garder de signer.
Ainsi donc, tous les efforts fournis ces derniers temps pour apaiser les esprits et régler le conflit qui prend toute la profession en otage sont tombés à l’eau au profit des intérêts personnels. Le congrès à venir va donc se tenir dans un contexte de schisme et n’aura que le diabolique mérite de cristalliser le conflit et la division aussi bien de l’Union que de la profession tout entière au nom des intérêts des individus.
Quand les intérêts des individus prennent le dessus sur la profession
On ne peut en dire autrement lorsqu’en parlant des droits statutaires de chacun contre ce qu’il a appelé des arrangements particuliers, sieur Ngalamulume fait l’impasse sur ce chapelet de violations des mêmes statuts et règlements intérieurs de l’UNPC. Des violations qui ont jalonnés le processus ayant conduit à la convocation du congrès de tous les malheurs. Le ci-devant conseiller juridique et politique n’a certainement pas manqué de lire l’article 10 du règlement intérieur qui prévoit que l’acte de convocation du congrès doit être signé par le Président et le Secrétaire général après avis du comité directeur, ce qui n’a pas été le cas. Le même article prévoit que le congrès soit convoqué trois mois au moins avant la date fixée, ce qu’il n’a pas vu non plus.
De même, l’article 11 du même règlement intérieur exige aux membres des différentes commissions et aux délégués des sections provinciales de remettre leurs mandats dûment signés au Secrétariat général de l’Union deux semaines au moins avant le congrès. Ça aussi, personne ne l’a vu.
Et que dire de l’article 33 des statuts qui organise la gestion des fonds de l’Union sous l’autorité du Trésorier général ? Cet article stipule, en effet, que le Trésorier général est chargé de la gestion du patrimoine de l’Union. Il en exécute les charges, effectue tout paiement et reçoit toutes les sommes dues à l’Union. Il signe les actes financiers avec le Président et le Secrétaire général. Il tient la comptabilité régulière et rend compte et rend compte de sa gestion au comité directeur.
Les professionnels des médias sont témoin de l’opacité qui a caractérisé la gestion des fonds levés pour le congrès par une clique d’individus en dehors des organes statutaires et des personnes attitrées telles que le Secrétaire général et le Trésorier général. L’Union et ses membres n’ont que leurs yeux pour pleurer, mais ça également, le conseiller juridique et politique, ainsi que ses clients, n’en ont cure, pour autant que chacun préserve ses intérêts privés sur le dos de la profession. Toute forme de réaction, comme la présente démarche, est passible d’une fatwa des conquistadors qui ont pris l’UNPC en otage.
Et la politique s’en mêle
Au bout du compte, on se rend compte que les rivalités au sein de l’UNPC ont fini de la placer sous l’emprise des forces politiques sous le regard ahuri des observateurs. Comme du fil blanc sur un tissu noir, cette politisation de l’Union en est arrivée jusqu’à une dangereuse tentative d’opposition du Ministre d’Etat en charge de la communication et médias à la Première dame pour sa contribution financière. Sans fards, en effet, le responsable actuel de la commission de la carte professionnelle, Jean Marie Basa, a accusé Jolino Makelele d’avoir exigé 40% des 100.000$ de Mme Denise Nyakeru Tshisekedi, ce que ce dernier vient de démentir.
Une accusation préméditée et bien préparée puisqu’au moment où se concluait le protocole d’accord sous la médiation du même Ministre, le même Basa postait sur son mur facebook ce qui suit : « Jolino Makelele complote en ce moment contre l’UNPC et contre la Fondation Denise Nyakeru ». Cette démarche, qui visait à torpiller les bons offices du ministre de tutelle, a été largement relayée par les alliés de Kasonga Tshilunde. Le point culminant aura ainsi été la conférence de presse où a été officiellement déclaré le rejet des conclusions des négociations autour de Jolino Makelele. Il s’agissait donc de faire miroiter un bras de fer entre ce dernier et la Première dame pour l’amener à lâcher du lest.
Sans succès puisque que la démarche a abouti à la signature d’un accord que le camp Tshilunde n’a trouvé mieux que de dénoncer. De ce fait, il sera retenu que Kasonga Tshilunde et ses soutiens portent désormais la lourde responsabilité de la perpétuation de la crise en abusant de la bonne foi de la distinguée Première dame que l’on a agité sans vergogne comme un épouvantail pour intimider les gens. Qu’on ne s’étonne donc pas de ce qu’à Muanda se tienne un congrès unilatéral d’entérinement des coups bas déjà boutiqués à l’avance. Exit l’Union et la profession.
Jonas Eugène Kota