« APRES MOI, LE DÉLUGE ! »

23 années se sont écoulées depuis que disparaissait Mobutu Sese Seko au Maroc. Rongé par la maladie, l’ancien Président du Zaïre venait d’être destitué après 32 an,s de pouvoir par les forces de l’AFDL. Aujourd’hui, que reste-t-il du régime dictatorial de Mobutu et quel image les Congolais gardent-ils de lui? Mussa Kitoko Henri, analyste indépendant, a fait l’analyse ci-dessous que nous publions à l’occasion de la commémoration de cet homme qui, quoi que l’on dise, aura marqué l’histoire de ce pays à sa manière.

Je suis étonné de constater que cette déclaration n’a jamais fait, en ma connaissance, l’objet d’un quelconque débat pour analyser et comprendre si c’était une simple déclaration d’intimidation à l’endroit des partisans de son départ ou alors pour savoir si le déluge viendrait d’où, de qui et/ou comment ?

En scrutant l’histoire politique du Maréchal MOBUTU de ses trente-deux ans de règne, nous devons savoir que le père fondateur du MPR parti Etat du Zaïre avait posé deux actes indélébiles dans le parcours de sa vie politique en RD Congo.

En effet, MOBUTU a posé le premier acte historique de sa carrière politique tout juste au début de son engagement aux affaires : il s’est investi pour promouvoir l’unité du Congo et/ou des Congolais. Cet acte lui a valu l’admiration des Congolais et c’est même l’unique acquis que MOBUTU a offert aux peuples congolais dont les avis ne s’opposent pas. Le deuxième acte d’après les enquêtes, c’est la planification du déluge dont la plupart des congolais ne comprend pas.

MOBUTU père de l’unité nationale !

Pour mémoire, pendant la guerre froide, le gouvernement américain et ses alliés avaient recruté et utilisé MOBUTU comme pion pour lutter contre l’expansion du communisme en Afrique et plus particulièrement en RDC  et ce, pour empêcher le Congo ou une partie du Congo de basculer dans le camp des communistes car les américains et leurs alliés considéraient que la perte du Congo après celle de l’Angola pouvait faire basculer toute l’Afrique subsaharienne vers le communisme.

Il sied de signaler aussi qu’à cette époque, le Congo était en danger d’éclatement à la suite de la montée de la politique tribalo-linguistique. C’est la période pendant laquelle on a connu des partis politiques aux couleurs des communautés tribales et linguistiques : l’ABAKO (Alliance des Bakongo), le CONAKAT (Convention Nationale du Katanga), l’UNIMO (union des mongo) et j’en passe.

On pouvait constater aussi une autre menace d’éclatement du Congo suite à la percée de la campagne du communisme qui avait déjà investi une partie du Congo, plus particulièrement à l’Est où fut proclamée la première République populaire du Congo depuis la ville de Stanleyville aujourd’hui Kisangani. Toujours en termes de cette campagne, une rébellion à tendance communiste avait déjà occupé la grande Province du Kivu, la Province Orientale et une partie de l’Equateur.

Pour mettre fin à cette menace, les américains se sont résolus de donner le pouvoir à MOBUTU en lui confiant la mission de : (1) stopper la campagne du communisme au Congo ; (2) maintenir le Congo dans le camp des capitalistes; (3) créer l’unité du Congo dans l’objectif d’empêcher qu’une partie du Congo échappe au contrôle de l’Amérique.  

Pour ce faire, le Lieutenant-général MOBUTU s’est résolu à son tour d’anéantir, en premier lieu, tous les activistes de la politique tribale de peur que leurs luttes provoquent l’éclatement du Congo à cette époque où la guerre froide avait atteint son paroxysme. Mieux, par crainte qu’une partie du Congo, après l’éclatement, se transforme en une zone de protectorat russe. Ensuite, il s’est résolu d’anéantir les politiciens indexés par ses services de vouloir tourner le Congo vers le communisme.

Par ces détails, on retiendra que MOBUTU s’était investi de promouvoir l’unité du Congo ou des Congolais dans l’intérêt propre des américains et non pour faire la volonté des congolais. C’est à travers ce concours de circonstance que les congolais ont savouré le délice de l’unité nationale. Une lutte au profit du monde capitaliste qui a marqué et électrisé les esprits des congolais jusqu’à ce jour à tel enseigne que les révélations contenues dans ce récit poseraient un problème de compréhension parmi certains compatriotes.

MOBUTU artisan de déluge du Congo !

D’aucuns se souviendront que peu avant que le Maréchal MOBUTU quitte le pouvoir, il avait dit : « après moi ca se sera le déluge ». Il va sans dire que c’est le déluge promis et voulu par MOBUTU qui est à la base de la forte zone de turbulence politique que le Congo est entrain de traverser depuis la période marquant la fin de son règne jusqu’à ce jour.

En effet, le Maréchal MOBUTU ayant senti les effets du vent puissant de la perestroïka, soufflé par ses alliés d’hier, défavorable à son règne et ajouté à cela les effets sans appel d’une opposition radicale bouillonnants sur le plan national, il s’est résolu de piéger l’avenir du Congo de manière à ne pas laisser la chance à ses successeurs de diriger le Congo en toute quiétude.

Pour mettre le plan de déluge du Congo en exécution, MOBUTU avait monté une stratégie efficace et dommageable pour l’avenir du Congo.

Avant tout, il faudrait savoir que le Père de l’unité du Congo était le rare politicien de l’époque qui avait compris que la montée de la politique tribale avait entrainé le Congo dans le chaos et l’anarchie sans oublier l’apparition de germes des sécessions.

De même, il était le seul à comprendre que le retour de la politique tribale peut à coup sûr détruire l’unité du Congo et entrainer ainsi le pays dans le déluge ayant comme conséquence la fissure de la cohésion nationale pouvant même entrainer le pays vers la balkanisation.

Ainsi pensait-il que, pour donner une suite à son plan, le Maréchal MOBUTU s’est résolu vers la fin de son règne, de détruire l’unité du Congo en s’impliquant pour le retour du tribalisme dans l’objectif d’entrainer le pays dans le chaos par la haine, les divisions communautaires et l’anarchie  avec risque de chavirer dans la balkanisation. Voilà d’où est venu le déluge dans lequel le Congo est plongé depuis la chute du défunt Maréchal jusqu’à ces jours.

Cependant force fut de constater que des mains de maître MOBUTU a réussi à raviver le tribalisme qu’il avait maté vers les années soixante en déployant ses lieutenants à la tête des provinces telles que le Katanga, la Province Orientale et le Sud Kivu pour ne citer que celles-là. C’est pendant cette période que Mobutu a sonné le glas du retour au tribalisme en opposant les ressortissants de chaque province contre leurs compatriotes qui choisissent de vivre dans des provinces dont ils ne sont pas originaires.

Avec l’arme du tribalisme, il a réussi à contrer la montée fulgurante de l’opposition radicale qui avait le vent en poupe. A la suite de cet acte, les membres de l’opposition radicale ressortissants de la tribu de leur leader furent traqués, molestés voire arrêtés. D’autres subirent des dégâts d’une rare barbarie notamment des maisons saccagées ou brulées, des pertes d’emploi sans oublier des mesures de refoulement observées dans certaines provinces.

En ravivant le tribalisme, MOBUTU a délibérément planifié, avant la fin de son règne, le déluge du Congo et le pays a vu réapparaitre tous les virus de destruction de la cohésion nationale et l’ombre de la balkanisation.

Somme toute, Mobutu Père de l’unité du Congo est le seul qui a fait et défait l’unité du Congo et le Congo devient quasi ingouvernable suite à la montée en puissance  du tribalisme, régionalisme et de la politisation des communautés tribalo-linguistiques.

MUSSA KITOKO Henri (Analyste indépendant)

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