JUSTICE, LE RACCOURCIS POLITIQUE POUR ATTEINDRE LE PARLEMENT

C’est un secret de polichinelle : des manœuvres « undergroundesques » sont en cours pour mettre à mal l’institution Parlement. Des personnalités bien en vue sont à la manoeuvre pour, si pas renverser la majorité au Parlement, du moins gêner autant que possible son fonctionnement. Bien de députés de la majorité FCC témoignent avoir fait l’objet d’intéressement dans ce sens. Le coup consisterait, non pas à les faire quitter leurs positions électorales au risque de perdre leurs sièges, mais simplement à se retourner contre leur famille politique à l’hémicycle.

Le deuxième vice-Président de l’Assemblée nationale a fait état, hier jeudi devant la presse, d’une série d’incidents aux apparences étranges, mais qui convergent bien en faisceau vers cet objectif. Pour y parvenir, la voie de la justice ferait l’objet d’une exploitation manifeste. Le Conseil d’Etat et la Cour constitutionnelle servent de donjons à ces manœuvres.

Pour ce faire, l’on évite le choc frontal pour avancer de billet. Ainsi donc, pour atteindre l’Assemblée nationale, Jean Marc Kabund a été coaché pour qu’il attaque le bureau par la personne de sa Présidente. Les stratèges de Kabund sont conscients que son dossier est exclu de toute possibilité de compétence dans le chef du Conseil d’Etat. Les actes parlementaires, dont les résolutions/décisions de la plénière qui est souveraine, n’ont aucun rapport avec les matières administratives relevant de la compétence du Conseil d’Etat. La déchéance de Kabund fait partie de ces actes parlementaires. Et l’élection d’un nouveau premier vice-Président découle de cette décision.

Le Conseil d’Etat est conscient de cette réalité et au fait de l’actualité parlementaire, mais le juge de référé n’en a cure. Coaché par sa hiérarchie, il fonce dans le tas en se déclarant compétent pour traiter une matière bien connue. Le rendu de la décision se passe dans les conditions que l’on connaît. Curieusement, personne, au sein de l’appareil judiciaire ne s’en émeut. Au contraire, au nom de l’article 151 de la Constitution, le Procureur près le Conseil d’Etat mobilise les moyens d’Etat pour faire exécuter une décision judiciaire dont l’iniquité est patente. Et naturellement, la police nationale ne se fait pas prier. Elle le peut d’autant moins que sa tutelle, le ministère de l’Intérieur, a une proximité évidente avec « l’affaire ».

Il n’y a pas longtemps, en effet, que Gilbert Kankonde avait mis le pied à l’étrier avec la ferme intention d’aller boucler le Palais du peuple. Il voulait ainsi empêcher la tenue d’un congrès que certaines instances craignaient qu’il ne destitue le chef de l’Etat. Cette fois encore, Kankonde ne pouvait se faire prier pour lever ses bataillons de policiers. Même si la réquisition du Procureur général a suffis.

Il est, dès lors, étonnant d’entendre cette clameur sur la représentation nationale que l’on accuse de vouloir violer la Constitution. Le péché originel est pourtant bien l’irrégularité de la décision du juge de référé. On s’attendait donc à ce que le Procureur général s’en offusque et apaise les esprits au sein de la communauté nationale. Rien de tel, le juge de référé s’en tire sans le moindre blâme, alors que son jugement risque de faire jurisprudence.

Ce gangstérisme judiciaire n’est, en réalité, qu’un maillon dans la croisade politique contre le Parlement, comme indiqué plus haut. De la sorte, plus personne ne doute qu’à la Cour constitutionnelle, Kabund s’en tirera haut la main, tandis qu’en cassation, Jean-Jacques Mamba boira la tasse. Et la messe sera dite.

En effet, lorsqu’on dit de l’Assemblée nationale qu’elle se précipite, on ne dit pas par rapport à quelle échéance. A revers, en donnant carte blanche à tous les travers d’une justice manifestement aux ordres tout en voulant imposer à la chambre basse un rythme de travail par le chantage à la Constitution (article 151), c’est là que se situe l’empiétement sournois sur sa parcelle d’indépendance.

JEK

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