NATIONALITÉ : CROYANT LE DÉDOUANER, LUMBI ACCABLE KATUMBI

Alors que leur jocker pour décembre 2018 est dans la tourmente avec la loi sur la nationalité, Pierre Lumbi et les autres katumbistes esquivent la question par une diversion, d’une part, en s’attaquant à ceux qui en parlent au lieu d’éclairer les Congolais sur le sujet et, d’autre part, en entretenant un flou suspect par un amalgame entre les origines (parenté et filiation) et les nationalités de Katumbi. Bref, une agitation tout aussi suspecte qui laisse le problème entier et impérial dans ses évidences accablantes…

Qu’est-ce qui fait tant s’agiter les Katumbistes sur cette affaire de nationalité de leur champion déclaré candidat à la prochaine présidentielle ? Question d’intérêt lorsqu’on sait que ce sujet de nationalité des acteurs politiques a toujours défrayé l’actualité par le fait même des opposants, croyant mettre à mal la majorité et tous ceux qui leurs sont assimilés. Le dernier cas en date est celui de Samy Badibanga, alors Premier ministre, dont la nationalité belge fut divulguée par Olivier Kamitatu, ci-devant porte-parole de Moïse Katumbi qui se trouve aujourd’hui dans la même tourmente.

Bien avant le cas de Samy Badibanga, c’est José Makila qui, lors de la législature de 2006, souleva la question de nationalité qui suscita un débat général à l’Assemblée nationale. Croyant aussi mettre en difficulté des ministres et des députés de la majorité, José Makila, alors député Mlc, ouvrit carrément la boîte de Pandore jusqu’à ce qu’on se rendit compte que même des opposants étaient concernés par la même question de nationalité. Un moratoire fut unanimement décrété pour permettre à chacun de se mettre en ordre avec la loi congolaise étant donné que la simplement renonciation à une nationalité étrangère ne fait pas recouvrer automatiquement celle congolaise.

 

Le dossier des nationalités de Katumbi est vieux de plus de six ans

Cette « guerre » des nationalités est donc de pratique assez courante au sein de la classe politique congolaise où elle est utilisée comme une arme des uns pour disqualifier les autres. Mais le cas de Moïse Katumbi Chapwe est bien particulier puisque la question de la détention par lui de plusieurs passeports ayant des implications sur sa nationalité congolaise de départ  ne date pas d’aujourd’hui et n’est pas une initiative de ses adversaires politiques. C’est depuis qu’il était passé Gouverneur du Katanga que ce sujet défrayait l’actualité dans les médias occidentaux qui parlaient aussi de ses différents noms, ses nombreux passeports, sa fortune dans les paradis fiscaux, ses pratiques d’affaires dont le trafic d’armes, etc.

En RDC, la nationalité et les noms de Katumbi avaient été évoqués ouvertement par Jean Claude Muyambo dans l’une des 14 lettres ouvertes que ce dernier avait adressées à l’ancien Gouverneur du Katanga avec force publicité dans la presse. Avec cette particularité que Katumbi et Muyambo sont deux frères tribaux de la tribu Bemba au Katanga et qui, à l’époque de ces lettres, évoluaient tous au sein de l’association culturelle « Sympia » avant que celle-ci n’implose. Avec aussi cette autre particularité qu’à l’époque de cette querelle de leadership, tous les deux étaient dans la majorité et ce sont les instances de la famille politique du Chef de l’Etat qui les avaient ramenés à la raison.

 

Comment Pierre Lumbi accable Katumbi

Aujourd’hui, la levée des boucliers dans les rangs des Katumbistes est d’autant plus surprenante que l’on peut se demander à quoi elle réagit : au retour de cette question de la nationalité de Katumbi dans l’actualité à un moment plutôt délicat ou aux commentaires que certains hauts cadres de la majorité ont faits quant à une éventuelle implication sur son éligibilité ? Mais dans l’un ou l’autre cas, les thuriféraires katumbistes charrient tellement de maladresses dans leurs réactions que celles-ci éveillent des curiosités sur une tentative de dissimuler une grave réalité. En effet, lorsqu’en guise de réaction officielle, ils choisissent Pierre Lumbi pour le faire, la démarche tend à faire un chantage sur la famille politique du Chef de l’Etat. Lumbi a été conseiller spécial du Chef de l’État en matière de sécurité et userait de cet ancien statut pour essayer de dissuader les adversaires politiques sur la question dans une démarche d’aveu implicite du genre « on se connaît tous, et Katumbi n’est pas le seul concerné ». Mais il oublie que l’on parle ici d’un candidat Président de la République…

Au demeurant, les observateurs se demandent ce que l’alliance de Lumbi avec Katumbi a déjà rapporté à ce dernier depuis la création du G7 puis du Rassemblement à Genval. Alors qu’il conduit la machine du G7, du reste réduit aujourd’hui à 6 au lieu de se renforcer, Lumbi, qui avait aussi la main haute sur le Rassemblement/Limite, a réussi à s’isoler et s’éloigner de toute influence, annihilant ainsi son efficacité pour faire avancer le dossier de décrispation politique qui doit permettre à Katumbi de rentrer au pays. Et c’est à juste titre que certains analystes considèrent qu’à ce jour et d’une manière générale, Katumbi demeure le seul dindon de la farce de toutes les alliances qu’il a nouées depuis qu’il a quitté la majorité, mais qui ne lui ont encore rien rapporté comme dividende politique.

Pendant ce temps, et pour revenir sur sa nationalité italienne, d’autres tentent, non pas de démentir , mais de minimiser l’affaire sur le simple fait que Katumbi fut dans la majorité et a, à deux reprises , été élu député au même titre qu’il a exercé des fonctions publiques et au sein de son parti, le PPRD ; tout cela pour prétendre qu’il ne pouvait s’offrir un tel cursus tout en ayant une nationalité étrangère sans que ses partenaires politiques ne soient au courant et ne l’en empêchent. Mais ceux qui avancent ce dernier argument oublient qu’à l’époque, un moratoire avait été décrété à l’Assemblée nationale pour permettre à tous les concernés (de la majorité comme de l’opposition) de se mettre en ordre avec la loi congolaise sur la nationalité.

Cependant, même si ce moratoire n’en encore jamais été levé jusqu’à ce jour, il faut souligner qu’il s’agissait d’un deal politique qui ne peut nullement être opposé aux lois devant la justice.

Par ailleurs, il faut noter que toutes les dénégations enregistrées à ce jour n’abordent pas ouvertement le sujet mais s’attaquent plutôt à tous ceux qui en font état sans aider Katumbi qui devra bien s’en justifier le moment venu. Ils préfèrent entretenir un amalgame suspect entre les origines de Katumbi et ses nationalités tout en politisant l’affaire à outrance, ravivant par là la curiosité des observateurs. Comme quoi, en affichant une telle arrogance doublée de cette suffisance lors de leur conférence de presse du week-end dernier, Lumbi et les autres katumbistes ne font qu’accabler leur patron.

 

Les faits restent têtus…

A ce stade de l’affaire, les faits connus à ce jour sont que :

  1. Katumbi détient ou aurait détenu plus d’un passeport autre que celui congolais. Ces détentions lui ont conféré d’autres nationalités, notamment zambienne et italienne, lui faisant perdre automatiquement la nationalité congolaise qui ne se détient pas concurremment avec une autre.
  2. Les documents en circulation, et que personne n’a attaqués à ce jour, établissent que Katumbi avait renoncé à la nationalité italienne en 2016 et que les services italiens compétents, dont l’ambassade d’Italie à Kinshasa, en avaient pris acte.
  3. La loi congolaise sur la nationalité oblige, en son article 34, toute personne voulant recouvrer cette nationalité à introduire une requête et suivre la procédure également prévue dans la même loi. Or, à ce jour, personne au ministère de la Justice n’a souvenance d’avoir vu un dossier du genre au nom de Moïse Katumbi Chapwe.
  4. Même au cas où il recouvrerait la nationalité congolaise, Moïse Katumbi ne devrait pas, normalement, pas être automatiquement éligible à une candidature pour la présidentielle, et cela en vertu de l’article 72 de la Constitution qui exige à tout candidat à ces hautes fonctions, entre autres,  de « posséder la nationalité congolaise d’origine ». Or, une nationalité recouvrée n’est pas une nationalité d’origine et ne confère donc pas les mêmes droits, surtout politiques.

Par contre, alors que cette affaire défraie la chronique et qu’il est légitimement attendu pour éclairer la lanterne des Congolais dont il s’apprête à sollicite le suffrage, Moïse Katumbi, croyant confondre ses détracteurs, a présenté, au cours d’une émission en lingala, un passeport congolais qui lui permet de voyager à travers le monde. Il se fait que c’est un passeport semi-biométrique qui n’a plus cours légal depuis le 14 janvier 2018. Bref, s’il faut ajouter à ce genre de libertés qu’il s’offre avec les lois, les derniers plagiats des dénominations des plates-formes politiques déjà existants, l’on peut légitimement se demander à quel changement Katumbi veut conduire les Congolais.

Le dossier reste ouvert…

PDM

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