On ne peut pas déclarer sortir du bain tout en prétendant y demeurer et continuer à profiter des vertus revigorantes de son eau. Modeste Bahati Lukwebo a bien conscience d’avoir perdu tous les avantages politiques – car c’est bien de ceci qu’il s’agit – que lui conférait son appartenance au FCC, et devrait en assumer les conséquences, pleinement et en toute responsabilité, et cesser de tromper ceux de ses sociétaires qui croient encore en lui.
Après avoir décidé de reprendre l’autonomie de l’Afdc-A du FCC, signifiant par là le retrait de celle-ci faute d’avoir été désigné candidat de ce regroupement politique pour le poste de Président du Sénat, Modeste Bahati Lukwebo est allé plus loin en saisissant le ministère de l’Intérieur qui a reconnu la frange de cette plate-forme qu’il contrôle comme la seule légalement existante. Déjà il avait décidé de poser sa candidature au même poste pour lequel il s’était opposé au candidat du FCC qui l’a démocratiquement battu.
Plus tard, et dans plusieurs déclarations, Bahati Lukwebo s’était clairement déterminé en dehors du FCC et de CACH lorsqu’il avait définit l’Afdc-A comme une troisième force au sein de la majorité parlementaire dont lui et ceux qui lui sont demeurés fidèles continuent de se réclamer pour exiger de participer à la formation du prochain gouvernement. Bahati en a, d’ailleurs, saisi officiellement le Premier ministre à travers une lettre dans laquelle il demande quatre postes ministériels dont une vice-Primature et un ministère d’État.
Les vérités historiques qui confondent Bahati
Intéressé par un tel acharnement politique, les observateurs en sont arrivés à d’interroger sur les fondements politiques et juridiques qui justifieraient ou légitimeraient cette réclamation. Interrogations d’autant plus justifiées que Bahati connaît très bien l’organisation politique et le fonctionnement des regroupements comme il en fut le cas avec l’AMP de la mandature 2006 et la MP de 2011. À ces deux expériences, en effet, il fut parmi les sociétaires de ces regroupements kabilistes qui avaient manifesté des velléités d’autonomie : lors de la mandature 2006 avec la création avortée du Centre libéral et progressiste (CLP) dont il fut l’un des initiateurs en 2010 avant de se raviser; et lors de la mandature de 2011 avec la dissidence des katumbistes qui, en 2015, étaient allés créer le G7 à ‘initiative de laquelle il fut le huitième leader avant de se raviser également.
Pour le cas de 2015, les partants avaient pris le temps de libérer les postes ministériels et autres qu’ils occupaient du fait de leur appartenance à la MP. Bien longtemps avant cela, sous la transition 1+4, Alexis Thambwe-Mwamba avait démissionné des Affaires étrangères lorsqu’il avait décidé de quitter le MLC par lequel il occupait ce ministère. Idem pour Olivier Kamitatu qui avait libérer le perchoir de l’Assemblée nationale suite à sa brouille avec JP Bemba et après son retrait du MLC.
D’où viendrait-il alors que Bahati revendique aujourd’hui le droit de participer à un partage des postes qui concernent deux forces politiques post-électorales, le FCC et CACH ? Ces deux plates-formes politiques, on le sait, ont décidé de mutualiser leurs gains électoraux au sein d’une majorité commune pour gouverner. Et au moment de cette mutualisation, l’Afdc-A faisait partie intégrante du FCC, et cela au même titre que le furent d’autres partis et personnalités politiques sous l’AMP en 2006 et la MP en 2011.
Comme le FCC, l’AMP et la MP n’ont jamais eu de personnalité juridique, mais…
Dans les trois cas (FCC, AMP et MP), il n’a jamais été question de faire prévaloir les existences juridiques de ces plates-formes qui n’en avaient et n’en ont pas. Ce qui n’a jamais empêché à Bahati de bénéficier des postes sans rechigner ; et ce qui n’avait pas amené les Lutundula, Kamitatu, Mwando et tant d’autres à se cramponner aux fonctions qu’ils occupaient du fait de la MP au motif qu’ils continuaient à faire partie intégrante de la majorité.
En clair, Bahati Lukwebo se ment à lui-même, manifestement pour occulter la responsabilité morale qui lui incombe d’avoir, au nom de ses ambitions personnelles, hypothéqué la carrière politique de tous ces jeunes cadres qui ont commis le seul péché de croire en lui. En effet, Modeste Bahati sait très bien que même les cadres Afdc et Afdc-A qui occupent déjà des fonctions à l’échelle provinciale du fait du FCC et qui auraient décidé de le suivre dans sa dissidence, devraient avoir l’élégance d’en tirer les conséquences et de démissionner. On ne peut pas déclarer sortir du bain tout en prétendant y demeurer et continuer à profiter des vertus revigorantes de son eau.
Un fait est, pour Bahati, d’aller rencontrer le Premier ministre formateur du Gouvernement et de lui transmettre, ainsi qu’au chef de l’Etat, des courriers pour réclamer des postes ; un autre fait est que, sans le dire, il fait des appels du pieds à Joseph Kabila à travers des textos et autres messages par porteurs pur prétendre qu’il n’a pas de problème avec lui. Une manière assez maligne de tenter de tromper l’opinion pour faire croire qu’il demeure au sein du FCC.
La vérité est que Modeste Bahati Lukwebo a bien conscience d’avoir perdu tous les avantages politiques – car c’est bien de ceci qu’il s’agit – que lui conférait son appartenance au FCC, et devrait en assumer les conséquences pleinement et en toute responsabilité. Autrement, il se rendrait coupable d’un fâcheux précédent de malhonnêteté intellectuelle et d’indélicatesse politique. Et dans tous les cas, l’agitation dans les médias n’y ferait rien, puisque c’est lui-même qui a jeté les dés de son sort.
JEK