« Ils (Ndlr : les bembistes) se sont escrimés ces derniers temps pour rejeter tout apparentement de la subornation de témoins avec la corruption pour soutenir l’éligibilité de leur champion, mais cette agitation qui s’est emparée d’eux trahit leur embarras face à ce qui va arriver ». Constat d’un observateur sur l’attitude des bembistes depuis l’annonce de l’audience du 17 septembre prochain. Et notre interlocuteur d’ajouter : « les bembistes se sont longtemps menti à eux-mêmes et se réveillent aujourd’hui devant une réalité implacable : une peine va être prononcée pour parachever la procédure judiciaire pour laquelle JP Bemba a déjà été condamné ».
Jean-Pierre Bemba Gombo a rendez-vous avec son destin politique ce 17 septembre 2018. C’est, en effet, à cette date qu’il sera fixé sur son sort judiciaire qui devra mettre fin au débat sur ce qui pourrait en découler de sa candidature à la prochaine présidentielle. « La Chambre de première instance VII de la Cour pénale internationale a programmé une audience le 17 septembre 2018 (…) pour rendre sa décision sur les peines à l’encontre de M. Jean-Pierre Bemba Gombo, M. Aimé Kilolo Musamba et M. Jean-Jacques Mangenda Kabongo », a annoncé la CPI dans un communiqué rendu public mercredi 29 août.
Acquitté puis relaxé, après 10 années de procédures, des chefs d’accusation de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité en juin 2018, Jean-Pierre Bemba reste cependant poursuivi dans l’affaire de subornation de témoins. C’est cette affaire qui a vu sa candidature à la présidentielle invalidée par la CENI au terme de ses délibérations du 24 août dernier. Jean-Pierre Bemba a introduit son recours à la Cour constitutionnelle contre ce rejet.
Depuis l’annonce de la date du prononcé de la peine définitive contre Jean-Pierre Bemba, il s’observe une grande agitation dans les rangs de ses inconditionnels. Les plus actifs ici son Eve Bazaïba, Secrétaire général du MLC, et Andy Bemba, demi-frère de Jean-Pierre Bemba qui se distingue par une hyperactivité dans les réseaux sociaux.
Dans un premier temps, les bembistes se sont livrés à une intox en déformant le communiqué de la CPI sur la date du prononcé de la peine. Ils ont, en effet, voulu faire croire, tantôt, que JP Bemba avait été lavé de l’accusation de subornation de témoins, tantôt que l’affaire avait été renvoyée et que, donc, le dossier en appel est en suspens.
Par la suite, ils en sont venus à se convaincre et vouloir convaincre que quoi qu’il en soit, les jugements de la CPI ne sont jamais définitifs et que, selon l’article 81 des statuts de Rome instituant la CPI, il y a toujours possibilité d’aller perpétuellement en appel. Eve Bazaïba s’est particulièrement distinguée sur ce front.
Face à cette fébrilité qui s’est subitement emparée du camp Bemba, un observateur averti de la scène politique estime qu’en réalité « les bembistes se sont longtemps menti à eux-mêmes et se réveillent aujourd’hui devant une réalité implacable : une peine va être prononcée pour parachever la procédure judiciaire pour laquelle JP Bemba a déjà été condamné ». Exit les prétendues appels perpétuels.
Autre réalité : « ils (Ndlr : les bembistes) se sont escrimés ces derniers temps pour rejeter tout apparentement de la subornation de témoins avec la corruption pour soutenir l’éligibilité de leur champion, mais cette agitation qui s’est emparée d’eux trahit leur embarras face à ce qui va arriver ». Et notre interlocuteur de poursuivre : « les Jacques Ndjoli, Bazaïba et même Jean-Pierre Bemba lui-même ont voulu nous embarquer dans une subornation de l’opinion, mais là leur propre comportement les accusent et tend à laver la CENI de l’opprobre dont ils l’ont couverte ces derniers temps. Bref, la subornation de témoins va faire tomber Jean-Pierre Bemba même face à son propre recours ».
Pour rappel, à l’audience du 4 juillet 2018 à la CPI devant la chambre de première instance VII, Me Kweku Vanderpuye, Premier substitut de la Procureure Fatou Bensouda, avait requis « cinq ans d’emprisonnement et une amende conséquente » contre Jean-Pierre Bemba et ses coaccusés, tous reconnus coupables d’avoir « suborné 14 témoins ». Pour leur part, les avocats de Bemba et Cie avaient demandé à la Cour d’«ordonner la relaxe moyennant une amende raisonnable au profit du fond pour les victimes. »
C’est sur ces deux positions que la chambre de première instance VII avait pris l’affaire en délibéré pour trancher sur la peine définitive à infliger aux accusés qui avaient précédemment été reconnus coupables de subornation de témoins.
Hervé Kande