Le Président de la République s’est entretenu ce lundi 16 avril 2018 à la cité de l’Union Africaine avec les députés de la majorité autour de la situation sécuritaire qui prévaut à travers le pays. Pendant plus d’une heure, Joseph Kabila s’est attardé sur les différentes zones de conflit à travers le pays pour en faire le point, tout en soulignant que la situation est globalement sous contrôle sur l’ensemble du territoire national.
Dès l’entame de son propos, le Chef de l’Etat a insisté pour dire que cette situation sécuritaire a connu bien d’amélioration et n’est plus à comparer avec des situations d’il y a 20, 15 ou 5 ans. Évoquant la situation sécuritaire à l’Ouest du pays, le Commandant suprême des forces armées et de la police nationale a noté qu’elle est calme, malgré le banditisme urbain qui s’observe surtout dans la ville de Kinshasa. Il a attribué cette situation aux mesures d’amnistie qui ont vu libérés des criminels au nom de la cohésion nationale. Une situation due également à des évasions dont celle de la prison de Makala avec, notamment, le député Ne Muanda Nsemi qui avait lancé des attaques dans la ville de Kinshasa.
La situation est également stable au centre du pays après le phénomène Kamwina Nsapu, et cela malgré l’activisme de quelques récalcitrants qui poursuivent leur entreprise criminel. Joseph Kabila s’est dit soulagé du retour progressif des déplacés internes et externes, tout en observant le déroulement de l’enquête internationale. Et de regretter, tout de même, que le déploiement militaire n’ait pas pu s’effectuer plus tôt, suite à une mauvaise évaluation de la situation qui avait été minimisée.
Le Chef de l’Etat a engagé les députés nationaux à poursuivre la sensibilisation à la paix et la cohésion intercommunautaire au centre du pays après la conférence qu’il avait présidée à Kananga.
Abordant, la situation sécuritaire à l’Est du pays, Joseph Kabila a stigmatisé un certain nombre de phénomène qui, a-t-il indiqué, affaiblissent les efforts que les forces de sécurité fournissent pour en finir avec le terrorisme de l’ADF ainsi que les groupes armés qui pullulent dans cette partie du pays.
Il a ainsi noté, par exemple, la résurgence et la naissance de nouveaux groupes armés. Il a aussi stigmatisé la tendance d’une certaine opinion à rejeter cette situation à des groupes tribaux qui, eux, ont été reprochés de chercher à s’auto-défendre au point de disperser les efforts des forces armées face à la menace terroriste. Et Joseph Kabila d’interpeller son assistance en demandant aux députés et autres notabilités de s’impliquer dans les efforts de pacification, puisque l’armée ne peux pas tout faire seule.
Tout en se réjouissant de la prompte réaction qui a permis de maîtriser la situation en Ituri, le Président Kabila est revenu sur les contradictions de l’Est du pays, caractérisées par des suspicions entre communautés, la méconnaissance des sacrifices des forces armées, le rôle néfaste de l’élite politique et intellectuel locale qui sape l’image des forces armées et dénature la portée de ses efforts.
Par ailleurs, tout en leur demandant de descendre un jour sur les champs des opérations, Joseph Kabila a promis que les forces armées poursuivront leurs efforts jusqu’à l’anéantissement des terroristes de l’ADF et des milices locales.
Clôturant ce volet sécuritaire, le Chef de l’Etat a interpellé les députés sur leur rôle dans la mission parlementaire de contrôle. Faisant allusion à l’interpellation du ministre de la défense, il a attiré leur attention sur le fait qu’en matière sécuritaire, il y a des limites que l’on ne peut pas franchir, même au nom de la démocratie.
Pour le reste, Joseph Kabila a abordé d’autres sujets d’actualité comme le processus électoral qu’il a dit être sur la bonne voie. Il est revenu, notamment, sur la décision du gouvernement de financer l’entièreté des élections, expliquant que les interventions extérieures sont un cadeau empoisonné. Il est revenu, à ce sujet, sur des cas des élections précédentes qui avaient été affectées par des revirements de positions des partenaires extérieurs ; et cela avant d’assurer que le Gouvernement dispose des moyens pour prendre en charge l’ensemble des besoins des élections.
Il a également évoqué la question des experts indépendants qui devait être affectés à la CENI. Une idée qui a été rejetée pour préserver l’indépendance de la centrale électorale, d’autant que cela n’a jamais été le cas nulle part ailleurs.
Joseph Kabila a également abordé la dernière conférence de Genève sur la situation humanitaire en RDC. Il a réitéré la position du Gouvernement qui n’est pas d’accord avec ka démarche des humanitaires qui ont agi seuls et qui, depuis plusieurs années, collectent des fonds qu’ils gèrent seuls sans avoir à se justifier auprès de qui que ce soit. L’Etat congolais a décidé de prendre en charge la réinsertion des déplacés avec un fonds de 100 millions de dollars.
Concernant, enfin, la question de la double nationalité, le Président de la République a brandi sa position qui est de défendre la Constitution. Il a indiqué que le moratoire décrété à l’Assemblée nationale ne se basait sur aucun soubassement légal. Et à ceux qui soutiennent cette option de la double nationalité, Joseph Kabila leur a dit que la seule façon pour l’instaurer c’est de changer la Constitution.
Yvon RAMAZANI