SANTE/EBOLA : OLY ILUNGA ACCUSE ET DÉMISSIONNE

Confiscation des compétences du Ministre sur la riposte anti-Ebola en son absence et à son insu, introduction d’un nouveau vaccin encore sous expérimentation, cacophonie dans la chaîne de commandement de la riposte, etc., le ministre de la santé, qui n’avait plus qu’Ebola comme activité en cette période d’expédition des affaires courantes, n’en pouvait plus du souk qui envahit la riposte anti-Ebola : il a décidé de rendre le tablier.

Oly Ilunga Kalenga a adressé, ce lundi 22 juillet 2019 au Président de la République, sa lettre de démission de ses fonctions de ministre de la Santé. Dans cette missive qui fait déjà un buzz dans les réseaux sociaux, le désormais ex-ministre de la santé justifie sa démission par une série de faits pour le moins gravissimes en rapport avec la riposte contrer la Maladie à virus Ebola (MVE).

Tout part, selon la logique de Oly Ilunga, de la décision du Chef de l’Etat, à travers une annonce de son directeur de cabinet le 20 juillet 2019, de placer la conduite de cette riposte sous son autorité directe « par le truchement d’un Secrétariat technique qui a reçu la mission de coordonner l’ensemble des activités de la riposte », ce qui, pour Ilunga vide ses fonctions de tout contenu en cette période de concentration sur la lutte contre cette épidémie. Mais, Oly Ilunga déplore les irrégularités qui ont entaché la mise en place du Secrétariat technique de la riposte à la MVE par un décret du Premier ministre antidaté au 18 mai 2019, et contresigné à son insu par le ministre qui assurant son intérim pendant qu’il se trouvait en mission de supervision de la riposte à Goma.

Plus encore, le désormais ex-ministre de la Santé déplore que « la composition de ce comité, dont les membres ont pris ces derniers mois des initiatives ayant suscité des interférences dans la conduite de la riposte, ne reflète pas la multisectorialité nécessaire à la gestion de la crise sanitaire en cours ».

Par ailleurs, Oly Ilunga dénonce l’utilisation d’un nouveau vaccin dans le cadre de la riposte, un vaccin qui, selon lui, serait introduit au terme de fortes pressions extérieures pour une nouvelle expérimentation en RDC, alors que le vaccin utilisé jusque-là est, selon Ilunga, « le seul qui a démontré son efficacité et qui donne une protection immunitaire en 10 jours ». Et de conclure qu’il est « illusoire de croire que le nouveau vaccin (à deux doses administrés à 56 jours d’intervalle), proposé par des acteurs qui ont fait preuve d’un manque d’éthique manifeste en cachant volontairement des informations importantes aux autorités sanitaires, puisse avoir une incidence déterminante sur le contrôle de l’épidémie en cours ».

Face à cette sorte de confusion qu’il dénonce dans le dispositif de riposte anti-Ebola, Oly Ilunga prévient qu’il est « indispensable que le Gouvernement fasse preuve de leadership et de cohérence dans le dialogue stratégique avec les partenaires et les options prises en rapport avec la riposte ». Pour lui, en effet, « les lignes de commandement doivent être clairement identifiées et définies », ce qu’il pense ne pas percevoir dans le nouveau dispositif mis en place à son insu et en son absence.

Et Oly Ilunga le signifie indirectement lorsqu’il prévient qu’il ne peut y avoir « plusieurs centres de décision au risque de créer des confusions et une cacophonie préjudiciables pour la riposte. L’unicité dans la gestion d’une telle riposte répond ainsi au triple impératif de l’efficacité, de la cohérence des décisions prises et de la redevabilité ».

Ainsi donc, dans le souci d’anticiper « la cacophonie préjudiciable à la riposte qui découlera inévitablement de cette décision (du chef de l’Etat de placer la riposte sous sa supervision directe), Oly Ilunga a décidé de rendre son tablier. Une décision qui va certainement provoquer un séisme dans ce secteur en ce moment de fortes pressions occidentales pour faire de cette urgence sanitaire une urgence humanitaire qui impliquera des levées de fonds pour lesquels tous les prédateurs sont tout ouïe. Un nième scandale lié à la Présidence de la République et dont le pays n’a pas du tout besoin…

Pour rappel, le Dr Oly Ilunga, membre de l’Udps/Bruxelles, a longtemps été médecin privé de feu Etienne Tshisekedi. Leurs relations se dégradent lorsqu’Ilunga décide d’intégrer le gouvernement issu des négociations de la cité de l’Union africaine. Avant cela, il était l’un des négociateurs politiques du parti tshisekediste.

JEK

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