RDC/OPPOSITION : QUITTE OU DOUBLE POUR « LAMUKA » A BRUXELLES

Dans son processus de transformation, le groupe ayant porté la candidature de Fayulu doit faire face à une course au leadership entre Bemba et Katumbi pour le poste de porte-parole de l’opposition. Une lutte qui risque d’avoir raison de la cohésion de cette plate-forme face à l’incapacité de l’opposition de régler cette querelle de leadership depuis 2007, soit 12 années durant.

Les leaders de la plate-forme de l’opposition « Lamuka » se réunissent à Bruxelles pour décider du sort de ce regroupement autrefois électoral et qui doit devenir une plate-forme politique pour faire face aux nouveaux enjeux. Lors de la précédente réunion tenue le 23 mars dans la capitale belge, Martin Fayulu, Jean-Pierre Bemba, Freddy Matungulu, Adolphe Muzito et un représentant de Moïse Katumbi – qui s’était absenté – avaient convenu de la formation d’une équipe de travail qui devait préparer des propositions pour ce faire.

Cependant, le 23 mars comme aujourd’hui, l’opinion ne se fait aucune illusion quant au vrai enjeu de cette transformation qui ne serait qu’un prétexte pour les sociétaires de « Lamuka » qui, en réalité, doivent débattre sur la désignation – enfin – d’un porte-parole de l’opposition. C’est depuis 2007, en effet, qu’à la faveur de la loi portant statut de l’opposition, celle-ci est incapable de se désigner ce porte-parole. Pendant longtemps, soit lors des législatures de 2006 et 2011, cette désignation semblait se bloquer du fait de l’absence de JP Bemba, alors incarcéré à la haye (CPI), que son parti, le MLC, tenait à proposer (imposer ?) à ces fonctions.

Le parti bembiste se faisait fort de son poids politique avec le nombre de ses députés nationaux et provinciaux ainsi que ses sénateurs. Aujourd’hui, la configuration de l’opposition demeure pratiquement la même avec le MLC, parti politique, en pole position face à des regroupements politiques d’obédience majoritairement katumbistes et aux autres groupes carrément résiduels, respectivement de Fayulu, Matungulu et Muzito. Le débat latent au sein de « Lamuka » voudrait que logiquement, ce soit le MLC, vu son poids politique, qui donne le porte-parole ; mais la constellation katumbiste exprime aussi des prétentions au regard de son poids arithmétique (8 regroupements représentant une cinquantaine de partis politiques) derrière la personne de Moïse Katumbi qui n’a pas de parti politique.

La course au leadership se cristallise ainsi autour de bemba et Katumbi, tandis que Martin Fayulu appartient déjà au passé. En effet, plusieurs sociétaires de « Lamuka », notamment les Christophe Lutundula (G7) et Delly Sesanga (AR) qui considéraient que la page des élections est passée, celle-là même pour laquelle la plate-forme avait choisi Fayulu comme candidat (porte-parole selon Muzito) à la présidence dont l’élection est passée.

A Bruxelles donc, « Lamuka » joue son quitte ou double comme groupe politique face à la gestion des ambitions autour de son leadership. Une gestion des ambitions qui a toujours été le ventre mou de l’opposition. Comme indiqué dans notre précédent article sur le même sujet, « Bemba et Katumbi apparaissent clairement comme des libéraux à tendance capitaliste, contrairement au reste de la troupe qui se réclame majoritairement de la social-démocratie. Pour les analystes, tout pourrait se jouer avec l’influence des lobbies politico-affairistes occidentaux qui soutiennent la plate-forme « Lamuka » et ses ambitions de mainmise sur le pouvoir en RDC afin d’influencer les décisions en faveur de leurs visées tout aussi affairistes. Vu sous cet angle, le poste de porte-parole de l’opposition prend une nouvelle épaisseur lorsque l’on sait qu’en se structurant autour de celui-ci (le poste de porte-parole), cette opposition devrait pouvoir agir au sein des institutions à travers le Parlement comme ce contrepoids longtemps attendu.

JEK

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