Après avoir été italien pendant 17 ans, l’ancien Gouv’ du Katanga se trouve buté à deux obstacles dans ses ambitions présidentielles : il doit introduire une demande en recouvrement de la nationalité congolaise. Mais, même alors, il ne saura pas aller plus loin, puisque la Constitution exige d’un présidentiable de « posséder la nationalité congolaise d’origine » et non celle « recouvrée »…
« Ensemble pour nulle part » ! Moïse Katumbi Chapwe ne prendra pas le départ pour la prochaine présidentielle. Adoubé comme candidat de la nouvelle plate-forme électorale qu’il vient de se confectionner en Afrique du Sud, l’ancien Gouv’ de l’ex-Katanga est pris dans la trappe de la nationalité. Les rumeurs, interrogations et autres documents qui couraient viennent d’être confirmés par notre confrère Jeune Afrique dans sa version en ligne : pendant 17 ans, Moïse Katumbi avait la nationalité congolaise.
« Le nom de l’un des principaux opposants au président Joseph Kabila apparaît dans le registre de l’état-civil de la mairie de San Vito dei Normanni, une petite ville de 20.000 habitants située dans le sud de l’Italie », révèle Jeune Afrique qui précise, après avoir contacté les autorités compétentes de San Vito dei Normanni : « la municipalité confirme que l’opposant – qui a choisi le nom de Moïse Katumbi d’Agnano lors de sa demande de naturalisation – a acquis la nationalité italienne le 3 octobre 2000, avant d’y renoncer le 13 janvier 2017 ». Pas d’erreur donc sur la personne puisque (…) « l’homme figurant dans le registre est né le 28 décembre 1964, tout comme l’ancien gouverneur du Katanga ».
Dans tous les cas, insiste le confrère pour dissiper tout équivoque, la municipalité n’a rien omis dans sa réponse à la requête de Jeune Afrique : « Suite à votre demande, nous vous informons que, dans les actes d’état-civil de la mairie, il résulte ce qui suit :
– M. Moïse Katumbi d’Agnano :
a acquis la nationalité italienne le 03/10/2000
a perdu la nationalité italienne le 13/01/2017 ».
L’oracle de congovirtuel.org
Sans appel ! Exit donc toutes les dénégations des lieutenants de Katumbi qui, pour faire diversion, en sont arrivés jusqu’à menacer de secouer le nid d’abeilles (Pierre Lumbi), éventrer le boa (Gabriel Kyungu) ou ouvrir la boîte de Pandore (Francis kalombo). Comme l’indiquait congovirtuel.org dans trois de ses précédents articles sur le sujet, Moïse Katumbi vainement tenté de tromper les Congolais dans le seul but d’assouvir ses ambitions personnelles, et ce n’est pas en envoyant l’opinion dans les roses que l’on répondait à la question centrale qu’était sa nationalité.
NATIONALITÉ : REVELATIONS DE FRANCIS KALOMBO SUR LE PASSEPORT DE KATUMBI
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NATIONALITÉ : CROYANT LE DÉDOUANER, LUMBI ACCABLE KATUMBI
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MOISE KATUMBI EN DIFFICULTÉ AVEC LA NATIONALITÉ CONGOLAISE
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Quant à savoir s’il pourrait y avoir une implication en termes de responsabilité sur cette révélation confirmée par rapport aux alliances politiques antérieures de Katumbi, il faudrait bien comprendre qu’on se situe ici sur une matière purement juridique sans aucun rapport avec les deals politiques collectif sur la question de nationalité de certains acteurs politiques tel que cela avait été abordé en 2007 à la suite d’une motion du député José Makila à l’Assemblée nationale. Mais en dehors de cela, il faut noter que Katumbi avait fait ses choix de nationalité longtemps avant même qu’il n’embrasse la carrière politique et qu’il ne noue des relations avec de nouveaux partenaires, lui qui évoluait dans les milieux des affaires où la pratique de multiplicité des nationalités est plutôt courante. Dans tous les cas, personne ne saura établir aujourd’hui que Katumbi avait été sincère avec ses nouveaux partenaires politiques pour faire état de ces pratiques qu’il partageait. Tout simplement parce que, manifestement, il n’avait pas cru nécessaire de saisir la portée de son nouveau statut de politicien pour pouvoir en tirer toutes les conséquences, surtout lorsque, l’appétit venant en mangeant, il s’est mis à nourrir des ambitions.
Aujourd’hui, les gaz sont désormais coupés et Katumbi devra oublier ses ambitions parce que malgré la renonciation à sa nationalité italienne, cela ne lui re-procure pas automatiquement la nationalité congolaise. La loi sur la nationalité en RDC lui impose, en son article 34, d’entreprendre une démarche auprès du ministère de la Justice pour recouvrer cette nationalité. Mais, même alors, il est buté à l’obstacle de la Constitution qui, en son article 72, exige à tout candidat à la Présidence de « posséder la nationalité congolaise d’origine ». Or, une nationalité recouvrée n’est pas (ou n’est plus) une nationalité d’origine.
Pascal Debré Mpoko