« Félix Tshisekedi a tout intérêt à travailler avec ses collaborateurs d’hier de l’opposition, qui sont encore là. Je pense qu’il commettrait une grosse erreur s’il tourne le dos à ses amis d’hier. Ça le fragiliserait vis-à-vis de son allié au sein du pouvoir actuel, le FCC ». Voilà une autre manière proposée par Mgr Fridolin Ambongo à Félix Tshisekedi, dans une interview exclusive accordée à la radio Vatican le mercredi 3 juillet 2019 pour débarrasser le pays d’anciens dignitaires de Joseph Kabila. Il répondait à la question : « Pour aider le nouveau président, les évêques ont-ils des idées pour débarrasser le pays de l’ancien système que vous venez d’énumérer pour aider le nouveau président à avoir les mains libres ? »
La question déjà contient un piège « …aider le président à avoir les mains libres… ». Elle suppose vraies toutes les fausses déclarations des Congolais comme des étrangers qui estiment que Félix Tshisekedi n’a pas les mains libres pour diriger la RDC. Des accusations basées sur la mauvaise compréhension ou l’ignorance des mécanismes constitutionnels au cas où le chef de l’Etat ne dispose pas d’une majorité parlementaire et que celle-ci est détenue par une famille politique autre que celle du chef de l’Etat. Des mécanismes qui définissent un cas de cohabitation et où, tenant compte aussi du régime semi-présidentiel du pays, le chef de l’Etat est limité à ses seules attributions, compétences et prérogatives constitutionnelles.
Ainsi, même si c’est lui qui nomme le Premier ministre, le Chef de l’Etat ne peut, en outre, ne nommer que les ministres des ministères de souveraineté et les autres catégories des animateurs des institutions énumérées par la Constitution aux articles 81 et 82.
Le chef de l’Et est tout à fait libre de nommer aux postes cités dans ces articles, les cadres de son choix ou de sa convenance. Mais le contexte qui est celui de la formation du gouvernement qui tarde et l’esprit du message de Mgr Fridolin Ambongo sont tels qu’il voudrait que Félix Tshisekedi viole la Constitution en nommant aux ministères, autres que ceux de souveraineté, les opposants qui ne sont pas du CACH, c’est-à-dire ceux de Lamuka en l’occurrence JP Bemba, Martin Fayulu, Katumbi, Adolphe Muzito, Freddy Matungulu, etc. Ayant promis lors de sa campagne qu’en cas de victoire il travaillerait avec tout le monde, Félix Tshisekedi est libre de nommer ces figures où il veut et si elles acceptent, tout en respectant les articles 81 et 82 de la Constitution.
Mais ces amis de Fatshi ne l’ont été qu’avant la formation de Lamuka le 11 novembre 2018. Après cet épisode, Fatshi et V. Kamerhe, pour avoir été rebutés, ont formé leur coalition qui a gagné la présidentielle du 30 décembre 2018. Normalement, ces amis peuvent constituer l’opposition et aider à baliser la bonne gouvernance du pays. Mais quand Mgr Fridolin veut les voir œuvrer dans les institutions pour aider Fatshi à faire le contrepoids face au FCC, Mgr Fridolin a manifestement derrière sa tête une autre idée.
Lamuka a perdu la présidentielle, une contreperformance synonyme de la non-applaication de l’agenda des lobbies miniers ainsi que des officiels et régimes occidentaux opposés à l’application du code minier de mars 2018 et enclins au contrôle impérialiste de la RDC. Après la contestation stérile des résultats de la présidentielle en faveur de Martin Fayulu par la CENCO, celle-ci s’est résigné devant l’effectivité du pouvoir présidentiel détenu par celui qui a été rejeté, Félix Tshisekedi. Sans doute que Mgr Fridolin Ambongo a voulu à sa façon plaidé pour que les recrues des impérialistes et lobbies miniers occidentaux aient part au pouvoir pour réaliser l’agenda occidental en RDC sous Fatshi. La coalition FCC-CACH étant vu du mauvais œil car, selon le discours de Joseph Kabila du 23 janvier 2019, cette coalition préconise l’union des Congolais contre l’impérialisme occidental en RDC quand Joseph Kabila dit :
« Une coalition contre les forces prédatrices qui se sont liguées et qui tenteront toujours de se liguer pour s’accaparer de nos ressources naturelles sans contrepartie pour nos enfants. Coalition pour défendre, y compris au prix du sacrifice suprême, l’indépendance, la souveraineté et l’intégrité territoriale de notre pays. Coalition pour une prospérité partagée et une cohésion nationale chaque jour renforcée. Coalition pour parfaire les chantiers en cours et en ouvrir d’autres plus ambitieux dans le domaine des infrastructures, du développement agricole, de la transformation locales de nos ressources naturelles, du renforcement de notre leadership sur le continent et sur le marché mondial des minerais stratégiques. Bref une coalition pour un Congo fort et prospère »
Samy BOSONGO