Les Kinois se sont réveillés ce mercredi à Kinshasa sous un climat de terreur. A la base, les manifestations violentes perpétrées par les militants de l’Udps réclamant le retrait des propositions de loi des députés Minaku et Sakata. Partis principalement du siège de l’Udps à Limete, les manifestants, à pieds et à motos, sont allés se masser aux abords du Palais du peuple où ils ont interdits tout accès.
Outre des pneus qu’ils brulaient sur les chaussées ceinturant la bâtisse chinoise, ces manifestants ont érigé des barrières sur certains axes où ils contrôlaient les véhicules, principalement les jeeps, et même les moyens de transport. Recherchant les députés, ils exigeaient aux passagers de brandir leurs pièces d’identité.
Vers le milieu de la matinée, les assaillants ont franchi l’enceinte du Palais du peuple et se sont engagés vers le bâtiment avec l’intention manifeste d’y accéder. La police est parvenue à les repousser près de 30 minutes plus tard après des coups de gaz lacrymogènes. Une partie de celle-ci s’est déployée dans la ville à la recherche des résidences des cadres du FCC tenus responsables des lois qu’ils rejettent. La maison du journaliste Jean-Marie Kasamba de Télé 50, chaîne proche de Joseph Kabila, a essuyé des jets de pierres des assaillants qui ont tenté en vain d’y accéder. Quelques véhicules dans la cour ont eu des vitres cassées.
Pendant ce temps, un autre groupe circulait à la recherche de la résidence de Ramazani Shadary, Secrétaire permanent du PPRD, mais sans succès. Son immeuble à Lingwala a quand même été attaqué.
D’autres manifestants ont saccagé et pillé une salle de fête présentée comme propriété de André Kimbuta. Des appartements de Ngoyi Kasanji en location ont également été vandalisés.
La croisade concoctée et lancée du siège de l’Udps
Depuis les premières heures de la matinée, les passants ont ramassé des tracts appelant la population à descendre dans la rue et manifester jusqu’à la fermeture de l’Assemblée nationale. « Les sorciers du FCC veulent se jouer du peuple. Le sorcier Aubin Minaku ennemi de la justice congolaise veut détruire l’Etat de droit pour lequel tous nous combattons pour une mauvaise proposition des lois au Parlement », pouvait-on lire sur ces tracts. Ceux-ci mentionnaient encore : « Nous tous descendons le mercredi 24 juin 2020 dans la rue jusqu’à ce qu’ils partent. J’accepte d’être victime de la covid-19 que de vivre avec les sorciers du FCC ».
C’est vers 7 heures qu’une colonne est partie du siège de l’Udps où s’était tenue une veillée d’armes avec des pneus brûlés sur le petit boulevard et le boulevard Lumumba. Une colonne impressionnante de manifestants pédestres et motorisés s’est alors ébranlée vers Lingwala. Au pas de course, ils scandaient des chansons hostiles au FCC et des slogans de détermination d’aller jusqu’à la mort.
La police, qui est intervenue plus tard malgré l’alerte des manifestations de la veille, a eu du mal à repousser la foule au Palais du peuple. Dans une conversation de la police diffusée dans les réseaux sociaux, l’on perçoit une sorte de contradictions dans les rapports entre responsables sur la conduite à tenir dans cette situation. Sylvano Kasongo, Inspecteur provincial de la PNC/Kinshasa a fini par mouvementer ses hommes sur terrain.
Pour autant, nombre d’observateurs se sont interrogés sur cette lourdeur perçue dans le chef des éléments de la police ces dernières 48 heures. Deux semaines plus tôt, cette même police s’était pourtant montrée aussi prompte, agile qu’intrépide pour boucler le même Palais du peuple et empêcher les mêmes députés nationaux d’y accéder.
Enfin, depuis le début de ces manifestions mardi, aucun responsable de l’Udps n’a fait de déclaration, notamment pour calmer les manifestants. Lundi dans une déclaration de son secrétaire général Augustin Katumbi, le parti présidentiel avait promis de lever la « majoritaire populaire » pour barrer la route aux propositions de lois de Minaku et Sakata.
JEK