L’OPPOSITION PAS CHAUDE POUR LES ELECTIONS

Alors que la CENI demeure ferme quant à son engagement à respecter les échéances électorales et que la majorité ne fait plus mystère de son engagement pour les élections, l’opposition multiplie des réclamations, des accusations et des soupçons qui résonnent plutôt qu’une volonté voilée de ne pas aller aux élections, du moins pas en décembre 2018.

Corneille Nanga est ferme : les élections auront lieu le 23 décembre 2018. Mais il pose deux préalables : que le Gouvernement lui donne l’argent nécessaire et que le Parlement lui produise les lois essentielles. Deux des cinq contraintes qui étaient partagées par la classe politique afin que se tiennent les élections, et dans les meilleurs délais.

Depuis lors, c’est-à-dire au sortir des négociations politiques en décembre 2016 et quelques mois plus loin avec les tiraillements autour de l’arrangement particulier, chacun s’était mis à sa tâche et chaque jour qui passe en rajoute aux convictions quant à l’effectivité de l’échéance de fin décembre. Pas pour tout le monde, car des voix discordantes se font des plus en plus entendre et qui semble indiquer que ce n’est pas tout le monde qui a vraiment envie d’aller aux élections. Si, dans la majorité, la détermination ne fait plus l’ombre de doute au point qu’une certaine opinion accuse cette famille politique d’avoir déjà engagé sa campagne électorale – ais avec quels candidats -, les signaux dominants s’allument autour des réticences avérées, même si, dans la plupart des cas, ces réticents se projettent sur la majorité pour l’accuser, elle, de ne pas vouloir des élections.

Dans le camp de l’opposition, en effet, le discours de base est demeuré le même qu’avant les accords politiques. Pire encore, cette opposition en rajoute aux plaintes et complaintes qui résonnent de plus en plus comme des prétextes pour ne pas aller aux élections ou, plus concret encore, pour éviter que les élections ne se tiennent à la date voulue.

D’une part, l’opposition s’oppose à l’utilisation de la machine à voter en développant des arguments qui sont tous éventés par les faits. A la place, cette opposition insiste que l’on revienne au bon vieux bulletin de vote, mais personne ne trouve utile d’accompagner cette exigence d’une étude de faisabilité pouvant rassurer, d’une part, quant à la disponibilité des moyens financiers dont la carence avait justement justifié le choix de la machine à voter, et, d’autre part, quant à l’économie de temps pour la production de ces bulletins dans le temps qui reste imparti. Pourtant cette même opposition déborde de génie quand il s’agit de diaboliser cette solution qu’est la machine à voter jusqu’à aller chercher des arguments en Irak où le même matos aurait connu des pannes.

Mais sur ce sujet, le Président de la Ceni est clair : s’il faut revenir au bulletin papier, alors il faudra renvoyer les élections en juillet 2019. Encore qu’il faudra trouver les financements nécessaires pour produire ces bulletins. Et depuis que Nangaa a déclaré cela, ses propos sont retournés contre lui pour l’accuser de faire une fuite en avant au motif qu’il aurait déjà arrêté de ne pas tenir les élections en décembre 2018.

Ensuite, au lieu de se concentrer sur sa préparation aux élections, l’opposition n’a des yeux rivés que sur la majorité de qui elle exige de présenter son candidat à la présidentielle comme si cela était une obligation. Le silence de la majorité pousse jusqu’à l’énervement pendant que cette même opposition semble s’arroger le droit de récuser éventuellement une candidature d’en face tout en s’érigeant en gardien-sorcier de la Constitution dont elle se réclame le seul exégète.

Pendant ce temps, une frange de cette opposition, « Ensemble », s’accroche à un épiphénomène qui ne la conduira nulle part. Tout le monde sait pertinemment bien que juridiquement Moïse Katumbi est non partant pour les élections en raison des libertés qu’il avait prises avec la nationalité congolaise. Cette même plate-forme est en difficulté avec la loi en ce que, non seulement elle a vu le jour en dehors du territoire national – ce qui est interdit par la loi -, mais aussi elle ne s’est pas fait identifier et enregistrer à temps pour pouvoir participer à la compétition électorale. Le moment venu, et c’est déjà le cas, cette frange de l’opposition criera très fort à l’exclusion pour justifier son choix de la lutte armée pour accéder au pouvoir.

Retour sur la CENI, l’Udps se singularise dans ses revendications en s’accrochant sur l’exclusion de Jean-Pierre Kalamba du bureau de la centrale électorale afin d’y caser un autre fidèle. Pourtant le délai de ce remplacement, qui était de 15 jours à dater de la signature de l’accord de la Saint Sylvestre, est largement forclos.

La vérité est donc claire : l’opposition dans son ensemble et sa diversité n’a vraiment pas besoin d’aller aux élections, du moins pas le 23 décembre. Depuis le déclenchement du processus électoral, elle n’a jamais été du moindre apport constructif, sinon la multiplication des contestations et des réclamations dont certains, comme la machine à voter ou une transition sans Kabila, ne sont de nature qu’à repousser cette échéance aux calendes grecques.

YR

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