Congovirtuel.org a de nouveau approché un membre de la CENI pour de plus amples éclairages sur la polémique qui tend à enfler sur les déclarations de l’Ambassadeur sud-coréen dans Jeune Afrique sur la machine à voter. Jean-Baptiste Itipo, Directeur de la communication de la CENI, déclare, dans l’interview ci-dessous, que les marchés de matériels électoraux passés par la centrale électorale n’ont aucun rapport avec des positions politiques ou diplomatique, et moins encore avec des rapports d’Etat à Etat. De même, il dément l’information faisant état de la rupture, par l’Association mondiale des commissions électorales avec la CENI tout en confirmant que la machine à voter est bel et bien une invention congolaise.
Q : Jeune Afrique a publié une information indiquant que le Gouvernement sud-coréen aurait décommandé à la CENI l’utilisation de la machine à voter, sous risque de fraude. Quelle est la réaction de la CENI à c e sujet ?
R : Le premier élément à comprendre c’est que l’opinion doit comprendre que la CENI dispose des prérogatives constitutionnelles qui lui sont reconnues, notamment en l’article 211 de la Constitution qui stipule que « la commission électorale nationale indépendante est chargée du processus électoral, des opérations de vote, du dépouillement et de tout référendum. » Par conséquent, l’acquisition de matériels électoraux relève de la seule compétence de la CENI conformément aux prérogatives lui reconnues par la Constitution. De deux, la CENI rappelle qu’en 2006 et 2011, et pour les prochains scrutins, les choix des fournisseurs n’ont aucunement été influencés par des décisions politiques d’Etat à Etat, mais plutôt sur base de l’expertise et du cahier des charges défini par la CENI. Ainsi, le marché conclu entre la CENI/RDC et l’entreprise sud-coréenne n’est pas un marché d’Etat à Etat, et si vous regardez dans le communiqué qu’on attribue au Gouvernement sud-coréen, celui-ci dit qu’il ne dispose pas des moyens légaux pour arrêter un marché déjà conclu avec un partenaire extérieur. Aussi, toute prise de position diplomatique d’un quelconque Etat sur les contrats signés avec la CENI ne peut influer sur les décisions prises avec les entreprises.
Q : Le même article parle aussi de l’association mondiale des organes de gestion des élections qui aurait rompu sa collaboration avec la CENI. Qu’en est-il exactement ?
R : A-WEB est effectivement une association des commissions électorales à travers le monde et la CENI en est membre, jusqu’à preuve du contraire et continue à bénéficier de ses appuis divers, notamment dans le domaine de la formation, et dans le domaine technique et, d’ailleurs, nous avons reçu récemment de cette association, qui est présidée par la Corée du Sud, un appui en matériels. Il y a des collègues qui vont régulièrement en formation en Corée du Sud. Moi-même j’y ai été à deux reprises, une fois par A-WEB et une autre fois par une autre structure.
Q : La machine à voter est présentée comme une invention sud-coréenne contrairement à ce qu’affirme toujours la CENI. Votre réaction à ce sujet ?
R : La CENI a toujours dit clairement que l’intelligence artificielle pour la production de cette machine est une intelligence congolaise, mais ne disposant pas d’entreprises qui produisent des ordinateurs, ce sont les Coréens qui ont transformé le logiciel congolais en termes de ce que nous voyons aujourd’hui comme machine à voter. Ne pas le reconnaître au peuple congolais relèverait vraiment d’une malhonnêteté. L’utilisation de la machine à voter est le seul moyen qui va nous permettre de réduire le coût des élections et de respecter les délais calendaires pour la tenue des trois scrutins combinés le 23 décembre 2018.
Propos recueillis par Liévin LUZOLO
(BSC Tv/congocirtuel.org)